15.01.2024 par MG
num.335 février 2024 p.24
2023 : encore davantage de secrets (parfois découverts)

Il arrive souvent que les grandes entreprises gardent des secrets, parfois en ne reconnaissant pas leurs erreurs le plus longtemps possible. En Angleterre, une grande société informatique a insisté pendant 20 ans sur le fait que son logiciel était parfait, jusqu'à ce qu'un chercheur prouve publiquement le contraire.

Ce type d'histoire a eu lieu dans de nombreux pays, même ici en Suisse, il y a quelques exemples au cours des dernières années. Aujourd'hui encore, des rapports indiquent que le gouvernement fédéral a la capacité d'espionner les gens via leurs téléphones portables, ou peut-être en accédant à des sites web sur leur ordinateur personnel. Il semble très probable que nos communications électroniques soient enregistrées, éventuellement par des organisations situées dans des pays étrangers. Grâce au nombre de caméras "espionnes" et à la reconnaissance faciale très efficace, nous pourrions être identifiés électroniquement et suivis dans tout le pays, voire dans le monde entier.

Il existe des soupçons crédibles selon lesquels de grands pays veulent traquer des individus qui pourraient constituer une menace pour eux, éventuellement par le biais des médias sociaux. Parfois même, des entités virtuelles créées grâce à l'intelligence artificielle ont des milliers d'adeptes qui les considèrent comme "influenceurs", croyant tout ce qu'elles disent ou écrivent. Ces progrès en matière d'intelligence artificielle (ChatGPT et autres produits connexes) peuvent même permettre de créer une vidéo réaliste d'une personne bien connue censée dire des choses qu'elle n'a jamais affirmées.

En quoi cela nous concerne-t-il en Suisse, et plus particulièrement dans le canton de Genève ? J'y ai pensé en me rappelant que la Commission consultative pour la lutte contre les nuisances du trafic aérien (CCLNTA), dont j'ai été membre pendant un certain temps, avait l'habitude de rendre publics les procès-verbaux de ses réunions, une fois qu'ils avaient été approuvés. Cependant, même après l'acceptation d'une initiative visant à rendre la gouvernance de l'aéroport plus ouverte, le résultat aujourd'hui est que la nouvelle commission, appelée Commission Consultative pour l'Accompagnement de l'Évolution de la Plateforme Aéroportuaire (CCAEPA), est moins ouverte (plus secrète) que ne l'a jamais été la CCLNTA.

Il est raisonnable de supposer que le mouvement politique actuel, avec un Conseil d'État genevois de droite, n'est pas susceptible de changer cette situation. En réalité, l'aéroport est aujourd'hui fortement sous l'influence du PLR, avec l'actuel Ministre de Tutelle, le nouveau président du Conseil de l'aéroport, et l'actuel ministre de l'Intérieur, Albert Roesti.

Des annonces ont été faites concernant le développement futur de l'aéroport jusqu'en 2035 (un peu comme l'immense projet "Cointrin Vision" d'il y a quelques années). Les règles officielles du "Secret de Fonction" signifieront presque certainement que nous ne saurons que très peu de choses sur ce qui est proposé, combien cela coûtera et quel sera l'effet sur les nuisances de l'aviation pour les très nombreux voisins de l'aéroport. Il y aura sans doute des références élogieuses aux progrès techniques (carburant synthétique, hydrogène ou énergie électrique, avions moins bruyants et moins polluants, capture du carbone, etc.). Il pourra y avoir un important commerce de crédits de carbone, comme dans le cas récent où la Suisse en a reçu pour avoir aidé la Thaïlande à passer à des véhicules de transport public fonctionnant à l'électricité à Bangkok, ce qu'elle aurait pu faire de toute façon.

J'en reviens donc à ma principale inquiétude, à savoir que les partis politiques de droite pousseront à la croissance économique, tout en se contentant de peu d'actions locales en faveur du climat et contre les nuisances aériennes. Nous n'en saurons presque rien parce que les quelques personnes qui font partie de ce groupe devront se taire de peur d'être poursuivies si jamais elles communiquent quelque chose couvert par leur Secret de Fonction.

Je pense à certaines personnes dans ce pays à qui cela est arrivé et qui ont été accusées d'informer le public, même si elles ont finalement été innocentées.

auteur : Mike Gérard

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