Me Jérôme-Piccot
Dr Yafei-ZHANG
Me Steven Street
13.11.2013 par ALBB
num.234 décembre 2013 p.13
Versoix - une porte vers la Chine ?

La Chine, l'Empire du Milieu, cette région si éloignée, peuplée de 1.3 milliards d'habitants (environ un sixième de la population mondiale !), une culture millénaire si différente de la nôtre…. Marco Polo l'a en quelque sorte découverte en tant qu'Européen, mais quelle épopée a-t-il dû effectuer pour l'atteindre ! Aujourd'hui, quatre fois par semaine, il est possible de s'envoler pour Pékin où l'avion atterrit quelques heures plus tard. Le monde semble s'être rétréci.

Les relations sino-helvétiques s'accélèrent. Un accord de libre-échange a été conclu entre les deux pays. Il devrait être ratifié par les deux parlements d'ici juillet 2014. Le 16 septembre dernier, une délégation genevoise (Etat et Ville de Genève) s'est rendue à Pékin pour signer un partenariat qui pourrait se concrétiser dans les domaines de la recherche, l'éducation, le commerce ou la culture.

Dans cette délégation, il y avait deux avocats installés à Versoix, Me Steven Street et Dr. Yafei Zhang. Tous deux sont persuadés que notre ville peut devenir une porte d'entrée en Suisse privilégiée pour les Chinois. En effet, l'infrastructure locale est complète (école internationale, bureaux à disposition, environnement agréable). Tout se prête pour que des entreprises veuillent s'installer ici.

Certains auraient espéré que la situation des droits humains s'améliore en Chine. Une noble cause, un idéal, qui pourraient être atteints grâce aux relations, rencontres ou échanges. La société chinoise évolue rapidement : force est de constater que l'éducation et l'ouverture grâce aux voyages contribuent à une prise de conscience de certaines valeurs qui étaient occultées et qui ne pourront plus l'être.

Les différences culturelles existent, certes, mais ne sont pas incontournables. L'échange peut devenir une richesse. Les difficultés peuvent provenir du fait que presque toutes les entreprises chinoises (90%) sont propriété de l'Etat. Par conséquent, les relations doivent se faire à ce niveau-là, au moins dans un premier temps. D'autre part, nos quotas de permis de séjour sont limités et le problème du logement est latent, contrairement à la Chine où tout investisseur, s'il s'annonce comme créateur d'entreprise, reçoit automatiquement un droit d'habiter et d'acheter son appartement.

La Chine est en négociation pour que sa monnaie, actuellement contrôlée et limitée, puisse devenir une devise d'échange sur le marché des matières premières (pétrole, céréales, métaux, etc) au même titre que le dollar ou l'euro. Genève et Londres sont en concurrence pour domicilier ce nouveau commerce offshore. Le yuan signifie étymologiquement "monnaie du peuple".

A terme, il serait possible que la Suisse puisse devenir le siège européen de sociétés chinoises, comme elle l'est pour des multinationales américaines actuellement. Le savoir-faire des employés de notre région est reconnu mondialement dans ce domaine. Dr. Y. Zhang et Me S. Street sont persuadés qu'il y a des opportunités à saisir et créent les liens pour qu'elles aboutissent.

S'il n'y a actuellement "que" 10'000 chinois établis en Suisse, force est de constater que les touristes sont de plus en plus nombreux. Ils apprécient nos paysages, l'air pur (la pollution est un problème récurrent dans les mégapoles). Beaucoup envoient leurs enfants étudier chez nous, créant ainsi les liens à long terme. Cette communauté va donc forcément prendre de l'importance ces prochaines années.

Les investisseurs chinois ont déjà acquis des immeubles et des sociétés en Suisse, et de grandes européennes (Addax à Genève ou Volvo en Suède par exemple). Cela prouve que ce pays, qui est resté longtemps fermé au reste du monde, est en train de s'ouvrir, de découvrir d'autres manières de fonctionner.

En Chine, on dit que le thé doit se boire quand il est chaud. En Suisse, c'est le fer qu'il faut battre à haute température. Un point commun ! Alors gageons que des relations chaleureuses puissent naître entre des cultures différentes et que leurs retombées soient positives des deux côtés du monde.

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

<< retour