24.11.2012 par TM
num.224 déc. 2012 p.10
Conseil Municipal : Des caddies pleins au budget

Une séance de Conseil Municipal commence toujours par un aperçu de ce qu'est la lourde tâche d'un élu administratif. Inlassablement, ils font le rapport de leur dernier mois d'activité. Les affaires sont variées, des inondations aux visites officielles, des actes de vandalisme à la gestion des travaux, ou encore des affaires culturelles aux planifications financières. On a ainsi une vue globale de tous les dossiers qui sont traités et du traitement généralement suffisamment efficace pour que les choses ne deviennent pas des problèmes trop graves.

Tous ces petits soucis à régler représentent tous les obstacles que peuvent rencontrer les Conseillers Administratifs sur leur chemin tout tracé d'impératifs à totaliser. Beaucoup de ces soucis sont néanmoins transmis aux autorités compétentes, alors que d'autres sont réglés sans trop discuter car ils font sens, sans controverse ni grande difficulté. Une dernière catégorie de problèmes, enfin, vient s'ajouter au cahier des charges, comme la réforme de la caisse de pension qui coûtera deux millions environ à la ville.

Ce mois-là, c'était le vote du budget qui s'imposait dans toutes les communes genevoises. Si ce genre de présentations, auxquelles s'attelle le CA responsable des finances, M. Malek-Asghar (PLR), depuis quelques années, ne sont pas toujours accueillies avec beaucoup d'enthousiasme, car les chiffres projetés diffèrent peu d'une année à l'autre, on salue néanmoins une volonté de répondre à une demande croissante en données susceptibles d'intéresser.

Des chiffres intéressants

Pas encore tout à fait au point dans leur présentation, quelques calculs dignes d'intérêt nous étaient suggérés. Par exemple, M. Sauter (Verts) demandait combien coûte une place de crèche à la Commune et M. Lambert (PDC) proposa de le calculer à partir du montant dépensé (3'125'456 francs) et du nombre de places (163), étant donné que celles-ci sont complètes. Il est donc intéressant de noter que la Mairie attribue alors une subvention de 19'000 francs environ par place de crèche.

Toujours concernant la crèche, il était moins évident de dire à M. Hurni (PLR) combien la Commune paie par employé, étant donné qu'aucun décompte n'apparaît dans le bilan de la Fondation EVE et que les postes sont, à quelques exceptions près, tous des temps partiels entre 50% et 70%. Avec 70 employés et 4.4 millions de francs de charges salariales, on peut tout de même extrapoler que la Municipalité dépenserait entre 8'000 et 10'000 francs par mois et par temps plein, toutes charges comprises.

La baisse du centime additionnel était aussi au débat. A cet effet, on nous rappelait qu'un de ces centimes représente environ un demi-million de francs dans les recettes et que pour un contribuable comme M. Kummer (Verts), cela revient à environ 90 francs de dépenses, lui qui s'estime pourtant gagner bien sa vie par rapport à la moyenne communale.

Un débat sur la baisse du centime additionnel

M. Kummer poursuivait donc en rappelant que les dépenses pourraient s'alourdir à l'avenir, avec les projets de salle omnisports ou de bassin olympique, ou encore les ajustements concernant la caisse de retraite des employés. Il insistait enfin sur le fait que se prononcer sur un budget, c'est aussi se prononcer sur le long terme et qu'en tant qu'écologiste, sa vision globale très sollicitée lui indiquait l'aspect moins indiqué de cette baisse qu'il jugeait alors déraisonnable.

M. Lederac (PLR, photo), lui, n'était pas du même avis, et rappelait que la situation avait déjà été assainie au point de vue "dette" et qu'avec les progrès réalisés, on pouvait dire de la gestion qu'elle était "prudente", "maîtrisée" et "responsable". Par ailleurs, il s'est dit sensible à la situation des citoyens, qui pour certains, se sentiraient certainement mieux avec 90 francs de charges en moins.

Les avis clairement affichés des Verts et du PLR, le PDC venait ainsi se joindre à son colistier de l'Entente pour soutenir le budget par l'intervention de M. Chappatte (photo). Il considérait celui-ci prudent et ajoutait que la Ville "en avait les moyens", avant de finir sur une note humoristique, en évoquant le jeu de balle entre français et anglais sur le mot budget, adopté par la francophonie, mais dérivé du mot désuet "bougette" désignant une petite bourse de cuir.

M. Marro (SP, photo) mentionna ensuite le budget refusé la semaine précédente, à cause d'une baisse proposée dans la commune à majorité PLR de Pregny-Chambésy. La raison de ce refus avait été, renchérissait-il, "la prudence".

M. Piccot (PDC) proposait enfin que le vote fût nominal, mais dépourvu de l'appui de deux conseillers, sa requête se vit refusée conformément à l'article 49 du règlement du CM.

Budget accepté et mot de la fin

En conclusion, on accueillit le budget avec 6 "non" Verts, 3 SP (9 au total), une abstention et 16 "oui". La prudence suggérée sur le centime additionnel sera ainsi jugée excessive par la majorité, et la comparaison à Pregny-Chambésy trop inconséquente, bien que les éléments incertains et les prédictions à la baisse du Canton soient les mêmes partout! Et puis, même si, comme le dit M. Malek-Asghar, les recettes augmenteront un peu avec la population qu'on prévoit, le caddie de la Ville est encore plein de projets, correspondant aux arriérés d'un ancien et récurrent problème d'une ville qui ressemble trop à un dortoir. Et comme la culture locale est importante dans cette perspective ; tout comme le mot "budget", le "caddie" vient d'abord du français "cadet", adopté en premier par les joueurs de golf, peut-être pour rappeler que le sport - dans les prédictions économiques encore timides de l'Etat - pourrait devenir une pratique bien subsidiaire.

auteur : Thomas Mazzone

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