07.02.2013 par BS
num.226 mars 2013 p.15
En ce dimanche 3 février aux Caves de Versoix

En ce dimanche 3 février aux Caves de Versoix, Adalberto Maria Riva, éminent musicologue et pianiste virtuose, nous gratifia d'un concert/conférence hors normes sur la transcription au piano.

Adalberto Riva commença son récital par le célèbre choral de J.S. Bach "Jésus que ma Joie Demeure" transcrit par Hess pour aborder le fil rouge de la soirée à savoir si c'est bien ou pas bien de transcrire pour piano des œuvres qui ne sont pas écrites pour cet instrument. Il enchaîne avec le choral "Nun komm, der Heiden Heiland" transcrit par Busoni. Bach y mentionne "pour orgue à 2 claviers et pédalier" et Adalberto nous démontre par thème comment Busoni superpose ces différents plans sonores avec seulement 10 doigts sur un seul clavier que comporte le piano.

Changement de style, mais toujours avec la même recette de base, avec 3 Lieder de Schubert transcrits par Liszt, "Auf dem Wasser zu singen", "Ave Maria", et "Die Forelle". Schubert a écrit ces Lieder pour une voix qui chante et le piano qui accompagne. Franz Liszt met les deux personnes ensemble dans son piano. Il y a toujours une ligne mélodique principale mais en même temps, il faut jouerla partie du soliste et celle de l’accompagnement. Ce qui est intéressant est de voir comment Liszt a génialement transcrit sur une même musique des textes qui changent.

Plus difficile encore, la transcription de Rigoletto de Verdi par Liszt. Il y a 4 chanteurs sur scène dans cet opéra mais le pianiste n'a toujours que deux mains et 10 doigts comme nous le rappelle Adalberto Riva. Avant de nous jouer magistralement cette paraphrase de concert, Il nous fait une démonstration des plans sonores que l'on peut acquérir par différents doigtés, en employant par exemple le pouce qui est plus fort que le 5e doigt pour faire ressortir une mélodie dans l'avalanche de notes que Liszt place à côté, ou en employant différentes hauteurs du clavier. Dans cet air "La Bella figlia del amore" le soprano est dans la partie aiguë du piano, la basse dans partie grave et le ténor et l'alto dans la partie médiane.

Adalberto Riva nous interprète ensuite une transcription pour main gauche seule par Fumagalli de l'air Casta Diva de Bellini. Ceci nous démontre qu'avec une main seule on peut donner l'impression de jouer avec les deux. S'ensuivent des extraits des "Antiche danze e arie" pour luth transcrit pour piano par Respighi dans cette frénésie de mode de transcriptions du milieu du 19 siècle.

De l'Etude pour violon No 6 de Paganini, Adalberto Riva nous fait entendre ce que Busoni le théoricien a repris la transcription déjà faite par Liszt.

Pour terminer en apothéose son survol des différentes façons d'arranger pour piano l'orgue, le chant, le quatuor, la main gauche, le luth, le violon, Adalberto Riva s'attaque à l'orchestre.
Il choisit la dernière scène de l'opéra Tristan et Isolde de Wagner transcrite par Franz Liszt. Le problème, comme il le dit avec humour, est que dans un grand orchestre Wagnérien il y a 80 musiciens, mais que sur le piano il n'y a que 88 touches et 10 doigts, et que dans un ensemble il y a différents instruments alors que dans le piano il n'y a toujours que les 88 touches.... Mais Liszt arrive encore une fois à donner l'impression de cette grande masse sonore en employant la vibration du tremolo qui dynamise le son et donne l'illusion d'un grand orchestre. Un grand moment pour le public venu nombreux pour entendre ou réécouter ce magnifique et érudit musicien, à la virtuosité époustouflante, teintée d'une palette de couleurs et de sensibilité nécessaires pour ce programme de transcriptions.
En bis, Adalberto Riva nous fit découvrir son nouveau programme dédié aux compositeurs suisses du 19e siècle en nous jouant une pièce de Charles Bovy-Lysberg et une de P. Hahnemann. Œuvres charmantes et méconnues qui font l'objet d'un CD chez Gallo et planifié pour les Schubertiades en septembre à Monthey. C'est promis, on le réinvite pour ce nouveau programme pour la saison prochaine.     Brigitte Siddiqui


PS : Ma fidèle et appréciée amie journaliste des reflets des concerts dans le Journal de Versoix-Région, Lucette Robyr étant malade, j'ai pris momentanément le relais et lui souhaite un prompt rétablissement afin qu'elle nous revienne bien vite. Brigitte
 

auteur : Brigitte Siddiqui

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