22.04.2020 par YR
num.298 mai 2020 p.10
Élections à Versoix : les partis réagissent

Élections à Versoix : les partis réagissent

À Versoix, les élections communales 2020 ont débouché sur une nouvelle donne politique : Versoix Région a sollicité les partis de la commune pour recueillir leurs réactions. Également sollicité, le MCG est le seul parti n’ayant pas donné suite.

Au PLR : la volonté d’une Entente unie, qui apprend de ses échecs

Contacté par nos soins, le parti n’a pas été avare en explications. Il se félicite tout d’abord d’avoir conservé ses sièges au Conseil municipal : « Le PLR de Versoix remercie les électeurs et les électrices qui lui ont permis de d’obtenir 33% des sièges (9/27) du Conseil municipal. Les positions claires du PLR, notamment en matière de bonne maîtrise du budget communal et de soutien aux associations locales, ainsi que tout le travail accompli durant la dernière législature, sont ainsi légitimés. »

Dans son message, le parti qualifie la victoire des Verts comme d’une « montée attendue », servant de contexte au fait que le maintien du PLR n’était selon le parti lui-même « pas gagné d’avance, compte tenu du changement de génération politique opéré par le PLR à l’occasion de ces élections ».

Nous vous en parlions dans ces colonnes le mois derniers : le maintien de Chappatte a probablement coûté sa place à M. Leiser, le candidat PLR au Conseil administratif, non-élu. Le PLR Versoix semble de la même opinion, affirmant que l’échec de M. Leiser est dû, en partie, au « maintien au second tour du deuxième candidat PDC, M. Gilles Chappatte, malgré le résultat du premier tour lors duquel il était arrivé dernier, et l’absence d’alliance qui en a découlé, alors que les listes étaient apparentées pour l’élection du Conseil municipal ».

Pourquoi avoir maintenu M. Chappatte ? Pour le PLR Versoix, l’idée du PDC derrière cette manoeuvre était de barrer la route au PS : « La volonté affichée du PDC maintenir M. Chappatte pour tenter de reconquérir coûte que coûte le troisième siège de l’Entente au préjudice des Socialistes a conduit à un échec, avec comme résultat que l’Entente perd la majorité au Conseil administratif. Ce n’est certainement pas le seul motif de la non-élection de notre candidat, mais, dans le contexte du renforcement prévu des Verts, cela y a contribué. »

Ayant perdu son candidat, le PLR Versoix prévient désormais le PDC que la même chose pourrait leur arriver aux prochaines élections : « nous sommes convaincus que le PDC et le PLR parviendront à en tirer des leçons, pour faire en sorte que la situation soit différente dans 5 ans, sachant aussi que le PDC devra probablement assurer à son tour un changement de magistrat, ce qui est toujours délicat ».

La nouvelle composition du Conseil administratif laisse-t-elle présager d’une alliance majoritaire au centre-gauche du Conseil municipal ? Pour le PLR Versoix, chaque parti doit se tenir à son centre de gravité politique : « Comme nous, le PDC devra aussi tenir compte des opinions de son propre électorat à ce sujet, ce qui devrait plutôt rapprocher à terme le PDC et le PLR, et créer un bloc fort de l’Entente au sein du Conseil municipal face au Conseil administratif à majorité de gauche lorsqu’il le faudra, étant rappelé que la collaboration entre les deux groupes a été excellente durant la législature qui s’achève. »

En fin de propos, le PLR Versoix n’a cependant pas omis de rappeler qu’il est « comme toujours prêt à travailler au niveau communal avec toutes les personnes sincères et de bonne volonté pour faire avancer Versoix et la défendre sur le plan cantonal, l’étiquette politique se révélant souvent et heureusement secondaire en matière de politique locale ».

Le PLR Versoix n’a pas directement répondu à notre question concernant une hypothétique alliance avec d’autres partis de droite comme le MCG et l’UDC pour de prochaines élections.

Au PS : la nouvelle majorité se fera sans les socialistes

Plus bref, le parti socialiste s’est en priorité félicité « de la réélection d'Ornella Enhas, à qui les électrices et les électeurs ont renouvelé leur confiance, malgré les turbulences négatives qui ont émaillé ces derniers mois au sein de notre section. »

Le PS a également conservé ses trois sièges au Conseil municipale, où Les Socialistes sont : « également satisfaits du résultat obtenu, compte tenu des turbulences de valeurs personelles qui ont émaillé négativement notre image et des personnes qui s'engagent quotidiennement. La grande surprise a été pour nous la perte d'un siège du PLR. ».

Présent au Conseil municipal, le PS fera-t-il partie d’une grande alliance de centre-gauche ? « La nouvelle majorité devrait être composée des Verts et du PDC, et non des socialistes. Ces deux partis ont d'ailleurs la majorité. Je vous prie de vous référer à l'interview de Mme Tchamkerten accordée à la TéléVersoix laquelle indique avoir trouvé des majorités avec le PDC et souhaite poursuivre dans cette voie ».

Dans l’interview en question, publiée le 13 avril dernier, Mme Tchamkerten (Verts) indique : « Notre travail sera de trouver des majorités. Dernièrement, on a pu trouver des majorités avec le PDC. On va essayer de continuer. On devra trouver des accords sur des sujets qui rassemblent le plus grand nombre. »

Sur ses orientations à venir, le PS de Versoix dit vouloir s’installer comme “le parti de la proximité” : « En cette période troublée, où les préoccupations sont évidemment ailleurs, cette nouvelle législature s'annonce chargée de défis. (...) Nous agirons concrètement pour le bien-être des gens vivant à Versoix. »

Au PDC : pour le parti, la majorité reste bien dans les mains de l’Entente

La voix du PDC Versoix est portée par son président, également candidat non-élu au Conseil administratif, M. Gilles Chappatte. Interrogé sur les résultats de ces élections, il se félicite tout d’abord des sièges conservés par son parti : « Nous nous félicitons d’avoir solidement ancré nos sièges tant à l’exécutif (1 élu pour 3 sièges) que pour le délibératif (6 élus pour 27 sièges), où nous avons sensiblement progressé en termes de pourcentage, et où la stratégie d’apparentement a permis à nos alliés naturels du PLR de conserver un 9e siège. Nous regrettons toutefois la perte du siège PLR à l’exécutif, au profit de la gauche, qui nous place dans une sorte de cohabitation gauche-droite en terme de majorité entre le délibératif et l’exécutif. »

M. Chappatte relève également « la concentration des forces sur les 4 partis historiquement présents sur la commune, ce qui nous laisse présager une culture politique plus lisible pour cette législature ». Il fait ici référence à la défaite du MCG.

Les résultats laissent imaginer que les Verts et le PDC pourraient former une majorité de centre gauche ? Le PDC, principal intéressé, dément formellement : « Même si à l’exécutif nous regrettons le fait que M. Leiser n’ait pas réussi à conserver le siège PLR, je vous rappelle que les chiffres sont clairs : l’Entente PDC-PLR avec 15 sièges sur 27 conserve une majorité au conseil municipal. Voyons le bon côté des choses : délibératif de centre-droit, exécutif de centre-gauche, les équilibres devront forcément être trouvés et la position de notre fraction au sein de l’arène politique n’en sera que plus intéressante. Il s’agira de conduire les affaires de la commune avec tact et ouverture. »

Désormais seul membre de l’Entente au Conseil administratif, le rôle de M. Lambert est-il devenu plus difficile ? Pour son parti, ce n’est pas le cas : « Le PDC Versoix n’est pas, n’a jamais été un parti d’opposition, c’est un parti d’idées et de solutions constructives. Amener les tendances politiques autour d’une même table pour trouver des solutions reste profondément ancré dans notre ADN, d’autant plus que la population nous a clairement soutenu dans cette voie. »

Enfin, la question sensible : le PDC aurait-il pu aider M. Leiser (PLR) à accéder au Conseil municipal s’il avait retiré M. Chappatte ? Au nom du PDC, Gilles Chappatte lui-même répond : « Il est important pour répondre à cette question de rappeler au préalable que le PDC Versoix avait officiellement encouragé le PLR à adopter une stratégie plus conquérante et à présenter deux candidats PLR sur un ticket de l’entente à trois. Ce n’est qu’à la suite de la désignation d’un candidat unique par le PLR que ma fraction a décidé de combler le vide et d’offrir à l’électorat une véritable alternative de centre-droit en présentant deux candidats PDC en plus du candidat PLR désigné. »

Passé cette contextualisation, et contrairement à l’interprétation faite par le PLR, M. Chappatte affirme : « Je doute fortement que les électeurs aient inscrit mon nom à la place de celui du candidat PLR. L’électorat PDC+PLR représentait au 1er tour près de 50% des voix exprimées, et nous nous attendions à ce que les électeurs votant centre-droit persistent dans leurs choix du second tour, faisant passer au moins 2 des 3 candidats PDC+PLR. »

Du coup, pourquoi cette défaite de M. Leiser (PLR) ? « Pour l’élection au conseil administratif, un électeur ne vote pas qu’une couleur politique mais davantage pour des personnalités, et j’imagine qu’en plus de la vague verte, un effet « femme » a aussi pu jouer un rôle dans les choix exprimés. ». Pour le PDC, la raison de cet échec n’était pas le maintien de M. Chappatte… mais, peut-être, la personne de M. Leiser.

Chez Les Verts : une législature d’écoute, d’échange, et de consensus

Les Verts ont également répondu par la voix de leur présidente, qui s’avère être la Conseillère administrative nouvellement élue, Jolanka Tchamkerten. Quant aux résultats de l’élection, Mme Tchamkerten nous a fait part de la satisfaction de son parti « d'avoir accru sa représentation au Conseil municipal, et de la confirmation du soutien de la population à nos idées et projets par mon élection au Conseil administratif. Je me permets d'ajouter que les Vert.e.s de Versoix remercient chaleureusement les électeurs de la confiance accordée, qui nous permettra de mieux faire avancer les dossiers du Développement durable, dans toutes ses dimensions, sociales, économiques et environnementales. Nous pourrons en particulier mettre en oeuvre des projets verts pour que Versoix participe au mieux à la lutte contre le réchauffement climatique. »

Les partenaires possibles des Verts durant la législature à venir sont le PDC (parti de l’Entente) et le PS (parti de l’Alternative qui n’a pas souhaité faire alliance avec eux). Les Verts, désormais parti mieux élu de Versoix au Conseil municipal et décrochant un siège au Conseil administratif, sont-ils prêts à gouverner dans ce contexte délicat ?

Pour Mme Tchamkerten, « Le travail de gouvernement est l'affaire du Conseil administratif dans sa globalité, qui doit fonctionner de manière collégiale au-delà des partis. Je ne peux donc qu'envisager un travail en commun avec mes deux collègues élus, fait d'écoute, d'échanges et de recherche de solutions consensuelles et adéquates pour la commune. Quant aux conseillères et conseillers municipaux, ils apporteront leurs projets, analysant ceux des autres groupes, recherchant les éléments susceptibles de trouver des majorités, que ce soit avec le PLR, le PDC ou le PS. Ils chercheront la concertation par un travail approfondi dans les commissions, hors des querelles partisanes. »

À l’UDC : Une coalition avec le PLR serait « tout à fait possible »

Candidat non-élu au Conseil municipal, Jason Détraz a pris la parole pour l’UDC Versoix. Il interprète les résultats de cette élection en observant que « la vague verte tant attendue n’a pas “déçu”, tous les partis en ont fait les frais. Mais être un bon parti de l’opposition ne signifie pas que ce sera un bon parti majoritaire, surtout si l’on considère le départ de candidats qui ne se sont pas présentés à leur propre réélections qui ont pourtant fait l’unanimité même à l’UDC (M. Jaussi par exemple). »

Devant les pertes de sièges enregistrées par le PLR, le MCG, et l’absence d’élus UDC, ces élections communales appellent-elles à une plus large alliance des droites ? Pour M. Détraz, c’est le cas : « Je pense que la droite est en légère perte de vitesse ces dernières années tant sur le plan cantonal que national. Et il est temps de réaliser ce qu’ont su faire les partis de gauche ces dernières années et se regrouper pour travailler ensemble, mains dans la main, et non plus séparément ». Un peu plus tard, il affirme même : « L’UDC de Versoix partage beaucoup d’idées communes avec le PLR de Versoix. Nous entretenons de bonnes relations et une coalition serait tout à fait possible. »

Toutefois, pour le candidat UDC, préparer les prochaines élections serait aller bien vite en besogne. D’autres priorités sont à l’ordre du jour : « Durant ces cinq prochaines années, nous allons essayer de travailler avec les autres partis pour travailler à la création de nouveaux logements abordables pour nos jeunes, le soutiens médiatique aux associations versoisiennes, ainsi que la création de journées de découverte sportive pour tous. Je pense qu’il serait intéressant d’apprendre de la gauche, qui a su ce réunir ces dernières années avec succès sur tout le canton de Genève. »

L’UDC Versoix a donc prévu de s’installer dans la vie politique versoisienne ? Jason Détraz confirme : « L’UDC de Versoix va bien entendu persévérer. Nous savions dès le début que le quorum serait compliqué à obtenir, la vague verte était inévitable. Les électeurs nous ont toutefois donné un signal fort afin de ne pas nous décourager ! Nous avons constaté que malgré le manque de connaissance sur notre parti, les Versoisiennes et Versoisiens ont compris que notre but était d’améliorer notre ville. Le fait que le MCG ait présenté une liste de dernière minute — sans en discuter avec l’UDC — nous a sûrement coûté notre entrée au conseil municipal pour cette législature ».

Oui, même si cette échéance est lointaine, l’UDC Versoix l’a bien en tête : « Ces élections nous ont servi de "leçon" si je puis dire pour les prochaines et nous nous tiendrons prêts pour 2025, encore plus nombreux et motivés. »

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

<< retour