07.10.2018 par ro
num.283 novembre 2018 p.15
Des interventions d'Ignace Jan Paderewski

Des interventions d'Ignace Jan Paderewski en faveur de la restauration de l'indépendance de la Pologne

Déjà à quelques années avant l'éclatement de la Première Guerre Mondiale, mais surtout dans les années des hostilités, Paderewski, célèbre pianiste polonais et, en même temps, un orateur très éloquent (en polonais, français et anglais), devint un véritable "porte-parole" de la cause de la Nation polonaise combattant depuis plus d'un siècle pour son indépendance.
Référons-nous brièvement à quelques-unes de ses interventions orales et écrites montrant ses convictions et sentiments envers sa Patrie.

Un jour en 1910, il formula son "credo" patriotique du serviteur de la Nation polonaise en termes suivants : "La défense de la cause nationale exige un effort continu, constant, persévérant, inflexible, pleine de sacrifice, sans aucune relâche, qui est transmis d'une génération à l'autre".

En parlant de Chopin, Paderewski voyait dans la musique de ce grand compositeur polonais une source d'inspiration nationale, car, disait-il, "en lui (dans ses compositions) apparaît entièrement l'âme de la Nation polonaise. Cela nous appelle à fortifier nos coeurs pour résister avec persévérance, pour entreprendre des actions héroïques et justes, pour renforcer notre foi" (discours prononcé à Lemberg /Lwow en 1910).

En 1915 Paderewski s'est rendu aux Etats-Unis pour y plaider la cause polonaise en qualité de délégué du Comité National Polonais (Paris) et de représentant du Comité du secours aux victimes de la guerre en Pologne (Vevey).

En s'adressant aux Polonais à New York (le 22 mai), il invoquait que "le désir de voir renaître la Pologne grande, puissante, libre et souveraine était et l'est toujours le but essentiel de ma vie". Et, pour contrarier des actions de germanisation contraignantes contre le peuple polonais, il recommandait : "N'abandonnons pas nos terres, gardons notre esprit national. Résistons, en attendant la venue de l'indépendance".
Le lendemain (le 23 mai), il adressa aux Polonais en Amérique des paroles d'encouragement : "J'ai confiance - disait-il - en force indescriptible de la Nation polonaise et en sa grande mission à accomplir sur cette terre. L'indépendance de ma Patrie est une nécessité historique. La restauration de son indépendance est seulement une question de temps".

Une autre fois, dans son discours prononcé à l'occasion d'un concert qu'il a donné au bénéfice des victimes de la guerre en Pologne, il disait : "Fidèle aux traditions nationales polonaises et aux valeurs spirituelles de nos ancêtres, je ne cherche pas à apporter l'aide uniquement à mes frères polonais par sang et confession, mais à tous ceux qui, sans aucune distinction de race, d'origine et de religion, partagent en commun le malheur indescriptible qui frappe actuellement ma Patrie ".
Dans le même esprit de fraternité, il lance lors d'une réunion publique des Polonais tenue à Chicago (1916) : "Allons-nous ensemble reconstruire la Pologne indépendante, intégrale et libre pour toujours !"
"Dans la Pologne libre - écrit-il dans une lettre (du 2 mars 1915) - tous les citoyens doivent être égaux devant la loi, à condition seulement qu'ils soient, la religion à part, absolument solidaire avec l'ensemble de la Nation".

En janvier 1917, Paderewski soumet au Président Wilson un "Mémorial" en faveur de la cause polonaise. On y lit ceci, entre autres : "Dans l'intérêt de l'humanité, au nom de la liberté et de la justice, la cause polonaise doit être résolue par la restauration de la souveraineté de la Nation polonaise. La Pologne a le droit de redevenir un Etat indépendant. Telle est la volonté du peuple polonais tout entier".

En tenant discours devant les membres de la Ligue nationale de la Sécurité des Etats-Unis à New-York (3 mars 1918), Paderewski soulignait d'avoir pris parole en tant que "représentant du Pays, victime de démembrement cruel (par les 3 monarchies voisines/jak) et de la Nation mise en esclavage, mais qui n'est pas devenue esclave, et dont l'esprit et la volonté restaient toujours invincibles.
La future Pologne à reconstituer devra rassembler, disait-il, toutes les terres polonaises où malgré des cruelles oppressions, confiscations, expropriations et colonisations la majorité de la population est restée polonaise".

Après la fin de la guerre, Paderewski, alors le premier ministre et le ministre des affaires étrangères de Pologne, continue sa mission en plaidant en faveur de la Pologne, de ses rêves sur le forum de la Conférence de Paix tenue à Paris en 1919.
Fidèle à sa vision de la nouvelle Pologne il présenta, en s'adressant à la Diète à Varsovie en 1919 sa recommandation en matière de politique internationale : "Choisissons de vivre - disait-il - en bonne intelligence avec tous nos voisins et entretenons avec eux des rapports amicaux."
Aussi, à nos jours, cette recommandation donnée jadis par le grand Polonais garde elle une portée mondiale. J.A. Konopka
 

auteur : rédacteur occasionnel

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