18.11.2012 par LR
num.224 déc. 2012 p.14
La MMV et le Requiem de Karl Jenkins

Ce dimanche 18 novembre 2012, c’est à la Cathédrale St-Pierre à Genève – en présence des autorités versoisiennes, de hautes personnalités et d'un public enthousiaste de plus de 1100 personnes salué par M. Alain Riat, président de la MMV – que la Musique Municipale de Versoix nous offrit un magnifique concert. Certes, elle n’était pas la seule, puisqu’elle était accompagnée de la Musique d’Harmonie « Les Armes-Réunies de la Chaux-de-Fonds ».

Vous l’aurez compris ! Pour chanter un requiem, il faut des chœurs : celui de l’Avenir de Saubraz, celui des dames « L’Hirondelle » de Yens, le chœur d’hommes de Yens-Gimel-Apples et l’ensemble Jean-Philippe Rameau du Pays de Gex, soit au total 200 choristes et 80 musiciens (dirigés alternativement par M. Claude Surdez et Mme Malgorzata Digaud). Couronnement d’un concert donné préalablement à Yens sur Morges, La Chaux-de-Fonds et Divonne-les-Bains. Terminer dans une cathédrale, aussi renommée que celle de St-Pierre, n’est-ce pas rendre hommage à cette musique sacrée qu’est un Requiem ?

L’œuvre de Karl Jenkins, né en 1944, compositeur et musicien gallois fut adaptée et transcrite pour harmonie et direction d’orchestre par Claude Surdez, directeur de la MMV. Succès sur toute la ligne. La musique développait ses sonorités avec fougue ou délicatesse, sensibilité ou exubérance. Mais souvent, au cours des différents morceaux, sous l’effet des flûtes, hautbois, clarinettes, cors et trompettes, ce n’était que prière et méditation. Ce requiem, écrit en 2005, dédié à son défunt père, «qui était un musicien, un ami et une inspiration », note le compositeur, intègre dans son œuvre des petits poèmes japonais sur des airs de Shakuhachi (longue flûte à bec en bambou propre au Japon) interprétés par Dieter Nanz, maître-flûtiste et musicologue. Idée originale, s’il en est, d’insérer ces reflets de la nature évoquant la neige, les fleurs de cerisier, l’eau, la lune, les nuages, l’esprit qui erre dans les champs après avoir pris congé de la vie avec une bénédiction. Chants en latin, chants en japonais dégageaient avec finesse leurs gammes de solos (solistes ou instruments). Honneur aux soprani Rachel Flühmann (mezzo-soprano), Marie Gogniat, Cécilia Urfer, à la harpiste Elodie Wuillens,  à l’hautboïste et au flûtiste.

Chaque morceau musical traduisait le chemin de lumière vers laquelle s’ouvre le défunt : larmes, tristesse, colère, miséricorde, crainte et pitié, repos éternel. Mais combien est belle l’arrivée dans la lumière, âme accueillie par les anges et conduite au paradis ! Lorsque la harpe égrène ses notes, puis flûtes et clarinettes seules, c’est le chagrin qui se dessine en filigrane. On ne saurait rester insensible au bourdon qui retentit et à cette atmosphère mélancolique de souffrance ; les percussions dans toute leur puissance, non seulement nous font entrevoir le Jugement dernier, mais aussi l’entrée dans la joie de la Jérusalem céleste. (Dies irae et In Paradisum).

Chœur et orchestre ont si bien rendu cette longue progression de la mort à la vie par une exécution parfaite des intensités variables de la voix en un ensemble imposant et harmonieux, soutenu et enjolivé par l’expression des timbres et des sonorités des instruments, expression subtile aux influences japonaises, que le voyage du défunt semblait plein de mystère, de sagesse et de libération.
Une véritable ovation fut faite à tous les artistes qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes et sans aucun doute, c’est avec des milliers de fleurs qu’on leur adresse à tous, aux bénévoles, donateurs, annonceurs et les grands soutiens, nos vifs remerciements et sincères félicitations pour cette lumineuse soirée musicale. Longue vie à la MMV. 

Photos J. Robyr

auteur : Lucette Robyr

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