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18.01.2025 par MG
num.345 février 2025 p.09
Guerre d'influence entre citoyens et instances politiques

Dans le monde entier, on assiste à un glissement vers les partis de droite. Dans certains pays, souvent en raison de cette influence, il y a des désaccords entre les politiciens (le parlement) et les citoyens. Dans les cas extrêmes, ces derniers n'ont pas d'autre choix que de manifester, parfois au risque de sanctions extrêmes.
En Suisse, la règle est que le peuple a raison. Les citoyens peuvent soumettre des initiatives qui, si elles sont acceptées en votation, obligent les parlement et gouvernement à les appliquer, même s'ils étaient contre. Comment réagissent alors les vaincus ? Certains acceptent la défaite loyalement. Toutefois, d'autres, par des méthodes subtiles, essayent de "modifier" les objectifs des textes validés.
En novembre 2019, l'initiative pour un pilotage démocratique de l'aéroport de Genève a été acceptée et le contre-projet soutenu par le pouvoir rejeté. Où en est-on aujourd'hui ?
Avant, l'aéroport publiait des rapports mensuels détaillant les valeurs de bruit enregistrées à divers endroits de son infrastructure. Ils se nommaient "relevé des nuisances sonores". Par la suite, le mot "nuisances" a été remplacé par le mot "niveaux". Lorsque le logiciel des microphones a été remplacé, ces publications ont disparu.
Pendant de nombreuses années, la Commission Consultative CCLNTA existait. Les PV de ses réunions, une fois approuvés, étaient publics. Toutefois, après l'initiative, cette instance a été rebaptisée Commission consultative pour l'accompagnement de l'évolution de la plate-forme aéroportuaire (CCAEPA). Elle a aussi été rendue officielle avec pour conséquence que ses membres sont soumis au secret de fonction et ses documents ou procès-verbaux inaccessibles.
Lorsque l'aéroport a présenté ses plans d'avenir (contre lesquels un recours a été déposé auprès du Tribunal Fédéral Administratif), il a proposé d'installer un système de quotas destiné à réduire le bruit (mais pas nécessairement le nombre) de vols. Les arrivées programmées en fin d'après-midi, provoquant des départs après 22 heures, seraient concernées.
Lors d'une intervention à la radio, un représentant de l'aéroport a expliqué que chaque avion se verra attribuer une valeur de points de bruit. Par exemple, un Airbus A320 standard vaudra 1, alors qu'un A320 NEO de nouvelle génération 0,125. Autrement dit, un seul départ d'un A320 standard aura la même valeur que 8 départs d'un A320 NEO.
Après avoir obtenu toutes les émissions sonores officielles certifiées de ces deux avions, force est de constater que la valeur (0,125) pour l'A320 n'est pas proportionnelle à la réalité du bruit. Interrogé à ce sujet, l'aéroport m'a demandé de transmettre mes questions à la CCAEPA afin de permettre un traitement transparent et optimal.
Ma demande de pouvoir connaitre la réponse, malgré le secret de fonction, n’a pas eu d'effet ! En d'autres termes, le public est moins informé à propos de l'aéroport qu'avant le succès de l'initiative qui en demandait justement un meilleur pilotage démocratique ! Une régression au lieu d'un progrès…
 

auteur : Mike Gérard

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