22.09.2020 par YR
num.302 octobre 2020 p.10
Disparition de Bernard Levrat

Disparition de Bernard Levrat

Conseiller municipal à Versoix depuis 1967, président du bureau de ce même Conseil en 2016, professeur honoraire de la faculté des sciences de l'Université de Genève... Bernard Levrat nous a quitté lundi 17 août 2020, à Versoix, des suites d'un malaise.

Versoix Région a pris contact avec ses anciens collègues ainsi qu'auprès des institutions qu'il a épaulées et contribué à diriger, afin qu'elles et ils partagent leur souvenir.

La communauté universitaire se souvient d'un pionnier de l'informatique, pointu et visionnaire

Dans le monde académique genevois, M. Levrat a joué un rôle notable en participant à la création du Centre Universitaire d'Informatique (CUI). Sa directrice actuelle, Giovanna Di Marzo Serugendo, explique : « Professeur de la Faculté des sciences, Bernard Levrat a été le pionnier de l’informatique à l’Université de Genève et dans le Canton. Il met sur pied, en 1973, le Centre universitaire d’informatique (CUI), une structure inédite en Suisse, qui se voit confier l’enseignement et la recherche en informatique à l’Université. Par la suite, il joue un rôle central dans la connexion de l’Université au réseau Internet, met en place le dépouillement informatisé des élections du Canton et opère la transformation numérique du réseau des bibliothèques romandes et tessinoises. »

Ce rôle auprès des bibliothèques romandes et tessinoises, Bernard Levrat l'a eu avec RERO, le Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale qui englobe les universités et les grandes écoles de la région. Christian Pilloud, ancien président du Conseil exécutif du réseau, se souvient : « Le Professeur Bernard Levrat, alors vice-recteur à l’Université de Genève, a rejoint en 1991 le Conseil exécutif du Réseau des bibliothèques universitaires de Suisse occidentale (RERO). En sa qualité de physicien et informaticien, il s’est vu confier le délicat dossier de mener la réflexion relative à la migration de l’outil informatique du réseau vers un nouveau logiciel. Une telle mission impliquait non seulement une parfaite maîtrise et connaissance techniques des enjeux mais aussi des qualités personnelles de diplomate. (...) Nous conservons de Bernard le souvenir d’une personnalité très riche, disponible, aux mille facettes, d’un complice fidèle et dévoué au service d’une belle aventure… À son épouse Monique, à ses fils dont il était très fier à juste titre, et à ses petits-enfants vont toute notre vive sympathie ».

Comme M. Pilloud l'indique, Bernard Levrat a également occupé les fonctions de vice-recteur de l'Université de Genève. Joint, le Rectorat rappelle que « Bernard Levrat a joué un rôle central au sein de l’Université de Genève, non seulement en tant que doyen de la Faculté des sciences de 1977 à 1980 mais aussi en tant que vice-recteur de 1991 à 1995. (...) Sa contribution majeure, au niveau de l’UNIGE, a été la création du Centre universitaire d’informatique en 1976, le premier centre de ce type en Suisse dédié à la recherche et à l’enseignement dans ce domaine. Son engagement au sein de notre institution lui a valu la Médaille de l’Université en 2002. (...) Son nom restera gravé dans l’Histoire de l’Université ».

Le monde politique loue un homme brillant, attentif aux questions sociales — ami de Joe Dassin, aussi

À Versoix, Bernard Levrat a longtemps pris part au débat public en sa qualité de Conseiller municipal, depuis sa première élection en 1967 jusqu'à la fin de son dernier mandat en 2020. Occupant la fonction de président du bureau du Conseil en 2016, il donna lors du traditionnel discours du 1er août sa vision du rôle de la Suisse dans le monde, un pays « solidaire et ouvert au monde », qui « ne se plie à aucune puissance - pas même celles de l'argent ».

Bien qu'engagé auprès du PDC, les quatre partis majeurs de Versoix ont tenu à partager leur souvenir. Les membres du PLR garderont « de Bernard Levrat le souvenir d’un collègue et ami remarquable, aussi drôle qu’intelligent, empathique que cultivé. Il regardait toujours devant lui, inspirait tous ceux qu’il côtoyait et avait confiance en la jeunesse : il se réjouissait notamment de voir de nouveaux élus prendre la relève à Versoix. »

Gilles Chappatte, co-président du PDC Versoix, est « profondément bouleversé par le départ de notre camarade Bernard. Sa personnalité était d’une richesse et d’une profondeur qui n’avait d’égal que son humilité et sa sagesse. En réalité, ce n’est pas une disparition, mais un départ. Car la présence de Bernard se fera sentir à nos côtés pour très longtemps encore, avec son immense héritage politique et humain. Si nous sommes tous un peu orphelins depuis ce funeste lundi, nous savons qu’il a rejoint sa bande d’amis là-haut avec qui il adorait faire la fête, dont Joe Dassin qui l’attendait depuis si longtemps. D’ailleurs, si on tend l’oreille le soir au bord du lac, je suis sûr que l’on doit les entendre chanter et rire à la beauté des choses et de l’amitié, à la vie… Car l’héritage de Bernard c’est aussi le plaisir et la joie de vivre, le devoir de jouissance comme il disait, et cet héritage-là nous ne sommes pas prêts non plus de l’oublier. »

Le chef de groupe des Socialistes de Versoix, Patrice Marro, a quant à lui le souvenir de « ses compétences, son ouverture d'esprit et sa grande simplicité. J'ai été président du Local de vote de Versoix et M.Bernard Levrat vice président. Durant cette période, nous avons appris à nous connaître et avons sympathisé. Depuis, nous nous sommes très souvent croisés sur les chemins ou stade de la Bécassière et il avait toujours un mot agréable ou une plaisanterie pour moi. Il faisait beaucoup de marches ou du tennis, moi de la course. (...) C'est une personne brillante et il me manquera. »

Enfin, les Verts déplorent avoir « perdu avec Bernard Levrat une référence scientifique, un démocrate ouvert, un esprit brillant et un exemple d'humanité inspirée et inspirante. Comprenant et mesurant les enjeux de l'évolution environnementale, notre collègue et ami a su les allier aux préoccupations sociales dont nous devons aussi rechercher les réponses. Merci à Bernard d'avoir inspiré les réflexions de notre Conseil municipal, d'avoir été un guide amical et d'excellente compagnie... Les Vert.e.s de Versoix expriment leur totale sympathie à sa famille. »

De nombreux autres témoignages ont été publiés par voie de presse. Les autorités de Versoix, la fondation Dalle Molle, l'institut de recherche Idiap, le Tennis Club et la société de Gym de Versoix, la faculté des sciences de l'Université de Genève et le Conseil d'administration des HUG (dont le directeur est le fils de Bertrand Levrat, son fils) : toutes et tous ont rendu hommage à Monsieur Bernard Levrat.

Texte : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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