17.02.2020 par YR
num.296 mars 2020 p.16
Opinion : Léman Express, dura LEX sed LEX

Opinion : Léman Express, dura LEX sed LEX

Le lancement du « plus grand réseau ferroviaire transfrontalier » était-il précipité ? À bien regarder la situation actuelle, tout porte à croire que oui.

Im-pré-vi-sible !

La galère, la plupart des usagers du train à Versoix l’ont vécu : trains supprimés, convois à effectifs réduits (comme des sardines dans la boîte proverbiale de Patrick Sébastien), quais décalés à l’extrême… et comme l’impression que Lémanis, la société exploitante née de l’ex-régie fédérale CFF et de l'inénarrable SNCF, nie l’évidence et fuit ses responsabilités.

Les problèmes techniques ? Après avoir été des “soucis de jeunesses” qui devaient rapidement s’effacer, les voilà surclassés au rang de vrais ennuis durables, qui doivent être corrigés par le constructeur des rames (de ce qui est des véhicules défectueux), et d’une meilleure collaboration entre personnel CFF et SNCF. Les deux entreprises ne se sont, selon nos confrères de la Tribune, pas mis d’accord sur grand chose : transmission d’informations, politique en matière de suppression de trains… parole de cheminots : c’est la pagaille !

Les grèves, qui ont causé l'inexistence quasi-totale du tracé passé Annemasse pendant plusieurs semaines ? Une surprise, évidemment ! C’est sûr : aucun travailleur français n’avait posé de préavis de grève en vue d’une lutte contre la réforme des retraites actuellement à l’étude. Ca se serait su. Et l’on pouvait naturellement s’attendre à ce que des employés mal payés, peu formés pour la tâche, et déconsidérés s’attèlent à la tâche, le baume au coeur, comme si de rien n’était.

Dans ces conditions, difficile de croire qu’aucun signal annonciateur de ces énormes ennuis ne soit parvenu aux oreilles de Lémanis, c’est-à-dire des CFF et de la SNCF !

Après la loi, le déluge

Enfin, si vous nourrissez l’espoir secret que quelqu’un rembourse une partie des abonnements CFF / Léman Pass / Unireso concernés durant cette période, n’y pensez surtout pas ! L’ex-régie fédérale se protège comme elle peut, et rejette toutes les demandes vers Lémanis (qu’elle co-possède et exploite, pourtant). Sur Twitter, le compte @RailService, chargé de faire office de service-client aux usagers courroucés, se dédouane en permanence.

Auprès de Lémanis, et après plusieurs relances par e-mail, vous obtiendrez peut-être un message pénitent qui, bien qu’il marche sur les oeufs, n’accède à aucune demande d’ordre pécuniaire : « les retards ou suppressions de train n’impliquent pas de dédommagements selon le Droit du transport suisse (LTV/OTV), la responsabilité n’étant pas engagée lorsque le transport s’effectue avec du retard, sauf s’il s’agit de la dernière correspondance de la journée et que le voyage ne peut être poursuivi le même jour ».

Autrement dit, après la loi, le déluge. Pourtant, le voyageur paye autant, et le service est significativement moins bon que l’an dernier.

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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