17.10.2018 par MG
num.283 novembre 2018 p.05
Les compagnies du Golfe Persique maîtrisent notre aéroport.

Le sujet du voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi continue à captiver les Genevois. Également intéressante est l’influence grandissante des compagnies d’aviation du Golfe Persique en ce qui concerne les vols long-courriers et le fret.
Dans un article paru au début octobre dans la Tribune de Genève, le journaliste Marie Pervex a donné un aperçu de la situation dans son article intitulé

Pourquoi Cointrin est devenu stratégique pour les Émirats ?

Selon celui-ci, les Émirats représentent la destination hors Europe en plus forte croissance à Genève. Le nombre de liaisons journalières a régulièrement augmenté pour atteindre trois vols quotidiens l’an dernier.
L’effet de cette croissance, qui arrive même temps qu’une diminution du nombre de mouvements cette année de l’ordre de 3%, devient très intéressant quand on examine en détail les destinations de l’aviation de ligne cet été (avril-septembre) et la même période de l’année 2017. On remarque que celles des compagnies « suisses » (Swiss/Lufthansa et easyJet) restent assez stables, mais que la totalité des autres compagnies « classiques » est réduite d’environ 5%. Ce dernier chiffre devient une diminution de 8%, quand on exclut les long-courriers. Autrement dit, ces autres compagnies européennes réduisent leur offre de vols de et vers Genève.
Selon l’article de Marie Pervex, la stratégie des Émirats pour développer leurs liaisons aériennes vers l’Europe repose sur des aéroports comme celui de Genève. En d’autres termes, ces compagnies veulent que les passagers pour les vols long-courriers choisissent de passer par eux, plutôt par les autres grands aéroports de l’Europe (Londres, Paris, Madrid, etc.). Cette attractivité est aidée par les prix « très compétitifs ». Pour la Suisse, cette croissance n’est pas sans poser des problèmes stratégiques puisque selon Antonello Laveglia, porte-parole de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) «La politique aéronautique à long terme de la Suisse vise à assurer des liaisons et connexions optimales pour notre pays »
Or, cette politique est mise en question puisque la compagnie, qui est parfois associée avec Pierre Maudet (l’entreprise Dnata !), semble avoir reçu en 2017 l’autorisation de la 5e liberté (une autorisation d’assurer des vols vers la Suisse et vers des destinations hors Europe) : ceci malgré la réticence de l’OFAC, qui recommande de n’accorder des droits de trafic qu’avec « parcimonie et à titre exceptionnel » à des compagnies extra européennes. Par exemple, la compagnie pourrait décider d’offrir un service entre, par exemple, le Mexique et Dubaï via Genève. Et puisque rien n’oblige le passager de prendre le vol entre Genève et Dubaï, c’est l’équivalent de l’offrir Mexique-Genève par une compagnie étrangère à la Suisse.
Alors, qui a pris la décision d’offrir ce « Graal » à Emirates ? Est-ce que d’autres compagnies (Etihad, Kuwait Airlines, Qatar Airways, Turkish Airlines) recevront le même cadeau : celui-là même qui convertira Genève en un Hub et qui aura comme conséquence beaucoup de départs des vols long-courriers le soir, souvent après 22h (comme prévoit notre fameux PSIA) ?
Il y a également l’accord entre Emirates et easyJet, qui équivaut à un vol en transit, sauf que le passager récupère ses valises d’un vol pour ensuite les mettre sur une réception à côté. Tous ces « transits » n’apporteront rien au canton, mais peuvent augmenter encore les vols de nuit. En d’autres termes, on verra une diminution de l’offre pour les vols en Europe, sauf, bien sûr, easyJet et (peut-être) Swiss et Lufthansa, mais une nette augmentation des vols de nuit qui pourraient influencer négativement les fameuses courbes de bruit !

auteur : Mike Gérard

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