Titre et illustration : Extrait de la Tribune de Genève 25.7.2018
17.09.2018 par MG
num.282 octobre 2018 p.06
Vols de Nuit : Genève et Zürich

 Le 25 juillet 2018, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) a décrété pour la première fois des mesures afin de lutter contre le dépassement par le trafic aérien des niveaux de bruit admissibles la nuit. A Genève, où le nombre de vols de nuit continue à augmenter inexorablement, alors que le nombre de mouvements des grands avions (vols de ligne) diminue, la réaction immédiate fut de la joie : on espérait également voir des mesures similaires. Malheureusement, en regardant les détails, on a vite déchanté.

A Zurich, avec l’existence de trois pistes, dont 2 à peu près orientées nord-Sud et une troisième Est-Ouest, il a longtemps été possible de concentrer la grande majorité de vols sur l’Allemagne au nord, ou l’extrême du lac de Zurich. Ainsi, les résidents fortunés vivant au bord du lac, souvent appelé le Goldküste, n’étaient pas sérieusement touchés par les survols des avions. Par conséquent, le calcul des nuisances reflétait bien ces trajectoires.

Tout a changé quand le gouvernement de l’Allemagne a interdit les survols sur son territoire entre 21h du soir et 7h du matin. Le résultat inévitable fut une augmentation des vols de nuit sur les pauvres riches (!) zurichois et, logiquement, une augmentation du bruit pendant la nuit. En conséquence, comme spécifié dans le document de l’OFAC, le rapport du Flughafen Zürich AG (FZAG) sur l’exposition au bruit du trafic aérien en 2016 indique un dépassement par le trafic aérien des niveaux de bruit admissibles la nuit. Afin de corriger ce problème, l’OFAC a ordonné le gel du nombre des créneaux horaires attribués pour les atterrissages et les départs en fin de soirée, l’objectif étant d’éviter tout dépassement supplémentaire des valeurs limites applicables au trafic aérien durant la nuit.

Quand à Genève nous avons lu le titre du communiqué de l’OFAC (Aéroport de Zurich : l’OFAC décrète des mesures contre le bruit nocturne des avions), certains optimistes pensaient que l’OFAC pourrait agir partout contre la croissance inexorable de vols de nuit. Or, nous avons été déçus par la suite du texte : «Afin toutefois de permettre à l’aéroport de Zurich de se développer conformément à ce que prévoient le rapport sur la politique aéronautique et le plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (PSIA), l’OFAC envisage de redéfinir les limites d’exposition au bruit admissibles la nuit. À cet effet, l’OFAC exige que FZAG lui remette de nouveaux calculs du bruit dû au trafic aérien.»

Autrement dit, parce que le bruit dépasse les limites actuelles des courbes de bruit, mais que la Confédération veut continuer à augmenter le trafic aérien, on doit simplement élargir ces limites.

A Genève, c’est quasi-identique, mais avec du retard. Il est prévu que le trafic de nuit augmentera, en particulier quand le nouveau terminal Est aura été construit. Ce dernier doit accueillir davantage de vols de nuit, y compris des long-courriers vers l’Asie et l’hémisphère sud. Alors, l’OFAC et l’aéroport ont concocté un nouveau calcul des courbes de bruit, en imaginant une forte augmentation des vols de nuit, mais en ignorant que les avions moins bruyants, prévus entre 2020 et 2030, sont déjà en place.

Conclusion : malgré toutes les protestations contre le réchauffement planétaire et l’augmentation de la pollution, nos « sages » du Conseil Fédéral et de l’Etat de Genève sont toujours incapables de résister la pression du lobby tout puissant de l’aviation. On peut se demander si, quand la neige en Suisse deviendra encore plus rare et les glaciers auront disparu, nous continuerons à recevoir ses avions remplis de touristes !

auteur : Mike Gérard

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