04.04.2011 par JJ
num.200 juil. 2010 p.06 Deux Versoisiens s' expriment à propos de l' armée suisse 1
Dans un monde de communication, a-t-on encore besoin d’une grande Muette ? J’ai été réformé de l’armée et je sers dans la protection civile, tout en payant mes impôts militaires chaque année, soit 3% de mes revenus imposables ou 200 francs au minimum. Les réformés sont astreints à cet impôt spécial pour compenser la différence de jours de service avec nos petits camarades défendant fièrement la nation contre un ennemi imaginaire. Oui mais voilà, l’armée est à sec et il faut de l’argent pour les nouveaux avions, remplacer les chars, les blindés, les obusiers, les nombreux véhicules, bref le matériel d’armement conventionnel. Où trouver cet argent? Le parlement a réduit le budget de l’armée constamment depuis des années. Ne reste donc plus que les citoyens. L’armée a donc fait passer une modification de loi, votée donc par le parlement fédéral, pour proposer une série de mesures qui permettront sans doute quelques économies de bout de chandelle ici et là dans l’administration tout en recevant de nouvelles recettes. Prenons la mesure qui va concerner une bonne partie des exemptés: la taxe minimum passe de 200 à 400 francs. Concrètement cela signifie que ceux qui sont en études (y compris donc ceux qui vont faire leur service mais ont repoussé l’école de recrue ou un cours de répétition) vont maintenant payer le double. Il s’agit quand même d’une bonne partie des jeunes en formation, l’armée réformant de plus en plus ou accordant des dérogations pour repousser l’école de recrue pendant les études. Donc, le parlement ne veut pas donner plus de moyens à l’armée, en revanche il approuve l’augmentation d’un impôt fondamentalement injuste puisque ne touchant qu’une partie bien définie de la population. N’est-ce pas hypocrite? Passé le coup de sang, la question posée en titre m’apparaît comme capitale. En tant que réformé, je suis doublement responsable du financement de l’armée par mon impôt fédéral sur le revenu ET par mon impôt spécial de 3% sur mes revenus imposables ou 400 francs minimum. Qui paye, décide: c’est bien ce que dit le dicton. Alors j’aimerais bien décider. Cette armée ne me convient pas. Qu’on ne vienne pas me servir du patriotisme mal placé sur son efficacité contre les menaces actuelles: l’armée actuelle se prépare tant bien que mal face à une menace conventionnelle... qui n’existe pas. En forçant un peu le trait, on peut dire que l’armée actuelle a deux effets: elle permet à des jeunes de consommer de l’alcool et des drogues dans un cadre sécurisé; elle offre une pléthore d’emplois de fonctionnaires à l’utilité plus que relative. Elle a aussi un but principal non affiché: flatter l’égo «y’en-a-point-des-comme-nous» des passéistes qui pensent que la Suisse est bien à l’abri du monde dans son réduit entouré de montagnes. Il est temps que ceux qui payent décident! Je ne veux plus payer pour un stock de matériel de guerre conventionnel trop conséquent et donc inutile. Il est temps de se réveiller, les conflits du futurs seront basés sur les communications, car notre société toute entière est fondée sur les communications.
Que fait l’armée suisse pour protéger les systèmes informatiques de la confédération contre les attaques régulièrement perpétrées contre les différents départements, DFAE en tête? A ces menaces virtuelles aux conséquences bien réelles, s’ajoutent les menaces terroristes. Que fait l’armée pour estimer le niveau de risque en matière de terrorisme? L’armée ne devrait-elle pas renforcer son pôle de renseignement, de lutte contre les attaques informatiques plutôt que de jouer les fiers à bras avec son nouveau char blindé ou autre joujou inutile et coûteux?
M. Maurer, vous jouez l’aveugle au royaume de la Grande Muette, ça pourrait être cocasse, mais c’est de notre sécurité dont on parle... Je vous demande donc d’ouvrir les yeux et de vous lancer sans tarder dans la réforme nécessaire de votre département, car faire face aux dangers d’aujourd’hui et de demain demande autrement plus de vision et de courage que les atermoiements et la naïveté de Oui-Oui au pays des Merveilles. auteur : Jérémy Jaussi
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