17.11.2020 par YR
num.304 déc. 2020-janv.2021 p.10
Deuxième vague : un nouveau défi pour les autorités communales

L’échelon politique et administratif le plus proche des habitants — la commune — n’est pas le mieux positionné pour agir sur le plan sanitaire, et voit pourtant ses responsabilités se complexifier avec la nouvelle vague pandémique.

Pour comprendre la nature de ces défis, les outils à disposition, et les choix qui ont été effectués, nous avons posé quelques questions au Conseil administratif ainsi qu’au Secrétariat général versoisien.

Ces réponses nous sont parvenues mi-novembre, et reflètent la situation à date.

Secrétariat général : « le travail est un peu plus compliqué »

Versoix Région : De quelle façon l’administration communale s'est-elle préparée à l’éventualité d’une deuxième vague pandémique ?

Secrétariat général : Depuis le mois de mai, des dispositions visant à faciliter le respect des distances de sécurité sanitaire (masques, gel hydro alcoolique, directives de travail et de déplacement internes, etc.) et le travail à distance sont intégrées dans un plan de continuité de l’Administration communale en cours de rédaction. Pour faciliter le télétravail, des outils informatiques permettant de disposer de son bureau informatique et de son appareil téléphonique à domicile sont en place. Un logiciel de gestion des séances permet de préparer et tenir au besoin toutes les séances à distance en visioconférence.

L’ensemble de ces préparatifs permet une mise en application depuis la résurgence de l’épidémie, en fonction des directives du Conseil d’Etat et des besoins identifiés par l’autorité politique avec l’aide des collaborateurs. De nouvelles façons de travailler, qui étaient à l’état de projet, sont désormais en œuvre.

VR : Le travail de l’administration communale et ses services est-il gêné par la deuxième vague pandémique ? Si oui, de quelle façon, et dans quelle mesure ?

SG : Le travail est un peu plus compliqué, mais il se réorganise en permanence de manière à ce que les prestations à la population soient fournies à l’identique de ce qu’elles sont sans vague pandémique. Les absences pour cause de maladie ou de quarantaine, de même que les retours de collaborateurs affaiblis par la maladie, nécessitent une attention particulière de la direction des services et impliquent des collaborations accrues ainsi que des remplacements provisoires.

Dans l’ensemble, cependant, le travail de l’administration évolue. Par contre, les collaborateurs, très fortement sollicités et engagés durant cette période, sont soumis à une certaine pression, en lien avec les transferts de charges et les risques de tomber malade.

VR : La baisse attendue de la fréquentation de lieux publics et de l’usage de certaines routes — conséquences du semi-confinement prenant place dans le cadre de l’état de nécessité dans tout le Canton — permettront-t-elles de faciliter des travaux, ou encore d’autres actions des services ?

SG : Ces diminutions d’activité impliquent plutôt des charges de travail supplémentaires et ne facilitent rien sur le plan de l’administration. Sur le terrain, dès lors que le passage doit être maintenu, même pour un nombre réduit de véhicules, le nombre de ceux-ci ne fait pas de différence et les travaux continuent. Dans l’ensemble, les baisses de fréquentation ne facilitent pas le travail des collaborateurs et des services de l’administration communale.

Le Conseil administratif « n’a ni la volonté, ni les compétences, ni les moyens d’agir sur les déplacements intercantonaux des genevois »

Nos questions ont été adressées à Mme Jolanka Tchamkerten (Verts), Conseillère administrative de Versoix en charge du dicastère recouvrant notamment la protection de la population.

Versoix Région : Quelle est la marge de manœuvre d’une commune comme Versoix dans la gestion de la crise que nous vivons actuellement ? Que peut-elle faire, concrètement ?

Conseil administratif : La Ville de Versoix est à la fois une institution et une entreprise publique employant des collaborateurs. Elle est soumise aux ordonnances fédérales et arrêtés cantonaux et respecte à la lettre les directives. La Ville de Versoix assume son rôle régalien en vérifiant que les directives sont également respectées. Elle renseigne les citoyen.nes en assurant une permanence téléphonique et informe la population via son site internet. Au printemps, elle a mis en place un plan de solidarité pour soutenir les personnes vulnérables. Dans les faits, la Ville de Versoix dispose d’une marge de manœuvre réduite par rapport aux décisions sanitaires. En qualité d’employeur, elle est soumise aux mêmes règles que les autres employeurs et s’adapte au quotidien, à l’instar de toutes les entreprises.

VR : Pour Versoix, qu’est-ce qui a changé entre la vague pandémique du printemps et cette vague d’automne ?

CA : Sous la conduite du Conseil administratif, l’administration s’est adaptée pour maintenir le niveau de service à la population aussi élevé que possible, tout en préservant la sécurité des administré.es et des collaborateurs.trices. La préparation à cette deuxième vague a permis de mettre en place de nombreuses solutions nouvelles et efficaces, notamment en matière de télétravail et de communication à distance.

VR : Politiquement, le débat sur les mesures pour endiguer la crise du COVID est de plus en plus représentée comme une lutte entre, d’une part, les enjeux économiques (tendant à l’absence de confinement et à moins de précautions), et d’autre part, les enjeux de santé (tendant à un confinement et à plus de précautions).

Le Conseil administratif voit-il ces deux « buts » comme étant en tension, à l’échelon communal ? Ou au contraire, s’agit-il de problèmes complémentaires, sur lesquels il est possible de travailler simultanément ?

CA : S’il est indispensable de prendre des mesures de précautions et de sécurité pour préserver la santé de la population, il est aussi important de soutenir le commerce local et les entreprises de la place. L’ensemble des mesures prises par le Conseil administratif dans son domaine de compétences va dans le même sens que celles prises à l’échelon de la Confédération ou de l’Etat de Genève.

VR : Contrairement à la première vague, les autorités cantonales et fédérales n’ont pas demandé la fermeture des écoles, et ce malgré le manque d’un consensus scientifique clair (certaines études recommandent fortement le port du masque étendu à tous les écoliers, peu importe leur âge ; d’autres considèrent que les risques y sont minimes). Avez-vous, en tant que Conseillère administrative chargée des bâtiments et des écoles, espéré une autre décision des pouvoirs cantonaux ?

CA : Le Conseil administratif constate que la fermeture des écoles durant la première vague a posé des problèmes sociaux, avec des enfants déscolarisés pour certains d’entre eux. La fracture sociale que cela implique doit être mise en parallèle avec les risques pour la population sur le plan sanitaire et les difficultés de gestion de la mise à disposition des bâtiments. De gros efforts de la part du personnel sont nécessaires, avec des règles plus contraignantes pour les nettoyeur.ses, concierges et employé.es des restaurants scolaires. Il est cependant primordial, pour les élèves, de garder un lien fort avec l’école, les enseignants et les camarades de classe.

VR : Le Conseil administratif entend-il prolonger ou prendre de nouvelles mesures pour soutenir les entreprises et l’emploi à Versoix dans ce contexte d’état de nécessité et de semi- confinement ? Si oui, lesquelles ?

CA : A ce stade, le Conseil administratif a retardé et prolongé l’action de distribution de bons visant à soutenir les commerces locaux. La gratuité des terrasses et la prolongation de la durée de leur exploitation sont aussi des mesures en place. Le Conseil administratif réfléchit à d’autres mesures, sans qu’elles soient encore définies.

VR : Étant donné la crise, l’exécutif et l’administration de Versoix sont-elles encore en mesure de traiter les affaires courantes dans leur totalité ? Ou au contraire, certains sujets, certains projets sont-ils remisés à plus tard ?

CA : Avec les instruments mis à disposition pour faire face à cette situation exceptionnelle, le Conseil administratif est en mesure de traiter la totalité des questions qui lui sont soumises et peut gérer le quotidien. Certains projets sont cependant ralentis en fonction de nouvelles charges de travail qui affectent plusieurs secteurs. A noter également que des synergies se développent entre plusieurs services et permettent une entraide lorsque la situation devient critique.

VR : La commune de Versoix est voisine du canton de Vaud. Celle-ci ayant adopté des mesures différentes (du moins, au moment d’écrire ces lignes), les autorités versoisiennes ont-elles prévu d’informer la population quant au vœu pieu du Conseil d’Etat que les genevois ne se déplacent pas chez nos voisins pour pratiquer ce qui est interdit à Genève ?

CA : Le Conseil administratif n’a pas pris de position en lien avec les différences constatées entre les cantons de Vaud et Genève. Il n’a ni la volonté, ni les compétences, ni les moyens d’agir sur les déplacements intercantonaux des genevois.

Interviews et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

<< retour