20.01.2012 par TM
num.215 fév. 2012 p.10
CM de décembre

Si décembre est historiquement le mois où les lois les plus frauduleuses sont généralement votées à une échelle plus globale, Versoix ne nous en donnera pas moins une séance aussi longue que mémorable, puisque, sauf erreur, elle s'étirera jusqu'à onze heures passées, laissant aux spectateurs les moins assidus un souvenir soporifique et effaçant probablement toute envie de revenir.

Pourtant, cette fois-ci, un saut dans l'avenir s'est réellement dessiné, et le contraste entre travail qu'on pourrait qualifier de fonctionnel et vison d'avenir s'est rendu visible. S'il faut saluer le bon travail réalisé globalement par les conseiller municipaux, avec un accent sur certaines figures particulièrement méritoires, là où il y a rupture, c'est réellement sur la vision que les uns et les autres ont à un terme plus long.

Ainsi, on avait d'une part, en partant de Versoix-Centre, en passant par le club nautique, et en allant jusqu'à la problématique du bruit autoroutier dans la région d'Ecogia, avec une pétition signée par près de 160 habitants, un conseil municipal et un exécutif unanimes, avec une véritable volonté de s'occuper d'une manière aussi efficace que possible de ces dossiers. La preuve en est que les travaux au centre-ville devraient débuter avant cet été.
Cependant, en commençant par un exposé du Maire M. Lambert sur un projet subventionné de cohésion sociale en milieu urbain (avec pour cible la Pelotière), et en terminant sur la position de nos députés quant au "concept" et au "schéma" du Plan directeur cantonal 2030, l'occasion s'est présentée d'avoir une vue de la pluralité des aspects d'une telle mesure.
Si tout le monde était d'accord quant au refus de ce plan, les Verts ont montré une réelle inquiétude quant à l'avenir, qui s'est traduite par une contestation sur la manière un peut trop convenante du refus. Les deux positions sont défendables, étant donné qu'il s'agit uniquement d'un préavis et que la psychologie des plus hauts fonctionnaires, de même que leur pouvoir final sur la décision jouent un rôle certain. En revanche, la faction écologiste de Versoix a montré une aspiration et une maitrise du dossier plus rayonnante, avec un M. Piccot qui s'est même fait voler la vedette par son acolyte vert, M. Sauter.
Dans un discours appuyé par des coupures de journaux divers, celui-ci a évoqué tour à tour les divers aspects d'une vision telle que celle du plan directeur.

Toutefois, essayons de clarifier. D'abord, de façon anodine, M. le Maire nous a présenté ce projet social à la Pelotière, faisant jouer deux types de subventions, à la fois cantonales et fédérales, pour développer un réel cadre de vie commune dans ce quartier, puisqu'il est clair que la zone ressemble encore trop à l'échec auquel les visionnaires l'avaient vouée, sans pour autant, et c'est là une note d'espoir, sombrer dans le noir le plus complet que d'autres avaient prédit, et ce grâce à l'effort d'une tranche tout de même importante d'habitants, de travailleurs sociaux et de bénévoles, comme il convient de le souligner. Ceux-ci, d'ailleurs, seront plus que jamais nécessaires à un tel projet, qui vise à coordonner leurs efforts dans un but précis, incluant notamment des potagers.
Ensuite, et c'est encore plus anodin, une dérogation a été accordée pour un projet, au préalable validé, de maison de type "Minergie", dont la conception avait subi une légère modification. L'affaire s'inscrit néanmoins dans le cadre du plan directeur, qui vise à geler toutes les zones villa, dans le but à moyen terme de la densifier en profitant de décès ou de dégradations dues au temps.
Cette perspective macabre est à l'image du plan directeur, venant comme solution devant un manque total de cohérence et de compréhension au niveau cantonal de l'augmentation massive de la population en Suisse, et en particulier dans le canton. M. Kummer souligne aussi que Versoix a été décrété récemment comme l'une des communes avec un des taux de précarités les plus élevés du canton, particulièrement dans le quartier de la Pelotière. Hors on est en droit de s'interroger sur ce que donnerait un, voire deux ou trois quartiers comme celui-ci, devant une zone résidentielle qu'on densifie à l'étouffement, et qui, selon lui, permettait de faire contrepoids avec la précarité, apportant un équilibre sympathique à notre commune.
Alors, les Verts ont tenu à faire part de leur souci hors du huis-clos usuel et peu démocratique des commissions, et à ré-avancer leurs divers points de désaccord. Le PDC avait pour mot d'ordre de refuser l'entrée en matière, bien que certains d'entre eux le déplorèrent plus tard. Ce qui avait l'apparence de "pinailleries" sur des détails du texte, de précisions inutiles, cachait en fait un malaise plus profond, ce que M. Sauter, a tenté d'expliquer dans une longue tirade.
Celui-ci a parlé du manque d'espace, de la destruction du secteur agricole, et de la folie des grandeurs qui nous pousse à attirer toujours plus de monde chez nous. On peut, de plus, se demander pourquoi les partis à la fibre plus sociale ignorent sciemment certains aspects de l'attrait en masse de multinationales dans une zone qui est déjà en train d'étouffer, et mettent uniquement l'accent sur l'aspect "habitation".
Au final, ce vote plus moral que décisif s'est soldé par 14 refus, 6 "oui" verts et 3 abstentions.
Plus positivement, tout de même, Versoix, de façon générale, semble être un exemple de conservation de la culture et d'intégration, puisque, auparavant adversaire de Genève, elle perpétue maintenant depuis longtemps la tradition de "l'Escalade". Ainsi, l'on cassait un peu tardivement la marmite de façon plus fraternelle, après une séance forte en émotions.

auteur : Thomas Mazzone

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