15.03.2024 par JROC
num.337 avril 2024 p.16
La parole aux dirigeants de club


Les dirigeants bénévoles de clubs sportifs sont souvent motivés par un désir profond de redonner à leur club ce qu'ils ont eux-mêmes reçu dans leur jeunesse. Ils ressentent une gratitude envers cette institution qui a contribué à leur développement personnel, social et sportif.
Malgré les critiques éventuelles ou les difficultés rencontrées, ils puisent dans ces souvenirs positifs de leur enfance la motivation nécessaire pour persévérer. C'est leur manière de rendre hommage à leur club et de contribuer à sa pérennité, en offrant aux classes juniors des expériences similaires à celles qu'ils ont eux-mêmes appréciées.

4 questions à Alexandre Moraga président du F.C. Versoix

Les candidats à la présidence d’un club de football amateur ne se bousculent pas au portillon. Bénévole, tu donnes de ton temps, ton énergie, sans rien attendre d’autre en retour que le plaisir d’aller au bout d’un projet.
Qu’est-ce qui te motive à t’investir dans ce club et quelles sont tes aspirations ?


Pour moi, cette responsabilité est une façon de donner en retour ce que j’ai reçu. Le FC Versoix signifie beaucoup pour moi. Gamin, je suis arrivé à l’âge de 8 ans à Genève. Et je me souviens avoir été accueilli au F.C. Versoix comme dans une grande famille. Je ne connais pas de meilleur intégrateur qu’un club de football. Peu importe d’où tu viens, ta classe sociale, ce qui compte c’est d’adhérer aux mêmes couleurs. Donc mon aspiration première c’est de rendre ce qui m’a été donné. Maintenant, ce qui me pousse à m’investir c’est notamment de développer le mouvement junior, en répondant aux aspirations de ceux qui veulent prendre du plaisir à jouer avec des camarades et celles et ceux qui aspirent à un football un peu plus compétitif. D’une façon générale, c’est de contribuer à cet épanouissement de soi par le sport et l’esprit collectif. Je dois dire qu’il y a un grand sentiment de satisfaction de voir des gamins du club évoluer dans notre première équipe.


Dans un rôle où tu ne peux pas attendre de reconnaissances particulières, quels sont les motifs de satisfaction découlant de ton engagement pour le club ?


Même si le fait d’œuvrer à fond pour le club et que cette responsabilité est extrêmement chronophage pour tous les membres du comité qui, rappelons-le, sont bénévoles, les motifs de satisfaction sont nombreux. Ils sont en tous les cas plus nombreux que les frustrations, qui sont inévitables. En termes de satisfaction, on pourrait citer : le fait d’avoir maintenant deux équipes au niveau Interrégional ; de lutter ce second tour pour en monter une troisième; d’avoir au moins deux équipes juniores dans toutes les catégories, de l’école de football jusqu’aux juniors A ; le retour en force de la section féminine grâce à l’énergie déployée par les deux responsables de la section, Patrick et Mouss ; de voir évoluer des juniors A et parfois des juniors B dans notre équipe fanion ; la création du Team-Léman ; de voir autant de familles mobilisées pour notre Journée du club qui se déroule le 9 mai. Bref, les motifs de satisfaction sont nombreux.


C’est une question qu’on voudrait bien t’épargnez mais on l’aborde tout de même puisqu’il s’agit de l’équipe phare du club. Pour l’instant, les résultats sont décevants.
Est-ce que l’état de santé d’un club ne se juge pas à l’aune des résultats de sa première équipe
?


Oui c’est vrai. À l’époque, c’était vraiment le cas. La 1ère équipe était le thermomètre de la formation du club, de sa santé autrement dit. On pouvait juger aux résultats de la 1ère équipe, la santé du club. En effet, un gamin qui était formé dans son club et à moins qu’il ne soit appelé à jouer à un niveau nettement supérieur, demeurait dans son club. Les couleurs de son club avaient une signification chère à son cœur. Par conséquent, oui, les résultats de la première équipe étaient clairement l’expression de la santé du club et de sa philosophie de formation. Maintenant, il suffit de considérer le mercato de l’entre-saison pour s’apercevoir que dès la 3ème ligue, la mentalité du mercenariat a gagné le football genevois et que l’équipe fanion n’est pas forcément le reflet de la formation. Au contraire, ça peut même générer des effets pervers et contradictoires. Certains clubs investissent dans leur première équipe au détriment du mouvement junior. Par conséquent, ils génèrent de bons résultats avec leur première équipe mais n’ont pas de relève. Ce n’est pas ce que nous souhaitons, du tout. Alors oui, les résultats sont décevants, mais ce que je puis dire c’est que ce deuxième tour, cette équipe s’engage pour les couleurs de Versoix. Elle est versoisienne dans l’âme et ça c’est extrêmement important. J’aurais appris cela, finalement. Ce qui compte par-dessus-tout, c’est la façon dont les joueurs l’équipe fanion s’identifient aux clubs et qu’ils se battent pour lui. Et cette équipe en est la parfaite illustration.


Bien qu’il ne t’appartienne pas de parler à la place des entraîneurs ou des joueurs, je te pose quand même la question. Aujourd’hui 10 mars, l’équipe occupe la dernière place du classement. Qu’est-ce que tu réponds à ceux qui pensent que d’éviter la relégation va être bien difficile ?
Moi je ne pense pas. Cette équipe a le grand mérite de compter dans ses rangs de nombreux joueurs juniors formés au club. C’est un savant mélange de joueurs d’expérience, et même de grande expérience, venus nous renforcer avec de jeunes joueurs du club et qui est menée par un entraîneur de qualité et extrêmement volontaire, Tamer. Peut-être qu’en effet, ce second tour sera difficile mais je suis convaincu que la formule est juste. À titre d’exemple, le match que nous avons joué en coupe contre Kosova au mois de mars a été remporté par cette même équipe, qui comptait tous les magnifiques joueurs qui sont venus nous renforcer ainsi que 6 juniors du club, qui pour certain ont 16 ans, l’âge de junior B.

Légende photo

Coach et joueurs du Team Léman Juniors A.
 

auteur : Jacques Rochat

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