15.03.2020 par YR
num.296 mars 2020 p.07
Débat des Élections Communales : peu de désaccords

Débat des Élections Communales : peu de désaccords

Mercredi 19 février au soir s’est tenu le seul débat public des élections communales 2020. Durant un peu plus d’une heure trente, les candidats au Conseil municipal et au Conseil administratif, triés par parti, ont pu donner leurs positions. Somme toute, une conversation très consensuelle, analogue à une séance calme du Conseil municipal.

Course au municipal : le MCG et l’UDC s’opposent pas ou peu

Quatre thématiques ont été évoquées durant l’heure consacrée aux candidats au législatif municipal : la mobilité, l’urbanisme, l’urgence climatique et la vie locale. Qu’ils soient nouveaux venus ou en quête d’une réélection, les candidats se sont montrés plus complémentaires qu’opposés.

Par exemple, l’idée de passer plus d’artères en zone 20 et 30 km/h est globalement positivement reçu. Le PLR souhaite une adoption maîtrisée, au cas par cas. Le MCG souligne la nécessité de les instaurer près des zones villas et à proximité des commerces. À gauche et au centre-droit, on acquiesce également. Il n’y avait que l’UDC pour se démarquer. M. Galluci s’estime « pas forcément d’accord », devant le risque de bouchons qu’il estime considérable.

Idem sur la question urbanistique : tous s’accordent à dire qu’il faut offrir plus de logements, sans pour autant densifier la commune à outrance. L’objectif est partagé : éviter à tout prix les tours gigantesques comme celles que l’on peut trouver à Onex.

De cette base, chacun y va de sa méthode. Le PDC se dit confiant quant aux projets actuellement prévus. Le PLR veut encourager l’émergence de petits quartiers connectés aux transports et au centre urbain. Les Verts envisagent — comme d’autres partis — la surélévation de certains bâtiments, mais on comprend que ces opérations ne sont pas une priorité pour eux. L’UDC, une fois encore en léger désaccord, observe que les logements abordables sont difficiles à trouver, et préconisent une “construction en hauteur” comme seule issue.

La conversation s’est tout de même un peu corsée lors de la section consacrée à la vie locale et associative. Sur la question des activités proposées au jeunes, le PLR a considéré que le nombre disponible est déjà notable et que la priorité est de mieux les mettre en avant. Les Verts ont vu rouge : « on ne fait pas assez pour les jeunes à Versoix, ils nous le disent facilement. Ils veulent un espace de réunion, d’échange ! ».

Course à l’administratif : Enhas se démarque timidement

Avec les cinq candidats au CA — M. Leiser (PLR), M. Chappatte (PDC), M. Lambert (PDC), Mme Enhas (PS), Mme Tchamkerten (Verts) — deux thématiques ont été évoquées : les finances communales et le développement durable.

Sur la question du porte-monnaie versoisien, le PDC et le PLR ont fait front commun. Pas question d’augmenter le centime additionnel, quant bien même le budget a été plusieurs fois déficitaire lors de l’actuelle législature. D’abord, car les comptes ne l’ont (jusqu’à maintenant) jamais été. Et d’autre part, car une telle imposition permet selon M. Lambert de développer l’activité économique.

Bien qu’elle fasse partie du Conseil administratif appliquant actuellement cette politique, Mme Enhas a fait un pas de côté : oui, une augmentation du centime additionnel est à considérer si les finances de la commune ne s’améliorent pas dans un futur à court terme, et si d’autres démarches (financer des projets au niveau intercommunal, faire appel à la fondation cantonale pour la petite enfance...) ne suffisent pas. Mme Tchamkerten acquiesce : en cas « de problème », les impôts devront augmenter.

Passés au volet du développement durable, les candidats au CA ont pu une fois encore faire valoir leur différences, marginalement. Tous reconnaissent la nécessité d’agir en faveur de mesures plus économes et plus écologiques. À gauche, Les Verts souhaitent l’instauration d’un poste dédié à l’harmonisation d’une politique de développement durable au niveau communal. L’actuelle conseillère administrative PS Ornella Enhas souhaite la même chose, regrettant que ses collègues PLR et PDC lui aient refusé cette création de poste.

Au PLR, le maître mot est efficacité : M. Leiser, allant un peu vite en besogne, a salué son « prédecesseur » (alors qu’il n’est pas plus élu que les autres candidats), le PLR Patrick Malek-Asghar, pour son travail en direction d’une réfection des bâtiments communaux pour les rendre moins énergivores, moins polluants. Pour M. Leiser, créer un poste dédié serait un gadget communicationnel : c’est l’ensemble des services qu’il faut former aux impératifs du développement durable. Même son de cloche au PDC, où M. Chappatte souligne que cette formation doit s’inspirer des priorités qui seront fixés par la commission ad hoc « urgence climatique » mise sur pied en fin d’année 2019.

Une structuration du débat qui nous laisse sur notre faim

De ce débat, deux constatations. D’une, les conversations n’ont jamais viré à l’ad hominem, au lavage de linge sale, ou aux basses attaques basées sur le caractère. La classe politique versoisienne a fait preuve, dans son ensemble, d’une retenue et d’un niveau de conversation particulièrement louable lorsqu’on la compare au comportement vu et lu au niveau cantonal, national, et en comparaison internationale.

De deux, le débat, ainsi que son modérateur, ont manqué un certain nombre d’enjeux clé. Il aurait été intéressant d’entendre la conseillère administrative sortante Ornella Enhas sur son bilan en tant qu’élue de gauche dans un gouvernement à majorité de centre-droit. On aurait pu questionner le PLR sur le fait de ne présenter un seul candidat au lieu de deux (illogique, donc surprenant, au vu de son poids politique à Versoix). La question de la petite enfance — et le nombre de parents sur liste d’attente — n’a été évoquée que quelques instants, à l’occasion de thématiques ayant peu à voir avec ses considérations propres. Dommage.

Oui, cette soirée manquait de piquant, de poil-à-gratter, de questions inconfortables pour celles et ceux qui briguent un poste de cinq ans, pour présider aux destinées de Versoix. Peut-être n’aurait-il pas fallu préparer ces thématiques, les questions de ce débat, en consultant les partis, un choix étonnant, mais verbalement assumé lors du débat de la part du modérateur, Denis Palma (journaliste, Léman Bleu). Un choix discutable, tant sur le plan éthique que sur l’intérêt même du débat, au final assez plat.

Bref : « peut mieux faire ». Rendez-vous dans un lustre.

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

<< retour