19.04.2015 par GS
num.248 mai 2015 p.14
Découvrons nos archives

4. Un livre rare, témoin d’une époque.


La première traduction française des Œuvres de Xénophon est le plus ancien document classé dans les archives de l’association Patrimoine versoisien. Cet ouvrage remarquable a été imprimé en 1619 à Yverdon par Pyramus de Candolle, il est un témoin du travail de cet imprimeur-libraire décédé à Versoix le 17 septembre 1626.
Pyramus de Candolle est né à Fréjus en 1566, il est le fils de Cosme, docteur en droit, et d'Anne Barbossy. Il se fit protestant, quitta la France et vint se réfugier à Genève, en 1591, auprès de son oncle Bernardin de Candolle. D'abord actif dans la fabrication et le commerce de drap, entreprise héritée de son oncle Bernardin, il devient après son mariage avec Anne Vignon, tuteur des héritiers Vignon et assure donc la gestion de l’imprimerie familiale jusqu’à la sortie de l’indivision en 1601. En août de cette année, il obtient l’autorisation d’imprimer le « Cours de droit civil » revu par Godefroy. En 1602, il imprime un «Cantique des cantiques» sous le nom d’un imprimeur de Thonon. Pyramus participe aux combats de l’Escalade dans les rangs des Genevois qui repoussèrent l'ennemi.
En mars 1603, son impression non autorisée d’une chanson sur le thème de l’Escalade est condamnée. Il ouvre sa propre maison d’édition sans doute en 1606 sous le titre de « Societas caldoriana », souvent à l’adresse de Cologny. En 1613, il publie, la première traduction française des Œuvres de Xénophon. Thiebault nous dit que : « Le privilège, daté du 5 octobre 1612, l’attribue à Simon Goulart. Elle est fort rare; nous ne l’avons jamais vue ».
S'estimant brimé par les lois et les autorités genevoises, Pyramus part pour Yverdon en 1616, emmenant presses, métiers à tisser et artisans. Avec l'appui du gouvernement et d'investisseurs bernois, il y fonda «L’imprimerie helvétiale caldoresque » et publie en 1619 la seconde édition des «Œuvres de Xénophon philosophe et valeureux capitaine athénien» qui contiennent les chapitres consacrés aux chevaux, à l'art de la cavalerie et à la chasse ("L'Equirie de Xénophon", "Le Général de la Cavalerie" et le "Discours de Xénophon touchant la Chasse"). Il crée également un collège, une forge et une manufacture de serges de laine, dont la concurrence irrita les Genevois, mais qui durent être liquidés dès 1625 en raison de leur manque de rentabilité.
Pyramus de Candolle est bien connu par ses démêlés avec les magistrats de Genève, par sa mission auprès du roi de France Henri IV, par ses propres écrits, enfin par la souscription bizarre qu'il adopte pour les nombreux produits de ses imprimeries.
Alphonse de Candolle dit dans ses mémoires : "La mémoire de cet homme habile et actif est restée en honneur dans notre famille, et l'on y a conservé l'usage de donner aux aînés ce nom de Pyramus qu'il avait honoré".

J.-P. Perret, Les imprimeries d'Yverdon au XVIIe et au XVIIIe s., 1945 (rééd. 1981)
L. Mottu-Weber, Economie et Refuge à Genève au siècle de la Réforme, 1987
Mémoires et souvenirs de Augustin-Pyramus de Candolle - J. Cherbuliez (Genève)-1862
J. Thiébault, Bibliographie des ouvrages français sur la chasse-1934
 

auteur : Georges Savary

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