17.06.2024 par MG
num.340 juillet-août 2024 p.03
La Convention d'Objectifs : 2019 et 2024

Il y a plus de 4 ans, le Conseil d'État et l'aéroport de Genève ont signé une Convention d'objectifs communs. Sa nouvelle version, qui devrait entrer en vigueur au milieu de cette année, est en cours de rédaction.

Il s'est passé beaucoup de choses au cours des quatre dernières années dont le COVID et un glissement politique général vers la droite. En 2019, le ministre de tutelle était Serge Dal Busco, du PDC, alors qu'aujourd'hui, c'est Nathalie Fontanet, du PLR. De plus, l'influence du PLR dans les affaires de l'aéroport de Genève a fortement augmenté.

Parmi les nombreuses références à l'environnement, la version précédente contenait cette déclaration très intéressante :

" Les Parties s'engagent à renforcer la collaboration avec les communes riveraines de l'aéroport, ainsi qu'avec les associations de riverains. "

Que ce renforcement ait eu lieu ou non (je n'en ai pas la preuve), un groupement de diverses associations actives dans la lutte contre les méfaits croissants du trafic aérien de l'aéroport de Genève a convoqué une conférence de presse le 10 juin dernier. Durant celle-ci, quatre personnes, représentant les riverains et les communes concernées, ont expliqué leurs revendications pour une réduction de ces nuisances, en particulier la nuit (après 22h) et le matin (avant 7h). Cet événement a été largement relayé par les médias.

Un reportage a été diffusé sur le site web du journal "Le Temps", mais pas dans la version imprimée. Le rédacteur en chef de ce media était auparavant le porte-parole de l'aéroport ! Comme les lecteurs de Versoix-Région ne l'auront certainement pas lu, voici l'introduction de cet article de Sylvia Revello :

" Bras de fer autour des objectifs environnementaux de l'aéroport de Genève "
" Alors que la convention d'objectifs entre la régie publique et le Conseil d'État doit être renouvelée pour cinq ans, la Coordination régionale pour un aéroport urbain, respectueux de la population et de l'environnement (Carpe) tente de se faire entendre. "

Cette nouvelle Convention d'Objectifs répondra-t-elle aux revendications de la population et des communes fortement touchées par les nuisances de l'aéroport ? Voici un résumé rapide des deux principales demandes, ainsi que des informations réelles sur les nuisances qui se cachent derrière elles.

Notre aéroport devrait suivre l'exemple de celui de Zurich, qui ferme à 23h (avec la tolérance habituelle de 29 minutes pour les vols en retard). L'argument pour maintenir l'horaire de minuit est, selon une lettre de Serge Dal Busco, que Genève doit accepter les vols de retour "feeder" des aéroports Hub. Cependant, ces derniers ne représentent qu'une infime proportion des arrivées tardives, la majorité étant constituée par les retours tardifs d'easyJet Switzerland en provenance de destinations de loisirs (dont 20 % seulement appartiennent à la classe 5, la moins bruyante).

Les vols matinaux (la première heure à partir de 6 heures) devraient, comme à Zurich, être soumis à une surtaxe liée au bruit pour les atterrissages et les décollages. Or, elle n'est pas facturée pour les décollages à Genève. La plupart d'entre-eux sont effectués par easyJet Switzerland,. Quant aux atterrissages, il s'agit de vols intercontinentaux ou de fret desservis par avions construits au siècle dernier donc bruyants.

Malheureusement, la dérive vers une politique de droite, qui accorde plus d'importance à l'économie et moins à l'environnement, rend pessimiste quant à ce que cette nouvelle Convention apportera. Déjà, au niveau national, une commission fédérale a étudié le bruit et recommandé l'abaissement des limites de bruit "acceptables". Non seulement des limites plus élevées seront admissibles, mais il sera décidé que si un lieu de vie bénéficie ne serait-ce qu'une seule fenêtre qui, lorsqu'elle est ouverte, le bruit serait tolérable, et que le lieu dispose d'une climatisation telle que toutes les autres fenêtres peuvent être fermées, alors il peut être désormais considéré comme habitable. Et les balcons et les terrasses ?

Ce sont ces limites plus élevées qui pourraient être incluses dans la proposition de l'aéroport de Genève pour les nouvelles courbes de bruit, sur la base d'un "bruit acceptable" revisé.

Genève a toujours eu un problème de manque de logements, mais est-ce une raison valable pour contraindre les gens les plus pauvres à vivre dans le futur quartier prévu à la "Suzette" le long de l'autoroute et près de l'aéroport au Grand-Saconnex ? Ces habitants mettront-ils leur santé en danger à cause du bruit et de la pollution des avions ? Espérons qu'ils pourront payer leur assurance-maladie !

 

auteur : Mike Gérard

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