Mis bas par les chevrettes dans les hautes herbes des prairies situées en bordure de forêt, les petits faons sont protégés des prédateurs grâce au fait qu’ils soient inodores et immobiles. C’est malheureusement cet instinct de survie, leur commandant de ne pas bouger en cas de danger, qui leur est fatal lors de la fauche des prairies. Chaque année, plus de 1500 faons, meurent en Suisse durant leur premier mois de vie, tués ou atrocement mutilés par les faucheuses des agriculteurs pendant la période des foins de mai à juillet.///

Face à cette situation, des associations de bénévoles se sont créées depuis quelques années en Suisse et à l’étranger, avec comme mission de sauver les faons pendant la période des mises bas grâce à un travail en équipe entre les agriculteurs, les pilotes de drones et les accompagnateurs. En effet, les méthodes traditionnelles de détection des faons ont fait place à des techniques beaucoup plus efficaces utilisant des drones munis de caméras thermiques qui permettent de balayer les prairies « à risque » en un temps record.

A Genève, les agriculteurs ont la possibilité de consulter le niveau de risque de leur parcelle sur la carte interactive du site de l’association “Sauvetage Faons Genève” et de contacter par téléphone la veille de la fauche le pilote responsable de leur région. Les bénévoles programment ensuite les drones en fonction des parcelles, obtiennent le feu vert de l’aéroport pour survoler les prairies situées dans une zone de 5 km et mobilisent l’équipe. Les vols doivent être réalisés entre 5 et 8 heures du matin afin que l’image de la console ne soit pas perturbée par les rayons du soleil et en raison de la différence thermique qui permet de localiser les faons en les faisant apparaître sur l’écran sous forme de taches claires.

Les personnes sur le terrain sont alors guidées par radio afin de parvenir à l'emplacement précis du faon détecté par le drone. Suivant la proximité de la forêt, le faon peut être soit déplacé en lisière avec beaucoup de précautions, soit sécurisé sous une caisse en bois renversée dont la position sera signalée par un drapeau. L’agriculteur peut ainsi faucher sans risque pour le faon et enlever la caisse une fois le travail terminé, le faon restant toujours immobile. Il ne doit jamais être touché à mains nues, afin de ne pas lui transmettre une odeur corporelle qui entrainerait l'abandon par sa mère.

En cas d’accidents, les conséquences sanitaires peuvent être graves pour le bétail car le fourrage en contact avec la chair animale avariée risque de produire une intoxication (botulisme) souvent fatale chez les animaux de rente. Malgré cela, bien que les agriculteurs soient de plus en plus nombreux à contacter les associations, ils sont encore minoritaires à solliciter leurs services. Ceci peut s’expliquer par les multiples paramètres à prendre déjà en compte pour organiser la fauche, tels que la météo, la location ou le partage des machines, etc., ainsi que par l’éventuelle difficulté à adopter de nouvelles habitudes.

Hélène Parini, coordinatrice de “Sauvetage Faons Genève”, explique: « Nous essayons de nous intégrer au mieux dans le quotidien des agriculteurs, sans que notre intervention devienne un poids. Le système mis en place a déjà porté ses fruits et nous espérons, d’année en année, une plus forte participation des agriculteurs au service que nous proposons gratuitement ».

Dans le cas où vous seriez tenté par le sauvetage des faons, l’association forme régulièrement des bénévoles motivés et en bonne forme physique qui n’ont pas peur d’être sur le terrain dès 5 heures du matin pour assister les pilotes de drones. En récompense, vous aurez l’occasion de travailler en équipe avec des personnes passionnées de nature, de vivre de belles expériences dans un magnifique environnement et surtout de ressentir la satisfaction d’avoir épargné une mort terrible à ces précieux animaux.

Fiona Blum

Pour plus d’informations: www.sauvetage-faons-geneve.com