19.05.2020 par MG
num.299 juin 2020 p.05
Un pays de secrets !

Ce que vous lisez ici a été écrit après avoir lu dans Le Temps un article intitulé « Google est-il plus transparent que l’OFSP concernant les données de localisation? »

Nous savons qu’en Suisse, on n’aime pas trop en dire. Or, avec l’informatisation de notre société, certains « secrets » sont dévoilés et deviennent des sujets de reportages dans les médias.

Voici une liste, forcément incomplète, de tels « secrets » en rapport avec l’aviation, plus particulièrement à Genève.

Il y a quelques semaines la presse a cité le nom d’un entrepreneur qui a fait venir depuis la Chine des avions remplis de masques censés aider à protéger contre le fameux coronavirus. On a également appris que d’autres personnes, qui s’étaient déjà portées acquéreur de ces masques, les ont revendus à d’autres pays, souvent avec de gros bénéfices. Pourtant, le département fédéral qui avait autorisé lesdites ventes refusait de publier les noms des intervenants.

Très récemment, on a pu lire l’histoire de quelques enfants russes très malades qui sont venus à Genève dans un avion de la compagnie Albinati Aéronautique. Il est par contre moins connu que l’aviation d’affaires continue à effectuer des trajets entre Genève et d’autres pays, non seulement en Europe (apparemment aucun problème pour traverser les frontières, en particulier entre la Suisse et la France), mais aussi vers d’autres pays très lointains (y compris des petits dont la réputation est de cacher les fortunes des riches). La liste de ces vols n’apparait nulle part sur le site de Genève aéroport, mais est facilement disponible sur le site de flightaware dans d’autres pays (comme l’Allemagne et le Royaume Uni).

Certaines compagnies d’aviation demandent qu’une partie de leurs vols et avions ne soient pas suivis par les sites internet de flightaware ou flightradar24. Cela étant, dans la mesure où les transpondeurs des avions doivent toujours émettre régulièrement des messages d’information, les millions de « spotters » de par le monde ont formé un réseau capable de traquer n’importe quel avion.

Des personnes fortunées ayant acheté leur propre avion cachent aussi parfois leur nom derrière celui d’un opérateur et font immatriculer cet avion dans un pays connu pour sa taxation modérée. Malheureusement pour elles, les « spotters » arrivent souvent à détecter le nom du vrai propriétaire et à le rendre public.

Il y a quelques années deux enquêteurs ont ainsi trouvé le moyen de suivre les vols d’avions dont le vrai propriétaire pouvait être considéré comme un « dictateur », et envoyer des tweets lors de chacun de leurs atterrissages à Genève. Un processus qu’ils ont nommé « Dictator Alert » et qu’ils entendent généraliser à d’autres aéroports.

Dans Le Matin Dimanche du 10 mai figurait un article intitulé « Voyager en avion sera bien plus long et jusqu’à 50% plus cher ». En parcourant les commentaires postés sur le site de la Tribune de Genève, j’ai remarqué que presque toutes les personnes les ayant rédigés ont utilisé un nom de plume plutôt que de décliner leur véritable identité. Je ne comprends pas pourquoi la version papier ne publie les courriers qu'avec identification, mais accepte l’anonymat en ligne !

Dans ce même journal, on a aussi pu lire que l’aéroport attend de connaître les mesures définies par les autorités sanitaires et par les régulateurs de l’aviation civile. Connaissant la cohue qui règne en temps normal tôt le matin devant les guichets d’enregistrement et la sécurité, difficile d’oser faire des réservations pour cet été avant d’en savoir plus sur le plan de déconfinement, non ?

A la mi-mai les statistiques de notre aéroport attestent de la gravité de l’impact du COVID-19 à Genève: une diminution de 97% des mouvements planifiés et de 99,5% des passagers. Il aurait été intéressant de pouvoir aussi examiner les valeurs du bruit enregistrées par les microphones de l’aéroport situés à Versoix, Genthod et Bellevue, afin de faire une comparaison avec avril 2019. Malheureusement, l’aéroport ne publie depuis 2014 plus de chiffres de bruit mensuel !

Enfin, on peut constater qu’il est désormais possible de réserver des billets pour des vols cet été, ainsi qu’à l’automne et durant l’hiver 2020/2021. Les riverains de l’aéroport aimeraient savoir si, même dans un contexte de nombre de mouvements bien inférieur à celui de l’an dernier, les compagnies, en particulier low-cost, insisteront pour planifier un grand nombre de départs dans la première heure de la journée et de décollages entre 22h et minuit ?

Après tout, depuis trois mois nous nous sommes habitués à pouvoir bénéficier de 8 heures de sommeil tranquille, sans le bruit infernal des avions.

auteur : Mike Gérard

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