08.09.2020 par YR
num.302 octobre 2020 p.05
Rentrée partielle : les réponses des CFF


Le mois dernier, nous vous rendions compte du nouvel horaire des CFF pour la rive droite. Les RegioExpress ne marquent plus l’arrêt à la gare de Versoix, remplacés par une desserte presque régulière du Léman Express — train au quart d’heure y compris.

Toutefois, quelques questions subsistent, notamment quant au port du masque dans les gares, à la pénurie de mécaniciens, ainsi qu’au jeu de cache-cache entre Lémanis, exploitant le Léman Express, et les CFF, qui possèdent majoritairement Lémanis : nous les avons posées au porte-parole romand des CFF, M. Frédéric Revaz.

Toujours pas de RegioExpress

Versoix Région a tout d’abord demandé au porte-parole d’expliquer pourquoi les CFF continuent d’estimer que la halte d’un RegioExpress à Versoix (en correspondance directe depuis Genève Cornavin) ne peut pas être à l’ordre du jour dans l’horaire normal — et ce malgré le fait que la gare de Versoix était régulièrement desservie par des trains RegioExpress en remplacement de l'offre Léman Express, ce printemps et cet été.

Selon le porte-parole, il ne faut pas confondre l’œuf et la poule proverbiale : « Dans l’horaire « normal », l’arrêt du RegioExpress n’est pas possible à Versoix car, sur cette ligne Lausanne – Genève très densément utilisée, il créerait des retards en cascade sur d’autres trains. Nous avons cependant pu introduire cet arrêt du Regioexpress à Versoix ces derniers mois car la cadence Léman Express a été réduite entre Coppet et Genève pour cause de manque de mécaniciens CFF, ce qui a provisoirement libéré de la capacité sur la ligne ».

Composition réduite, mais 50% de fréquentation seulement

Si le « train au quart d’heure » est désormais assuré en semaine, les convois ne sont quant à eux pas composés d’autant de voitures que d’habitude. Nous avons demandé au porte-parole si les CFF envisagent de déclasser systématiquement les espaces de 1ère classe dans les trains à moindre capacité — étant donné également le rôle prépondérant de la proximité entre voyageurs dans le contexte actuel de crise sanitaire pandémique.

En réponse, M. Revaz détaille que ce retour à la fréquence habituelle entre Genève et Coppet n’a été rendue possible qu’avec la mise en place de « navettes supplémentaires (trains dominos) », à la capacité réduite. Cependant, « leur capacité suffit, car la fréquentation entre Coppet et Genève se monte à environ 50%. Un déclassement de la 1e classe n’est donc pas nécessaire » ; ajoutant enfin que Lémanis, société exploitante du Léman Express, « suit l’évolution des affluences très attentivement, de manière à pouvoir prendre des mesures le cas échéant ».

Les trains remplis que nous avons pu constater ça et là sur la ligne Coppet-Genève / Genève-Coppet ne sont pas légion, selon les statistiques des CFF.

Mécaniciens en formation

Nous avons également voulu en savoir plus quant à la pénurie de mécaniciens du rail en Suisse, un manque estimé à près d’un millier selon un article d’août 2020 de nos confrères de La Tribune de Genève.

M. Revaz explique que les causes de cette pénurie relève d’erreurs « des CFF durant ces dernières années dans la planification des besoins, de l’engagement et de la formation des mécaniciens de locomotive. Ces erreurs ont été corrigées en 2019 et le calendrier a été adapté aux besoins réels ».

Le porte-parole opère ensuite une bascule du nombre de mécaniciens au seul nombre de conducteurs : « Néanmoins, il manque toujours aujourd’hui quelque 211 conducteurs de locomotives aux CFF. La crise du coronavirus a aggravé cette situation déjà tendue, car de nombreux cours de formation n’ont pu être dispensés pendant des mois. Afin de compenser le sous-effectif, les CFF avaient déjà formé, l’été dernier, des classes de formation supplémentaires qui se termineront en 2021 et en 2022 ».

Les CFF espèrent rattraper leur retard dans les mois qui viennent, sans pour autant le combler : « en novembre de cette année, nous aurons ainsi un total de 340 conducteurs de locomotives en formation aux CFF. Le sous-effectif du personnel de locomotive sera réduit de près de la moitié, soit environ 110 personnes, d’ici mai 2021 ».

Sur Twitter, les CFF se défaussent des soucis du Léman Express

Aux utilisateurs du réseau social Twitter, les CFF proposent un compte de service clientèle : @RailService. Celui-ci est prompt à renseigner les voyageurs sur les dérangements, retards et remplacements qui ponctuent la vie des pendulaires. Cependant, les employé-e-s en charge de ce compte tendent à décliner les questions relatives au Léman Express, intimant les curieux à s’adresser par courrier électronique à Lémanis. Une attitude surprenante, alors que Lémanis est majoritairement (60%) possédée par les CFF, contre 40% seulement par la régie ferroviaire française, la SNCF. Autrement dit, la main gauche blâme la main droite.

À nos demandes d’éclaircissements, M. Revaz répond : « Nous prenons volontiers en compte vos critiques, que nous transmettons également à notre filiale Lémanis. Cette filiale dispose de son propre service clientèle, qui collabore quotidiennement avec le service clientèle CFF et qui répond aussi sur Twitter (@Leman__Express), c’est donc tout à fait prévu et correct que Lémanis réponde aux questions des clients sur le Léman Express. Les demandes de remboursement sont, elles, traitées par le service clientèle CFF ».

Aux gares ; aux gares masqués, ohé, ohé ?

Le port du masque est désormais obligatoire dans les transports publics, aussi bien en Suisse qu’en France voisine. Toutefois, la discipline des voyageurs est à géométrie variable. Quand les uns le mettent avant de monter dans le train, d’autres attendent d’être confortablement installés avant de couvrir leur visage. Dans les gares, le masque se fait considérablement plus rare.

Pour le porte-parole des CFF, « le masque est obligatoire dans les trains mais seulement recommandé dans les gares ; il faut donc le mettre au plus tard en montant dans le train. »

Le fin mot de l’ex-régie fédérale est là : le port du masque est bel et bien recommandé dans les gares ; un conseil encore peu communiqué, que la gare soit petite (Versoix, Pont-Céard) ou grande (Genève Cornavin).

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

<< retour