12.10.2019 par YR
num.293 novembre 2019 p.06
Au Conseil municipal, le développement durable source de tensions

Au Conseil municipal, le développement durable source de tensions

Les mots ont été durs : « Électoraliste ! », « Plagiat ! », « Démagogique ! ». Le ton est monté entre le parti le mieux élu de l’Entente versoisienne, le PLR, et le parti de l’Alternative le mieux représenté au municipal, Les Verts.

Leurs alliés n’ont pas été en reste : on leur doit certains des épithètes énumérés ci-dessus. S’agit-il d’un aperçu de la campagne municipale à venir ?

Escarmouches en Bleu et Vert

À en croire Les Verts et plusieurs partis minoritaires (PS, MCG), les Libéraux-Radicaux tentent d’aligner leurs voiles sur les vents porteurs du développement durable. Un changement de position qui, pour certains, fleure bon l’opportunisme.

Le PLR s’en défend. Il s’agit pour eux d’appliquer concrètement, et sans fragiliser l’équilibre financier de la commune, une transition écologique qui s’avère désormais prioritaire.

Au cœur des crêpages de chignons, une motion proposée par les PLR et présentée par Ricardo Lima (PLR). Celle-ci prévoit « d’une part, d’équiper les toits des bâtiments communaux » de technologies permettant de capter de l’énergie, et ce « pas uniquement en solaire », et d’autre part, de « promouvoir l’investissement participatif, pas uniquement l’investissement de la commune ».

Il est à noter que M. Lima a préalablement indiqué que cette motion fait écho à une autre, proposée par les Verts, et datant de 2011. Acceptée à l’unanimité en son temps, la motion de 2011 encourageait à la pose de panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments communaux.

Jérémy Jaussi (Verts) a pris le sujet sous cet angle : « le Conseil administratif PLR-PDC de l’époque, avec une double majorité PLR-PDC au Conseil municipal, n’a pas réussi à faire mieux que 2 ou 3 toits de bâtiments communaux... alors que les toits ne manquent pas ! ».

Outre la forme, le fond de cette nouvelle motion a également posé quelques problèmes à l’élu Vert. La proposition d’un « mix d’investisseurs » sous-entend pour lui que la commune pourrait mettre en place un ou plusieurs partenariats publics-privés.

Par la voix de M. Jaussi, les Verts ont indiqué ne pas soutenir cette motion... mais ne pas la refuser également, au titre que celle-ci « reprend ce qu’on propose » sur bien des points.

Plus dur, M. Zimmerman (PS) a caractérisé la démarche PLR comme « éminemment électoraliste ». Et quand bien même les socialistes considèrent que la proposition de « mettre du photovoltaïque est une excellente proposition », c’est un vote négatif que le parti s’est engagé à rendre (même si seulement 2 socialistes sur les 3 ont effectivement refusé la motion — M. Röthlisberger s’étant abstenu).

M. Jaussi, M. Zimmerman et M. Chappatte (PDC) ont tous considéré que la motion PLR était mal venue étant donné la décision prise le mois précédent de lancer une commission ad hoc chargée de la question de l’urgence climatique ; commission qui devra établir un agenda d’objectifs... dont le photovoltaïque pourra faire partie.

En réponse, M. Lima s’est dit « assez surpris » par la « tendance insidieuse » de comparer ainsi cette motion avec celle de 2011. Il poursuit en présentant un exemple qu’il dit être inverse de celui-là, lorsque le PLR a présenté une motion sur la gestion des déchets deux ans avant une motion des Verts sur le même sujet.

Sur la question de la commission ad hoc (dont le PLR ne voulait pas), M. Lima a ironisé sur un paradoxe qu’il voit entre la situation d’urgence climatique d’une part, et le fait d’attendre avant de voter des « mesures concrètes » d’autre part.

Le conseiller municipal PLR n’a toutefois pas directement répondu au reproche fait à l’ancienne (et l’actuelle) majorité PLR-PDC quant au petit nombre (selon Les Verts, le MCG et le PS) de toits couverts par le photovoltaïque depuis la motion unanimement acceptée en 2011.

Le PDC, qui faisait et fait encore partie de cette majorité siégeante, n’a pas non plus particulièrement commenté ce bilan post-motion de 2011. Le PDC semble désormais l’allié des Verts sur ces questions de développement durable, votant comme lui et adoptant un discours similaire, même s’il se montre moins rude envers le PLR.

Au moment de voter sur la motion, dans les grandes lignes, le PDC, les Verts et le MCG se sont abstenus, le PS a voté contre et le PLR a voté pour.

En conséquence, la motion a été acceptée par 8 oui, 2 non, et 13 abstentions.

Unanimité sur le développement de l’Aéroport

Les élus versoisiens ont adopté à l’unanimité un message d’opposition, adressant aux pouvoirs publics ainsi qu’à Genève-Aéroport leur déception et leur mécontentement quant à l’augmentation du nombre de vols en soirée, l’accroissement de l’impact sur la santé de Versoisiens et des Genevois, et sur la façon dont la consultation publique de la mise en oeuvre de la fiche PSIA est conduite.

En effet le Conseil administratif a fait savoir qu’il n’appréciait pas que la durée de la consultation publique ne soit que d’un mois, étant donné l’enjeu.

Il a également fait observer que la seule comptabilisation des décollages d’avions ne suffit pas à présenter un panorama de la situation : les atterrissages de ces appareils ont également un impact en matière de bruit et de pollution, même s’il est différent.

Budget 2020 : encore un déficit

Pour la 17ème et dernière année en tant que membre du Conseil administratif de Versoix, Patrick Malek-Asghar (PLR) a présenté le budget communal de l’année à venir.

Celui-ci fait montre, à ce stade, d’un déficit d’1,5 millions de CHF, qui pourrait toutefois être épongé par les fluctuations des reliquats d’impôts, somme qui ne seront connues que bien plus tard.

Le budget 2020 de Versoix présente près 40,2 millions de CHF de charges et 38,6 millions de CHF de revenus.

Il comprend de nouvelles charges, dont l’organisation des élections communales (77’000 CHF), une augmentation de la somme dévolue au salaire du personnel (150’000 CHF), la ré-ouverture des caves de Bon-Séjour (50’000 CHF), ainsi que la subvention communale à la fondation EVE pour la petite enfance (630’000 CHF). Ces nouvelles dépenses sont en partie permises, a indiqué M. Malek-Asghar, par la reprise par les TPG des frais d’exploitation de la ligne de bus U (336’000 CHF en moins).

Quant aux investissements dits « prioritaires » mais « non votés », l’on compte notamment la réfection du chemin de Montfleury (400’000 CHF), la réfection et l’assainissement de la route de Saint-Loup (1,5 millions de CHF), ou encore 100’000 CHF de « mesures urgence climatique ». Ces projets feront certainement l’objet de votes lors des séances du Conseil municipal de l’année à venir.

Ça bourdonne autour de La Ruche

Dominique Simonet-Bianco, membre de l’association La Ruche, s’est exprimée en fin de séance pour demander aux autorités de Versoix de clairement indiquer si la commune continuera de soutenir l’association intercommunale et son activité de colonie de vacances, alors que la contribution de Versoix ne figure plus dans son budget ou ses investissements.
« On déplore de ne plus recevoir de réponse à nos messages », a affirmé Mme Simonet-Bianco. Aucun conseiller administratif présent (le maire Cédric Lambert, PDC, n'était pas présent ce soir-là) n’a saisi cette occasion pour directement lui répondre.

Plus tôt, le conseiller municipal Vert Yves Richard a également demandé au Conseil administratif de se prononcer sur le sujet, s’inquiétant, entre autres, de « comment le CA entend proposer une prestation équivalente » à celle actuellement fournie par La Ruche. Sa demande s’est fait sous la forme d’une proposition individuelle, qui « invite le Conseil administratif à étudier un sujet, puis à présenter un rapport ».

Rapport à suivre, donc...

Texte et photos : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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