05.08.2016 par YR
num.261 septembre 2016 p.16
Une fête du 1er août indiscutablement politique

Une fête du 1er août indiscutablement poltique

Lundi 1er août, nombreux étaient les Versoisiennes et Versoisiens venus fêter la nation entre lampions, pop-corn et feux d’artifice. Une séquence officielle était également au programme, et comme lors de la sérénade au maire de juin dernier, la Maire et le Président du Conseil Municipal étaient tous deux invités à discourir.

Remettre le social au centre de la Suisse

Ornella Enhas (PS) n’a pas mis en retrait ses opinions politiques, bien au contraire ! En tant que maire, c’est jusqu’à présent son discours le plus engagé. Plutôt que de revenir aux premières dates de l’histoire du pays, il lui a plu de rappeler l’article constitutionnel adopté en 1890, enjoignant la Confédération à mettre en place une assurance sociale en cas d’accident ou de maladie basée sur un principe de droit universel. Il s’agit pour Mme la Maire de la satisfaction d’une demande démocratique ; une arène qui nécessite «un engagement de tous les instants» et où «rien n’est jamais définitivement gagné».

D’autres thématiques porteuses d’inquiétudes ont été soulevées : Mme Enhas s’est dite préoccupée que “certains cantons alémaniques” militent pour la suppression de l’enseignement du français à l’école au profit de l’anglais, indignée quant à la pression salariale de ceux qui travaillent en région frontalière, combative face aux politiques mettant en danger le secteur du social et les services publics, et repoussée par «les discours populistes ou catastrophistes».

Revenant à des considérations plus proches de la Fête Nationale elle-même, son discours s’est terminé après quelques mots sur les citoyennes et citoyens nouvellement naturalisés, saluant ces nouveaux suisses qui s’engagent à «se reconnaître sous le drapeau rouge à croix blanche».

La Suisse n’est pas seule au monde

Plus subtilement engagé et différemment orienté, le discours de Bernard Levrat (PDC) a tout d’abord pris le temps de revenir plus en détails sur quelques considérations historiques : le fait que le mythe fondateur Suisse est nettement plus vague que ceux des nations environnantes, que « rien n’est à célébrer » dans la création de l’État fédéral en 1848 puisque ce serait ignorer la centaine de morts de la guerre du Sonderbund ou encore que la fête nationale a été placée au 1er août sans certitude que cette date soit exactement celle de la signature du pacte de 1291.

Le Président du Conseil Municipal a également attiré l’attention sur les “temps troublés” que nous traversons. Pour lui, il faut que la nation affirme son identité, s’inspire des raisons pour laquelle les différents cantons se sont assemblés en un état-nation et n’oublie pas ses valeurs : une Suisse de la défense mutuelle, qui est solidaire et ouverte au monde, qui est neutre et ne se plie à aucune puissance - pas même celles de l’argent. Se détachant enfin quelque peu de l’échelle fédérale, M. Levrat a terminé par un vigoureux « vive la Genève internationale, et vive Versoix ! ».

Ces discours, nettement moins consensuels que ceux qui furent lus lors de la sérénade de juin (mais tout de même tintés d’une certaine complémentarité) sont-ils le signe d’une nouvelle page de la vie politique versoisienne ? C’est à surveiller lors des prochaines séances du Conseil Municipal, à commencer par la prochaine, fixée au lundi 19 septembre.

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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