03.06.2024 par PAD
num.340 juillet-août 2024 p.03 Une voie bleue à Genève : enfin une première traversée lacustre ?
Après plus de 60 ans de tergiversations genevoises sur la traversée du petit lac, de projets de pont impressionnant ou de tunnel, d'espoirs, de douches froides, une lueur pointe le bout de sa proue : une première solution, modeste mais réalisable, est possible ! A la base des réflexions, des concertations et d’analyses engagées depuis cinq années, le lac n’est pas ici considéré comme un obstacle à franchir avec de gros véhicules, mais comme une opportunité de promouvoir la mobilité douce, comme son eau en utilisant les infrastructures existantes. C’est toute la différence avec les projets pharaoniques qui ont tous coulé ou bu la tasse depuis les années soixante du siècle dernier. La Voie Bleue propose de créer une liaison par bateau en moins de 15 minutes entre Corsier-Port et Bellevue-Saladin, destinée à favoriser les déplacements d’une rive à l’autre en évitant le contournement chronophage par la ville. Pour assurer sa faisabilité, le projet élaboré repose sur les infrastructures existantes et un partenariat public-privé entre 12 communes des deux rives, la CGN, deux partenaires privés - Lombard Odier et Cie SA et Richemont – avec le soutien du Canton de Genève. L’investissement d’environ 1,25mio de francs/an est assuré par les partenaires, il comprend la transformation des bateaux CGN VALAIS et LAVAUX pour accueillir 80 personnes et une quarantaine d’emplacements vélos/trottinettes. Une dizaine d’allers-retours sont prévus les jours ouvrables, de 6h. à 9h. puis de 16h30 à 19h30 toutes les 40 minutes. Un système d’abonnements et de billets offrira une réduction de 50% aux partenaires, cumulable avec le demi-tarif. La Voie Bleue vient compléter l'offre de transports publics, pour tous, particulièrement pour les cyclistes et « trottinettistes » puisque, depuis des années, les réseaux de voies vertes se développent sur chaque rive du lac. Pour Benoît Gaillard, Président du Conseil d’administration de la CGN, le projet se veut résolument « agile », c'est à dire qu'il est prévu sur trois ans avec un financement assuré. Durant cette période, il s'adaptera aux circonstances et aux nécessités. L'expérience pourra ainsi se développer ultérieurement en fonction de l'évolution de la mobilité et des voies de communications douces. Voilà un superbe projet qui rassemble tous les atouts pour voir sa réalisation et son lancement espéré dès le printemps 2025 ! Nul doute que l'implantation du nouveau site « Champ-du-Château » à Bellevue et la future voie verte entre Sécheron et Montfleury, amplifient les chances de succès de la future Voie Bleue. L’unanimité de cette vision idéale, qui rassemble pour l’instant la CGN, deux entreprises prestigieuses et douze communes, est tempérée pour l’instant par l'absence de Corsier, dont l’exécutif n’a pas encore adhéré au projet en raison des nuisances liées au trafic motorisé, du manque d’accessibilité au port ainsi qu’à l’opposition résolue de l’association « Sauvons la Baie de Corsier » qui milite activement contre l’implantation de la Voie Bleue à Corsier. Espérons que des solutions seront rapidement trouvées et partagées pour ne pas retarder l’émergence d’une première traversée genevoise du lac, attendue depuis les années 60. *Estimation du rédacteur : auteur : Pierre Dupanloup
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