29.12.2018 par ValC
num.284 déc.2018-janv.2019 p.11
Loin des yeux, loin du coeur, Sans-Souci !

Qui n’a jamais entre-aperçu en arrivant à l’entrée de Versoix par la route Suisse, un pan du magnifique château du domaine de Sans-Souci et voulu en savoir plus sur ce château rose bien mystérieux ?

À l’origine, le domaine de Sans-Souci est une part de terrain acquise par la famille Saladin possédant toutes les terres de Malagny (et des entrées à la cour de France et d’Angleterre) au milieu du 18ème siècle. Au début du 19ème siècle ce grand domaine passe aux mains des Marcet, famille de scientifiques vivant entre l’Angleterre et Genève. C’est en 1832 que les terres de Sans-Souci se détachent du reste du domaine de Malagny, désormais possédées par Adolphe Pictet (fils de Charles Pictet de Rochemont, acteur important de la négociation des frontières du canton de Genève pour son rattachement à la Suisse). Il y restera peu, car à la fin du siècle, c’est une famille de riches banquiers, les Bartholoni, qui reprend le domaine et fait construire le fameux château. Sans-Souci a d’ailleurs été un choix potentiel pour le Siège de la Société des Nations (ancêtre de l’ONU) en 1920, mais ne fut finalement pas retenu. Revendu par les Bartholoni dans les années 20, le domaine finit par appartenir à la Société d’investissement Sans-Souci. Il est d’ailleurs réduit, « perdant » notamment la plage de la Bécassine qui deviendra l’institut Forel. Le château sera ensuite loué à un jeune baron liechtensteinois, mais qui le quittera vite. Passionné de courses automobiles, il a été prié de déménager à Nyon à cause du bruit des bolides qui dérangeait les voisins.

Dès lors, le château n’étant que peu habité, il commença à coûter de plus en plus cher à la société propriétaire. Heureusement, alors que sa destruction était prévue, l’Emir du Qatar le sauva en le faisant restaurer. Quelle chance ! Un objet architectural d’une grande valeur, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, avec notamment des peintures du peintre Albert Maignan, célèbre à la fin du 19ème siècle. Malheureusement, le château n’est pas visitable, et le domaine fermé au public. Cependant, le domaine est disponible pour des cérémonies. Prix sur demande (toujours utile si vous ne savez pas quoi faire de votre fortune). Pour les plus passionnés, les anciennes villas du personnel ont été réaffectées en habitations et de nouvelles autorisations de construire ont été accordées. Quant au reste de la population, il lui faudra se contenter d’entre-apercevoir les briques du château en rentrant après une longue journée de travail. Néanmoins, pour les plus assidus, il est légalement autorisé de se balader sur toute la longueur des rives du lac qui doivent laisser un passage de deux mètres non-privatisés. Si vous n’êtes pas rebutés par les barrières ni par le chien, vous verrez peut-être par vous même si vraiment, il n’y a pas de souci à se faire.

auteur : Valentine Curvaia

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