Ce n'est pas pour demain mais le projet avance ! Le C.A. Claude Genequand l'avait annoncé lors du dernier Conseil municipal; la Tribune de Genève* développe l'information sous la plume de Marc Moulin dans son édition du 23 avril 2014, jour du 50e anniversaire de l'inauguration de l'autoroute A1 entre Genève et Lausanne (juste avant l'ouverture de l'Expo nationale 1964).

On apprend donc que le choix d'une entrée/sortie autoroutière à Versoix fait son chemin pour mieux desservir les communes genevoises de la rive droite et que le choix "route de Sauverny" est préféré. Une telle jonction est réclamée depuis les années 80. Deux options existaient durant la dernière décennie: celle implantant cette jonction à Collex, au niveau de la route des Fayards, est jugée trop proche des autres sorties du Vengeron et de Ferney/Grand-Saconnex, l'autre au niveau de la route de Sauverny soulagera davantage le trafic local dans la Ville de Versoix. Cette dernière solution satisfait le Maire de Collex-Bossy, mais moins celui de Sauverny (FR) qui redoute une surcharge de trafic. Les résultats d'une étude commandée l'an dernier par le Canton sont en voie de publication : ils penchent en faveur de cette nouvelle jonction à Sauverny (ndlr : avec P+R ?) qui, logiquement, ne se fera  que lors des travaux d'élargissement de l'A1 à 2x3 voies. Ce n'est donc pas pour demain, mais le projet se précise. Une nécessité qui permettra de mieux gérer le développement de Versoix.

Il est curieux de constater qu'au moment de la mise en service de l'autoroute A1, les autorités de Versoix de l'époque s'étaient opposées à une entrée autoroutière à la route de Sauverny, jugeant que le surplus de trafic à Versoix serait insoutenable. Il faut dire à leur décharge qu'ils subissaient depuis des lustres toutes les nuisances des chantiers de construction de cette autoroute. Il aura donc fallu 15 ans pour regretter cette "erreur" et peut-être 40 années de plus pour la corriger !

Les extraits des comptes rendus administratifs de la Commune de Versoix de 1961 et de 1962 témoignent de cette inquiétude. Sous la plume du Maire M. Emile Bölsterli on peut lire :

1961 :

• Quant à l'autoroute, les travaux ont été activement poussés et à la mi-décembre le premier tablier du viaduc sur les gravières et la rivière était terminé ; quelques semaines plus tard, les essais de charge étaient effectués à l'aide de deux Centurions. Les ponts sur l'avenue de Richelien, le chemin du Biolay et la route cantonale de Sauverny sont achevés et les entreprises s'affairent actuellement à l'établissement des nouvelles chaussées à niveaux inférieurs.

1962  : (Versoix : environ 3800 habitants, budget communal dépenses Fr. 1'029'000 dont Fr. 69'000.- pour les employés )
p. 10 - Remaniement parcellaire et autoroute

• .... . Le Département vaudois des travaux publics prévoyait depuis quelques mois déjà de mettre en service l'autoroute sur le secteur Gland-frontière genevoise afin de faciliter l'exécution de travaux importants sur la route de Suisse. Dans l'esprit de nos voisins, le débouché en terre genevoise devait se situer sur la route de Sauverny ; d'entente avec le Conseil municipal, la Mairie a marqué son opposition à ce projet en raison de l'insuffisance de nos routes, du danger du carrefour d'Ecogia, des embouteillages qui se produisent déjà dans l'agglomération. Le chef de la police partage notre point de vue.
• Le tronçon de l'autoroute Gland-Chavannes-de-Bogis vient d'être ouvert à la circulation, dans le sens Lausanne-Genève, et, malgré les oppositions faites, son débouché provisoire sera, paraît-il, porté à la route de Sauverny dès le mois de juin. De là, les véhicules seraient dirigés sur le chemin de Létrat.

Dans l'article de la TDG du 23 avril 2014*, le géographe Pierre Dessemontet interviewé par Lauriane Barraud, analyse l'influence des sorties autoroutières sur l'économie locale : les localités avec jonction autoroutière ont un développement massif en terme d'activités et de population, mais seulement dans un rayon de quelques kilomètres. De ce fait, Versoix  a connu un développement surtout résidentiel, comme l'Est lausannois par rapport à Crissier ou à Gland. *(voir l'article complet sur le site versoix-region.ch)

On peut donc se demander si, dans les années 60, le refus d'une entrée autoroutière à Versoix était vraiment une "erreur" ou au contraire un signe de "sagesse" ? Nous voilà très près des problématiques européennes qui défraient la chronique en ce mois de mai 2014 : fuite en avant ou repli sur soi ? Croissance (laquelle et jusqu'à quand ?) ou stabilité ?

Telle est la question qui se repose 50 ans plus tard sur l'autoroute du temps qui passe trop vite !  Et pour l'analyse des bonnes réponses ... rendez-vous en 2064 (Versoix-Région N° 738 !!! ).

En attendant, vous pouvez partager vos réactions ou avis sur ce sujet sur le site www.versoix-region.ch (onglet Forum ; article autoroute).