Des forains commencent à emménager
10.02.2013 par TM
num.226 mars 2013 p.10
Soirée d'information publique du 31 janvier

La rançon du succès

"Un succès", donc, titre le site internet de la Mairie. Oh, il est vrai que l'aula des Colombières était pleine, soit environ 300 personnes, une estimation qui devrait rejoindre ce qu'on avait vu à la soirée sur le Plan Stratégique de Développement (PSD). Oh, il est aussi vrai que les intervenants se sont souvent dits satisfaits avant de poser leurs questions. Et puis, il est vrai que cela permettait de faire le point sur l'état des travaux.

Mais quiconque s'intéresse de plus près, lit Versoix-Région, consulte régulièrement versoix.ch ou a signé une ou nombre d'oppositions, n'avait pas grand chose à y apprendre. Dans cette optique, on pouvait attendre plus. Conseillers municipaux présents - et plus tard remerciés de ne pas être intervenus, la parole ayant été réservée au public - , membres d'associations et autres habitués attendaient certainement quelque chose, un scoop, une nouvelle sur ce qui est encore incertain, comme cette dame qui demanda si on s'apprêtait à poser des panneaux solaires sur tous ces immeubles en construction. Question pertinente, puisque l'affaire est en cours pour Forum Fayard et avait été soulevée par M. Jaussi (Conseiller Municipal Vert), lequel avait aussi demandé que l'on en posât sur les toits de Versoix Centre-Ville.

En fait et contrairement à ce qu'a répondu M. Malek-Asghar (Conseiller Administratif PLR), la pose de panneaux photovoltaïques n'est pas obligatoire en soi: on demande uniquement l'utilisation d'énergies dites "renouvelables". Or, derrière ce mot, une définition légale qui inclut pompes à chaleur (qui ne produisent pas d'énergie, mais utilisent une méthode pour chauffer à moindre consommation) et autres concepts se rapportant à la norme "Minergie", ce qui laisse la question ouverte. Mais on peut espérer une réponse adéquate dans les faits, sachant que l'énergie photoélectrique est en développement à Versoix, en commençant par les installations de Lachenal et d'Ami-Argand.

Concrètement, donc, on avait une présentation en treize points, mentionnés et détaillés sur le site de la Mairie, traitant entre autre du Centre-Ville, du quartier de la Scie, des nouveaux centres commerciaux, artisanaux et industriels, ainsi que des finances, du développement de Versoix en ville conséquente, en ville avec une infrastructure digne, incluant salles d'exposition, projets sociaux et développement durable. On note aussi la mention du "parc" pour les forains, qui, et malgré les dires de M. Lambert (CA PDC), n'émane pas d'une volonté versoisienne, l'affaire ayant été portée devant les tribunaux après un refus des citoyens quant au plan de relogement soumis au vote.

Positivement, on pouvait voir le désir de démocratiser un peu le problème complexe des finances, on pouvait admirer ces réalisations parfois impressionnantes et qui avaient été sujettes à tant de bruit, de controverses et de travaux de la part des élus. Des interrogations de citoyens avaient aussi la chance de trouver un écho, mais elles se cantonnaient souvent à des détails et à des propositions, parfois très particulières. Souvent simples à réaliser, elles pourraient pourtant être adressées par une simple lettre à la Mairie ou un simple mot soufflé à l'oreille d'un Conseiller municipal.

Puis, on retrouvait enfin une question de votre journaliste, lui qui aurait aimé que l'on parlât un peu du Plan localisé de Quartier (PLQ) Dégallier-Lachenal et auquel les habitants font face, et pour lequel ils étaient aussi présents ce dernier soir de janvier. Ces gens bien informés attendaient une consultation plus technique, du neuf sur un projet qui n'a pas été gelé malgré le préavis négatif du CM. Versoix-Région, par votre serviteur, donc, posait le problème plus généralement, désirant pousser un peu plus loin la logique si chère à M. Genequand (CA et Maire PLR) qui a quand même affirmé que si nous voulions que nos enfants puissent s'installer à Versoix, il faudrait faire un effort dans la densification. On ne saurait mieux dire sur la problématique, mais que dire du problème dans son entièreté?

Avec une vidéo de promotion réalisée sous l'égide de la FIVEAC et diffusée au commencement, présentant explicatifs en français et en anglais, il n'y avait qu'une interrogation qui s'imposait: l'industrialisation de Versoix, le développement des infrastructures, mais pour qui? Qui veut-on attirer à Versoix? N'y a-t-il pas un lien à faire avec une politique qui consiste à attirer du monde, nationalement et internationalement, alors que la densité ne cesse d'augmenter? Ainsi, il nous aurait plu d'en savoir un peu plus sur la politique économique que mène le canton et qui fait que malgré une natalité aux environs de 1.4, nous eussions néanmoins une population en augmentation. Pourquoi, alors que la population devrait diminuer, et que l'on bâtit de plus en plus, n'a-t-on pas de place "pour nos enfants"?

La réponse de M. Lambert consista d'abord à mentionner l'augmentation de l'espérance de vie. Ce qui n'est pas exact, puisqu'à défaut d'une augmentation de celle-ci au gré du temps qui passe, la population devrait diminuer pour toute natalité inférieure à 2 ou 2.1. Si le remplacement des générations n'a pas lieu (deux enfants se substituant à deux grands-parents ou arrière grands-parents), une diminution doit être observée chaque année. Un modèle simple avec le taux actuel de natalité et une augmentation de l'espérance de vie estimée à 3 ans sur ces vingt dernières années - chiffre que contesteront d'ailleurs certains cancérologues bien plongés dans les statistiques - nous montre que la population aurait dû diminuer d'environ 0.2% par année, soit environ 4% sur vingt ans. Alors, ceci le poussa à mentionner également le fait intrinsèque à cette considération, le mouvement des personnes. Et M. Malek-Asghar de conclure que la portée de la question était aussi philosophique, envoyant ainsi tout le monde autour d'un verre pour régler leurs querelles, la rançon du succès, en quelque sorte.

auteur : Thomas Mazzone

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