15.01.2021 par MG
num.305 février 2021 p.06
Wengen, le Lauberhorn et le COVID

Au début janvier, j’avais l’intention de traiter comme sujet cette question : pourquoi les courriers de lecteur contenant des remarques concernant notre aéroport, envoyés à la Tribune de Genève, ne sont pas toujours sélectionnés pour être publiés.
Or, avec l’annulation des courses de ski à Wengen à cause de la flambée de cas de la nouvelle souche britannique du COVID-19 dans la station, il y a un lien entre les deux sujets.

Avant de traiter ce sujet en détail, voici mon courrier envoyé à la Tribune, qui présente une chronologie relative aux vols pour les skieurs venant du Royaume-Uni.

Octobre 2020: découvert au Royaume-Uni d'une nouvelle souche du COVID.
10 décembre: les études dans le sud de l'Angleterre indiquent une probable dangerosité.
14 décembre: le Conseil fédéral déclare que le Royaume-Uni n'est pas considéré comme un pays à risque: ces skieurs sont les bienvenus.
18/19/20 décembre: les skieurs britanniques commencent à venir à Genève.
19 décembre: Boris Johnson reconnaît publiquement la dangerosité de la nouvelle souche.
21 décembre: quarantaine rétroactive et interdiction d'entrée pour les voyageurs venus du Royaume-Uni. La Suisse suspend les liaisons aériennes avec le Royaume-Uni.
31 décembre à minuit: le BREXIT: le Royaume-Uni n'est plus en Europe !
1 janvier 2021: recommencement de tous les vols depuis une douzaine d'aéroports au Royaume-Uni.
1/2/3 janvier: plus de 50 atterrissages des vols venant du Royaume-Uni.

Selon de l’information reçue récemment par le directeur de l’aéroport, entre le 21 décembre et la veille de Noël, il y a eu une modification annulant la suspension des liaisons aériennes avec le Royaume-Uni. A sa place l’OFAC avait autorisé les compagnies d’aviation à recommencer à opérer des vols entre les deux pays pour permettre les personnes ayant le droit d’entrée en Suisse de revenir, et vice versa. Or, en réalité, avec l’exception de quelques vols de la compagnie Swiss entre Genève et Londres, ces vols de rapatriement n’ont recommencé que le premier janvier 2021.

En même temps, le 27 décembre, il a été décidé d’inscrire le Royaume-Uni sur la liste des pays à quarantaine.

Revenons en arrière ! Au début décembre, sachant que les skieurs britanniques pourraient commencer à venir du Royaume Uni ce weekend du 18/19/20 décembre et qu’il y avait déjà dans la presse britannique des inquiétudes d’une flambé des cas ce COVID-19 au sud-est de l’Angleterre, j’ai contacté quelques personnes politiques pour faire part de mon souci. En réponse, Isabelle Pasquier, membre du parlement, avertie que la direction de l’aéroport avait exprimé le désir de pouvoir faire des contrôles de santé aux passagers débarquant, avait soumis au Conseil Fédéral la question suivante :
- Quelles mesures de prévention Covid-19 dans les aéroports?

On peut très bien comprendre le désir de garder ouvertes les stations de ski et d’accepter des skieurs d’autres pays, mais la réponse au 14 décembre du conseiller fédéral, Alain Berset manquait sa cible : A l'heure actuelle, le Royaume-Uni ne répond pas aux critères pour être considéré comme un Etat présentant un risque élevé d'infection. Aucune mesure sanitaire n'est donc prévue pour les personnes en provenance de ce pays. Mais il faut cependant noter que le Royaume-Uni exige quant à lui une quarantaine de 14 jours pour toute personne provenant de Suisse.
Les stations de ski et tous les autres prestataires de services ont dû développer et mettre en œuvre des concepts de protection. Il incombe aux cantons d'en vérifier l'application et de les contrôler.

En conséquence, il n’y avait que très peu de contrôles sur les passagers du Royaume-Uni qui ont débarqué des 58 vols du 18/19/20 décembre.

Selon le journal 20 Minutes du 13 janvier, la contamination qui a eu comme conséquence une septantaine de cas de la souche britannique, a eu à l’origine un seul touriste anglais. Nous ne savons pas quand et comment cette personne est venue à Wengen, qui est très populaire pour les skieurs d'Outre-Manche. Il est également tout à fait possible qu'elle n’avait aucune idée qu’elle pouvait transmettre le virus. Néanmoins, il est évident que la réponse du Conseil Fédéral, via Monsieur Berset disant qu’il incombe aux cantons d'en vérifier l'application et de les contrôler, était trop optimiste.

Dans cette triste histoire, on ne peut en aucun cas accuser une personne en particulier. Néanmoins, c’est une illustration qu'il faut examiner les risques et les conséquences possibles quand on essaie de trouver le bon équilibre entre la santé et l’économie !

PS : après avoir écrit cet article, on m’a informé que le vendredi 15 janvier, la commission parlementaire de la sécurité sociale et de la santé publique a publié un communiqué de presse intitulé

UN TEST NÉGATIF DOIT ÊTRE EXIGÉ POUR L’ENTRÉE EN SUISSE DEPUIS UN AÉROPORT

La commission a décidé d’adresser une lettre au Conseil fédéral afin de lui soumettre plusieurs recommandations.

En même temps j’ai appris que plusieurs aéroports dans le monde, notamment ceux du Royaume-Uni et des États-Unis, proposent d’adopter des mesures similaires.
 

auteur : Mike Gérard

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