La signalétique PEGI, qui renseigne sur l’âge minimum recommandé en matière de jeu vidéo, fête ses 20 ans. L’occasion pour notre chroniqueur de revenir sur son utilité, son fonctionnement, et sur sa pertinence en Suisse. 
Créée en 2003 par une organisation professionnelle de l’industrie européenne de jeu vidéo, la Pan European Game Information (PEGI) organise la classification des jeux distribués dans le commerce et sur les plates-formes en ligne. Sa signalétique comprend des âges (3 ans, 7 ans, 12 ans, 16 ans, 18 ans) et des descripteurs de contenu (violence, drogue, sexe, etc.). L’âge est directement influencé par le type de contenu présent dans l’œuvre, et n’est donc pas le reflet du niveau de compétences nécessaires pour profiter du jeu. De même, un jeu labellisé « 3 ans » n’est pas nécessairement un jeu réservé aux enfants, mais tout public. Entre 2003 et 2015, une majorité relative de jeux (42 %) ont reçu cette appréciation.
L’âge recommandé est indiqué au recto de la boîte de jeu, et les descripteurs de contenu figurent au verso. Impossible de les manquer, ils sont clairement visibles.
Comme pour le cinéma et la télévision, le regard parental joue un rôle important. Certains enfants peuvent avoir un peu « d’avance » quant à leur maturité face à certains types de contenu (par exemple les grossièretés). À l’inverse, mineurs comme adultes peuvent conserver une répulsion à certains niveaux de violence ou à des thématiques telles que les drogues, et utilisent cette signalétique afin d’éviter ce qui ne leur convient pas personnellement. 
Cette signalétique a-t-elle force de loi en Suisse ?
Prochainement, oui ! Le processus législatif, initié il y a quelques années entre le Parlement et le Conseil Fédéral, devrait aboutir dans le courant de cette année. Un texte, voté en 2022 par les deux chambres du Parlement, donne à tout vendeur ou organisateur d’événement la responsabilité de faire respecter les âges recommandés. Pour s’assurer du bon respect de la loi, l’État pourra procéder à des contrôles.
Cette solution convient à l’industrie du jeu vidéo, qui voit sa signalétique directement reconnue. 
Les âges sont-ils déterminés en toute indépendance ?
En théorie, oui. La classification n’est pas directement faite par la PEGI, mais par un organisme indépendant situé dans les Pays-Bas. Si un éditeur de jeux est insatisfait de la décision rendue, il peut faire appel directement auprès de la PEGI.
L’on peut imaginer une situation où l’industrie du jeu vidéo, frustrée par les verdicts rendus, choisirait de travailler avec une autre entité. En bref, un scénario de chantage au mandat. Cela n’est pas impossible, mais éveillerait tout de même de grands soupçons sur les raisons d’une telle manœuvre.
L’industrie du jeu vidéo a tout à gagner dans le statu quo : le caractère pan européen de la norme permet de simplifier les démarches dans un continent aux langues et aux cultures très différentes les unes des autres. Ce système est également préférable pour elle comparé à un organisme géré par l’État, qui fixerait en amont ses propres critères, comme c’est le cas en Australie. 
Comment bloquer les jeux au-dessus d’un âge recommandé ? 
Avant tout, il faut rapeller que l’attention parentale est la première des barrières. face aux contenus inappropriéspour l’âge de l’enfant. Aucune solution technologique ne se substituera à la responsabilité de le surveiller et l’accompagner dans ses pratiques, afin d’en comprendre les tenants et les aboutissants, les bénéfices et les risques.
La machine peut prêter main forte aux parents en limitant l’accès aux jeux au-dessus d’un certain âge, mais aussi en leur composant un rapport régulier sur la durée de jeu par oeuvre. Ces fonctionnalités de « contrôle parental » sont à configurer dans les paramètres de la console ou de l’ordinateur utilisé par l’enfant. Au besoin, il est possible de se référer au manuel de l’appareil ou au site internet du constructeur pour obtenir de plus amples d’informations. Le contrôle parental est disponible sur toutes les consoles entrées sur le marché depuis 2004 environ.
Texte : Yann Rieder 
