22.09.2020 par YR
num.302 octobre 2020 p.11
Édito politique : vive le multipartisme versoisien !

Édito politique : vive le multipartisme versoisien !

Chères lectrices, chers lecteurs, nous vous devons une confession. À cet endroit, vous auriez dû lire un édito politique consacré aux commissions du Conseil municipal, et à leur huis-clos. Or, tout a changé après la séance de septembre de ce même Conseil municipal — et le sujet des commissions s'en est retrouvé remisé pour un mois dans notre tiroir.

L'objet le plus débattu, ce soir de séance, était celui de la possible densification d'une zone villa située à la Grande-Ouche — comme nous vous le relatons dans le compte-rendu de cette séance imprimé sur l'une des pages de ce numéro.

Force est de constater que chaque parti a défendu "son" idée sur le projet. Bien que les modalités de vote n'offrent pas la place à beaucoup de subtilité (les élus peuvent simplement voter pour, contre, ou s'abstenir), les représentants de chaque formation politique ont fait preuve de nuance.

Là où le PS s'est montré en faveur d'une densification sur le principe mais s'est abstenu sur le cas d'espèce, le PLR a refusé en bloc la densification de zones villas qu'il faut selon lui « défendre ». La protection des arbres environnants a été érigée en l'une des raisons principales du refus des Verts. Enfin, le PDC a regretté un manque de concertation de la part des initiants du projet immobilier.

Chaque formation partisane a défendu son bout de pain, sa façon de voir le monde, sans faire le jeu des alliances et des oppositions stratégiques. Dans ce débat, ce sont les idées qui ont triomphé, et pas le poids d'une majorité déjà cimentée, déjà calculée, déjà décidée, dont les uns célèbrent la clarté de vue, et que les autres décrient pour leurs erreurs de jugement.

Oui, les résultats de chaque match démocratique à Versoix ne sont désormais plus connus à l'avance.

La nouvelle composition du Conseil municipal — donnant depuis ce printemps un poids comparable au PLR, au PDC et aux Verts — a brisé le schéma d'une Entente unie. L'on peut se risquer à théoriser que le maintien de M. Chappatte (PDC) au deuxième tour l'élection au Conseil administratif, une obstination qui a coûté son siège au candidat PLR Jean-Marc Leiser, a mis le dernier coup de canif dans le tandem PDC-PLR.

Quant à la possible fraternité entre Verts et socialistes versoisiens, celle-ci n'a jamais vraiment été à la hauteur de ce qu'elle peut être au niveau cantonal et fédéral. La polémique autour du départ de M. Zimmermann (ancien élu PS à Versoix), en mars dernier, n'a rien arrangé entre les deux partis.

L'inévitable majorité d'approbation des projets du Conseil administratif lors de la législature 2015—2020, alors composée du PDC et du PLR, semble s'être dissoute au profit d'une plus grande individualité dans les prises de positions. Dans le cas du projet de la Grande-Ouche, le vote de ces deux partis est le même, mais le raisonnement diffère significativement.

Dans un monde politique où la tentation bipartisane des "bons alliés" contre les "méchants adversaires" progresse, ne boudons pas notre plaisir devant un Conseil municipal de Versoix qui semble désormais prendre le chemin de la politique des opinions affirmées plutôt que celles des solutions de consensus mou entre alliés d'un même bord. Le mythe Suisse d'une démocratie d'idées plutôt que d'appareils, basée sur un certain pluralisme, semble aujourd'hui renaître à Versoix.

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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