18.03.2020 par ALBB
num.297 avril 2020 p.24
L'école buissonnière imposée !

Les pessimistes craindront une crise, d'ailleurs inéluctable. Ce n'est ni la première, ni la dernière ! Les optimistes tâcheront de trouver les bons côtés de la pandémie. Loin de moi l'idée de me réjouir de la situation ! Toutefois, puisqu'on a pas le choix, autant po-si-ti-ver !

Tout à coup, des parents se retrouvent à la maison en compagnie de leurs enfants. Ils sont sensés les accompagner dans leurs travaux scolaires, dont la distribution n'est pas coordonnée ou peut sembler lente.

A la décharge des enseignants, aucune prophétie, même la plus fantaisiste, n'aurait pu imaginer les écoles vidées si brutalement. Ils doivent faire preuve d'une inventivité incroyable pour permettre à leurs élèves d'accéder aux connaissances loin d'eux. En effet, dans une classe, les cours sont adaptés à chaque enfant, visuellement, auditivement, avec tant de méthodes parallèles... Alors, livrer du matériel adéquat en quelques heures est un sacré défi s'il faut le personnaliser.

Les quelques heures de travail scolaire ne remplissent guère une journée. Bien des familles ont l'habitude de ne que peu se voir, puisque les enfants sont pris en charge du matin au soir. Alors, que faire ensemble ?

Cette situation inédite est une occasion unique de tisser des liens différents, de découvrir les dons des uns et des autres, de nouer des complicités. Chaque personne a des compétences souvent ignorées et c'est le moment de les faire briller ! Bricolage, dessin, cuisine, observation de la nature, jouer ensemble, sport, magie, musique, théâtre, converser en langues étrangères, toutes ces occupations sont sources d'apprentissage d'une grande richesse et des possibilités de partage agréables.

Les enfants sont friands d'histoire et curieux. Alors, pourquoi ne pas raconter des anecdotes cocasses ou sérieuses de l'histoire familiale ? Regarder des photos pour se remémorer de bons souvenirs ? Une autre manière de ne pas oublier des proches qu'on n'est pas sensé revoir ces prochains temps... et de mieux comprendre d'où on vient.

Au moment où vous tiendrez ce journal, les conditions de confinement auront peut-être été durcies. Gageons que cela ne soit pas le cas !

Notre région est magnifique : lac, forêt, rivière. Il est possible de bénéficier des lieux en respectant les distances sanitaires édictées. Le 17 mars, j'ai croisé des parents pleins d'imagination : chercher des têtards pour les observer, grand tour en vélo, ramasser les déchets égarés dans la nature, etc. Autant dire que ces activités sont pédagogiques ! Heureux sont les enfants ainsi entourés ! Nul doute qu'ils garderont un bon souvenir de cette période bizarre où ils ont été privés d'école, un rêve secret qu'ils n'auraient jamais imaginé pouvoir se réaliser !

Et si d'aventure on est prié de rester chez soi, depuis sa fenêtre, on peut admirer le ciel sans le tracé des routes des avions, les oiseaux en train de planer et construire leurs nids après s'être battus pour obtenir les meilleurs emplacements. On peut planter des fleurs dans un pot et observer la croissance, etc. Le printemps est une explosion de vie nouvelle, si on prend le temps de regarder. Pourquoi ne pas dessiner ou écrire ses observations, prendre des photos, selon l'humeur du moment ?

Po-si-ti-ver ! Quel que soit notre "malheur", on a la chance de bénéficier d'un toit, de nourriture, ces richesses que bien des gens en exil nous envient. Alors, imaginons une vie différente agréable ... histoire que nous raconteront à nos (petits)-enfants un jour...

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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