17.11.2021 par ALBB
num.314 déc.2021-janv.2022 p.05
Le 0.7% ... une longue histoire

Le 24 octobre 1970, lors de la session annuelle de l'ONU, ses pays membres ont accepté la résolution demandant aux pays développés de consacrer 0.7% de leur revenu national brut à l'aide publique au développement des États qui en avaient besoin. Depuis, les objectifs de développement durable ont été ajoutés afin de respecter les engagements pour le climat. Cette mesure devait être appliquée dès le 1er janvier 1971 et n'est réellement appliquée que par six pays.

Dans notre pays, cette ligne budgétaire augmente petit à petit certes, mais sans jamais atteindre l'objectif fixé internationalement. En 2020, la Suisse a consacré 3,343 milliards de francs à l’aide publique au développement (APD). En proportion du revenu national brut (RNB), l’APD suisse atteint 0,48 pour cent. Notons que dans ce total, 303 millions ont été dépensés pour les coûts d'assistance aux réfugiés dans notre pays.

La Suisse est la 9ème sur 29 au classement des pays contributeurs, loin derrière les pays nordiques emmenés par la Suède (1.14%), mais elle devance de grandes puissances telles que les USA ou le Canada. Elle est au-dessus de la moyenne (0,41). (voir tableau)

C'est en octobre 2001 que le Grand Conseil genevois a adopté la loi qui prévoit que 0.7% du budget annuel de fonctionnement du Canton doit être consacré à la solidarité internationale. Ce but n'a encore jamais été atteint, bien que les montants alloués augmentent au fil des ans. En 2020, le pourcentage est de 0.20%, soit 17'762'013.- (17'211'216 en 2015) pour l'Etat de Genève. Il faut toutefois noter que 13 communes sur 45 dépassent l'objectif.

Tous les cinq ans, la Fédération Genevoise de Coopération (FGC) compile les montants alloués pour la coopération au développement, l’aide humanitaire, les droits humains/la promotion de la paix/la résolution des conflits et la sensibilisation du public par les entités publiques à Genève (Canton et communes). Cela donne une bonne idée quant à l'évolution de ce dossier. L'analyse des chiffres de 2020 vient d'être publiée. Elle est disponible sur internet avec des tableaux et plans interactifs faciles à comprendre. Un travail de titan, puisque pas moins de 406 organisations ont présenté des projets soutenus parfois par plusieurs entités ; 1524 contributions leur ont été versées.

Dans cette étude, on constate que la Ville de Versoix a versé 178'150.- (161'200 en 2015), soit 0.44 % de ses charges de fonctionnement à des projets. Pratiquement 90%, soit 154'521.- ont été attribués pour le développement principalement en Afrique (Burkina Faso - Ouganda - Bénin - Mali - Sénégal) et en Amérique du Sud (Bolivie - Brésil - Colombie - Haïti), mais également dans d'autres région comme le Yémen. 17'815.- ont été consacrés à l'aide humanitaire (Liban - Népal et Yémen). Par ailleurs, 1'540.- sont allés au Fond d'information de la FGC qui permet notamment de participer à des événements dans le canton pour sensibiliser le public aux réalités vécues dans d'autre région du monde. 4'274.- ont permis à la FGC d'assurer un suivi sérieux des projets sélectionnés dans le cadre de l'accord cadre signé avec la Ville. Le total représente une moyenne de 13.31 francs par habitant et par an.

La commission de la Cohésion Sociale du Conseil municipal est très sensible à la question de l'aide au développement et analyse chaque année avec beaucoup de soin et d'intérêt tous les projets présentés, dont ceux de la Fédération Genevoise de Coopération (FGC). D'ailleurs, elle auditionne annuellement un ou plusieurs de ses membres. Selon Ornella Enhas, Conseillère administrative responsable de ce dicastère, la Ville de Versoix consacre 0.7% des recettes fiscales de personnes physiques à la solidarité internationale (en 2020 ces recettes s’élevaient à 25 450 000 CHF, donc 0.7% est égal à 178 150 CHF).

Le 0.7%, c'est l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein, un but jamais atteint. Aider les pays en voie de développement bénéficie pourtant à toutes les parties. Les habitants d'une région ne quittent pas leur famille ou amis de gaieté de coeur. Risquer sa vie pour atteindre un endroit plus sûr pourrait être évité simplement en offrant un avenir sur place. En améliorant l'existence des habitants de régions peu favorisées, on évite leur exil forcé et les tensions politiques à leur arrivée dans les pays dits riches.

Il n'est d'ailleurs pas inutile de rappeler que la Suisse, jusqu'en 1940, était un pays si pauvre que des citoyens la quittaient pour tenter leur chance ailleurs, principalement aux Amériques. Par exemple, 44'000 de ces réfugiés économiques ont fui en Argentine. Peut-être que ce nom faisait rêver ? De nos jours, ce pays abrite la plus grande diaspora suisse d'Amérique Latine, soit 300'000 personnes.

La roue de l'histoire a métamorphosé notre pays et l'Europe, pourquoi ne pas donner leur chance à d'autres régions du monde ?

Plus d'info :
https://fgc.federeso.ch ou
https://omnibook.com/view/a3d6ca87-8083-4350-a65c-871e2c5d2836/EPUB/index.xhtml#

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

<< retour