26.02.2014 par LR
num.236 mars 2014 p.16
Une vie en sourire

Elle s’appelait Paulette, Paulette Delaunay. Je la connaissais à peine, et l'ai pourtant souvent côtoyée sans savoir son nom. Elle n’était pas bien grande de corpulence, mais un caractère bien trempé sans même qu’on s’en aperçoive. Fille d’un horticulteur-grainier à Carouge, elle s’était très jeune initiée aux fleurs, à la nature, à sa richesse, au travail de la terre. Consciente de cela, sa vie fut valeur de don et d’humilité, comme la graine que l’on sème et qui produit avec patience de belles fleurs. Mais elle avait une force en elle qui lui donnait le courage d’avancer et de faire face aux épreuves.

Tout parcours terrestre n’est pas simple. Mais de là à garder toujours le sourire, de partager son humour, sa gaité, sa richesse intérieure, il y a un pas qu’on peut franchir : l’amour des autres, le don de soi, le partage, la bonne humeur. Son plus grand bonheur était de s’occuper des malades – ne faisait-elle pas partie de l’Hospitalité genevoise de Lourdes ? – des pauvres, des laissés-pour-compte, des oubliés de la vie. A travers les différentes associations auxquelles elle participait, elle découvrait ceux qui étaient les plus malheureux, allait vers eux pour les réconforter, discuter avec eux, leur apporter le nécessaire aussi vital que moral. Et lorsque c’est à elle qu’on lui faisait du bien, elle en avait une reconnaissance éternelle. Que de mercis accompagnés de sourires n’a-t-elle pas témoignés à travers ceux qui la côtoyaient dans les dernières années de sa vie ! Elle aimait la communication, le contact avec les gens, cherchant toujours à rendre service d’une façon ou d’une autre. Pour qui la croisait anonymement, on ne se doutait de rien. Parlant si peu d’elle, elle était d’une discrétion exemplaire mais non moins efficace dans son attitude empathique. Elle était animée et donnait beaucoup d’amour, disant même qu’elle n’avait pas fait grand-chose dans sa vie. Oh, combien ! Dieu seul le sait ! Et nous pauvres humains qui restons sur terre pouvons juger du bien qu’elle a répandu autour d’elle. Les nombreux paniers de fleurs aux couleurs jaunes ou oranges, les bouquets aux teintes rouges parsemées de blanc, les gerbes flamboyantes de lumière, exprimaient l’affection, la reconnaissance, l’amitié qu’on lui portait. Mais c’est aussi à travers cette magnifique floraison, son témoignage personnel de transmettre la joie, la vie, la fête, le sourire, le bonheur permanent.

Souvenir lumineux qui restera gravé dans le cœur de ceux qui l’ont accompagnée tout au long de sa vie et doit devenir un exemple à suivre.
Elle s’appelait tout simplement : Paulette au merveilleux sourire.
Toute notre sympathie accompagne ses enfants et leur famille.
 

auteur : Lucette Robyr

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