13.06.2016 par ALBB
num.260 juillet-août 2016 p.03
PET : le retour !

Le canton de Genève est le cancre suisse du recyclage. Il est vrai qu'il est le dernier à ne pas avoir introduit la taxe poubelle qui incite les citoyens du reste du pays à ne pas tout jeter sans trier. Les Autorités en sont bien conscientes et tâchent de trouver des solutions pour augmenter la part du recyclage. Parfois, certaines décisions ressemblent à celles de l'"Apprenti Sorcier".

Le PET en est l'exemple parfait. PET-Recycling, l'organe fédéral responsable de la récolte de cette matière, prélève environ 2 centimes par bouteille achetée pour couvrir ses frais (Taxe Anticipée de Recyclage - TAR). Par conséquent, les commerces qui encaissent ces montants sont tenus de mettre à disposition un lieu de collecte et de se charger du transport jusqu'au centre adéquat.

Comme les bennes communales coûtent 30'000.- et qu'il y en a une dizaine sur le territoire de la ville, la Commission du Conseil municipal "Environnement Espace Public" a décidé à l'unanimité le 30 avril 2013 à renoncer à les installer lors des renouvellements de ces lieux. Cela permettait une économie de 300'000.- lors de la construction, sans compter les frais de levées annuels. Il faut préciser que les discussions à ce sujet ont commencé en 2004. Un véritable serpent de mer ! Soulignons que PET-Recycling a incité les communes à ne plus investir dans son domaine puisque les commerces en sont responsables. Il faut savoir que Versoix est la seule commune à avoir osé une telle décision, très logique théoriquement...

Seulement voilà. Le consommateur, que nous sommes tous, s'énerve lorsqu'il doit se déplacer à divers endroits son recyclage. Le verre et l'alu par-ci, le pet et le plastique par-là... vraiment pas pratique. Il faut donc avoir plusieurs containers à la maison pour gérer tout cela, alors qu'avant un seul sac suffisait. Un seul lieu pour tout est vraiment plébiscité par les usagers et encourage un meilleur tri.

La conséquence a été des tas de bouteilles PET abandonnées à côté des bennes. Comme elles sont légères, elles se dispersaient au gré du vent. La voirie se devait de ramasser ces immondices. Que de temps et d'argent, perdus ! Devant le tollé, le Conseil administratif a décidé de revenir en arrière le ?? mai??. Un container a déjà été rétabli à Lachenal pour permettre aux citoyens de se débarrasser du PET simultanément aux autres matières collectées. Les autres suivront rapidement.

Par ailleurs, les services communaux ont vérifié que les commerces organisent adéquatement leurs points de recyclage et demandé une meilleure signalétique à certains endroits. D'autre part, ils sont en contact avec les grandes maisons de e-commerce, via PET-Recycling, pour trouver une solution. Comme elles encaissent la TAR, elles doivent par conséquent aussi récolter le PET quand bien même elles n'ont pas pignon sur rue. Ce marché, marginal aujourd'hui, croît de façon exponentielle, alors il faudra trouver un système de récolte avant que cela ne devienne un réel problème.

Il n'en reste pas moins que les discussions vont perdurer à propos de déchets. Il faudra encore décider comment traiter le compost et autres déchets ménagers pour respecter les exigences fédérales, soit un recyclage de 50% minimum, alors que la moyenne n'est qu'à 46% actuellement à Genève. Le canton veut à tout prix éviter la taxe poubelle, mais pour parvenir à un tonnage acceptable, il faudra encore que nous retroussions nos manches et triions bien mieux ce que nous ne voulons plus utiliser.

Dans le plan de gestion cantonal visant à diminuer le volume des ordures ménagères, Versoix va organiser la collecte des déchets de cuisine dès automne 2016. Des bacs aérés surnommés "p'tites poubelles vertes", accompagnées de sacs compostables, recommandées par l'Etat pour les déchets organiques seront mises à disposition. Des informations précises suivront très prochainement à ce sujet afin de mettre cette filière adéquatement en place. Un grand pas pour obtenir le taux de recyclage visé par la Confédération !

Les citoyens ont une grande part de responsabilité dans le défi du recyclage, mais les commerces aussi. Que dire du suremballage ? Et si nous achetions un panier en osier au lieu de, chaque fois, utiliser un cornet jetable ? A quand la vente en vrac ?

Les déchets représentent un problème économique et écologique. Ils sont inévitables, certes, mais peuvent diminuer si chacun réfléchit de toutes les conséquences de chaque achat, à l'utilisation jusqu'au moment de jeter. L'obsolescence programmée n'est pas inévitable. Parfois, il suffirait de changer une batterie d'un natel pour qu'il puisse encore "vivre" quelques années. Peu d'opérateurs le conseillent puisqu'ils touchent une meilleure commission à la vente. Pourquoi doit-on changer de voiture tous les quatre ans si on a un leasing ? Combien la pression publicitaire nous pousse à consommer encore plus au lieu de nous contenter de ce qu'on possède déjà ? A ce propos, pourquoi reçoit-on des prospectus même si on a mis un autocollant pour les refuser ? A qui tout cela profite ?

Chacun de ces exemples représente une pièce du puzzle multifacette de notre société. Devenons des "consomm'acteurs" ! Moins d'achats, moins de déchets et de dépenses d'ailleurs, moins de frais pour la commune donc moins d'impôts. Surtout une diminution de la pollution, défi indispensable pour la survie de l'humanité à long terme.

Chiche, on essaie ?

Photo : Mairie de Versoix - un container à PET nouvellement installé à Lachenal
 

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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