07.02.2023 par JROC
num.326 mars 2023 p.16
F.C. Collex-Bossy - Marcel Pesenti dit Mimi

Inoxydable

Au travers d’un parcours footballistique et humain peu banal, c’est l’histoire d’un enfant de Collex et de la création du club de football local au sein de ce qui était à l’époque, un petit village de la campagne genevoise.
Ecolier, Mimi aime le foot et en joue régulièrement près de l’école. Mais le village ne possède ni terrain ni équipe. Alors, à 10 ans, il se décide à venir frapper à la porte du FC voisin. Malgré son jeune âge, on l’incorpore au groupe juniors B du Football Club Versoix. Les années passent. Il fait ses classes et à 18 ans, il joue en juniors A. Il raconte :

Mes débuts à Versoix

« On avait une sacrée équipe de A ! Y avait G. Marchi, F. Escoffey, J. Salzmann, Hager. La première équipe avait vu le départ en cours de saison 1959/60 de plusieurs titulaires.
L’entraîneur Rolla est venu nous chercher pour les 5 derniers matchs du championnat de 1ère Ligue. Nous sommes restés 2 ans avec le groupe. Nous étions plusieurs de Collex au FCV. On se retrouvait souvent derrière l’école. Un jour le concierge nous dit : au lieu d’aller jouer à Versoix, pourquoi vous ne créez pas un club ici ?

Un champ aux Sorbiers pour terrain de jeu

Avec Pino Crispini et Louis Girod (qui nous ont malheureusement quittés) on se dit : si on trouve un terrain, on crée un club. On finit par trouver une solution car René Besançon nous donne accès à un champ parsemé de quelques arbres, en dessous de l’école, direction Bellevue.
Il a donc fallu annoncer la nouvelle ainsi que celle de mon départ de Versoix au président Nounou Miège. L’accord tomba sous la forme d’un prêt d’une saison. Nous sommes en 1962. Je jouais en 1ère ligue à Versoix et je me retrouve en 4e ligue à Collex. Mais en 1968 déjà, le club est en finale pour accéder à la 2e ligue.

Déménagement forcé à l’actuel stade Marc-Burdet

Le terrain des Sorbiers se retrouve déclassé en zone constructible. Nous devons donc quitter les lieux et chercher un nouvel emplacement. C’est là que Marc Burdet nous a dit : je vous donne un terrain, à vous de l’aménager. On l’a fait. Avec les succès et les années, nous avons eu besoin de surfaces supplémentaires. Viendront s’ajouter 2 terrains toujours grâce à la générosité de la famille Burdet sans qui le club aurait pu disparaître.

Actuellement, les terrains sont devenus propriété de la commune. Les frais de fonctionnement (infrastructures et budget du club) sont partagés sous l’égide d’un Groupement intercommunal regroupant Bellevue, Collex, Genthod et Chambésy. A ce sujet, un vœu, plutôt un besoin serait que nous puissions, dans un avenir proche, enfin disposer d’un terrain synthétique. La surface existe, il s’agirait du terrain C actuel.
Un mot encore sur la relation entre le FCCB et le FC Versoix. Il fut un temps où c’était chaud, tendu.
Pour rétablir une entente je dirai plus normale, j’avais eu l’idée de parler à Jean-Claude Roder alors président du FCV. Après réflexion, il a accepté de venir jouer à Collex car nous avions la meilleure équipe de vétérans à cette époque. Je pense que ceci nous a permis de retrouver une bonne entente. Elle se traduit concrètement aujourd’hui par le Team Léman, équipes composées de joueurs des 2 clubs qui rencontre un vrai succès sportif. Avec le recul, ces bons résultats devraient permettre de garder des joueurs qui, sans cela, seraient partis sous d’autres horizons.

Anecdote : vestiaires et spaghettis

Au début, nous n’avions pas de vestiaires. On devait aller se changer à l’école et se laver dans un bassin à l’eau froide. Mes parents qui habitaient à 200 m. nous alors proposé de venir à la maison après les matchs. Toute l’équipe débarquait dans la cuisine, ma maman préparait les spagouses et nous allions nous doucher chacun à son tour. La situation a évolué lorsque, le maire M. Maréchal nous dit : « La commune n’a pas de moyens mais on vous met à disposition un vide sanitaire haut de 80 cm qui se trouve sous l’école. Si vous creusez vous-mêmes, on vous fait les douches et toilettes. » On s’est mobilisé à 30 ou 40 pour creuser les 2 m 50 à la pioche et avec l’aide des machines des agriculteurs. On avait nos vestiaires.

Le foot c’est ma vie

 

Joueur véloce, Mimi avait, selon l’expression consacrée, les deux pieds. Précieux pour une équipe ! Aujourd’hui à 82 ans (61 ans après la fondation du FCCB) il en est le vice-président.
Après s’être occupé des jeunes pousses à l’école de foot pendant 12 ans et des vétérans pendant 27 années, il garde intact le plaisir de se retrouver au sein d’un groupe et se marrer dans le vestiaire. La vivacité qu’il avait sur le terrain, il l’exerce encore en étant aux petits soins pour les joueurs de la première équipe. « A part ma famille, moi c’est le foot ! Mourir d’un arrêt cardiaque au bord d’un terrain, pourquoi pas mais le plus tard possible ».


Interview Jacques Rochat

auteur : Jacques Rochat

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