15.09.2018 par ro
num.281 septembre 2018 p.16
Hommage à Madame Yvette Zullig

 Hommage à Madame Yvette Zullig

Madame Zullig, tante Yvette, comme nous la surnommions, a été, depuis sa fondation, un fidèle pilier de l’AHM, l’Association des Habitants de Montfleury. Elle nous a quittés quelques jours après ses 95 ans.
L’AHM a été sa vie pendant des années, des décennies même, car elle avait organisé sa vie autour du social, comme elle appelait son action auprès de ceux qui en avait besoin. C’était principalement les personnes âgées du quartier dont elle se préoccupait, leur tenant compagnie ou les accompagnant en courses. « Ses » personnes âgées, comme elle les appelait, bien que certaines soient plus jeunes qu’elle ! Sous une apparence un peu bourrue, façon Calamity Jane, tante Yvette cachait un cœur d’or.
Pendant une vingtaine d’années, elle a été bénévole à Bon Séjour, fidèle au poste, car jamais malade, jamais plaignante. Elle arpentait la commune de son pas rapide, allant d’un devoir à l’autre.
Le social, elle en faisait déjà toute jeune, avec son père, disait-elle, qui parcourait les rues de Genève avec de la soupe chaude quand il faisait froid et qu’il jugeait qu’il y avait plus malheureux qu’eux.
Il lui en est resté une très grande sensibilité à la justice sociale. Quand elle trouvait un sujet d’indignation, elle n’hésitait pas : elle écrivait au Conseiller d’Etat en charge du dossier pour lui expliquer, à travers une longue lettre, sa façon de penser. Il faut reconnaître qu’elle a pratiquement toujours reçu une réponse !
Il faut aussi se rappeler qu’elle a été la plus prolifique pâtissière du quartier. Le stand de pâtisseries de la braderie ne comptait plus les tartes aux pommes de tante Yvette, et avant les Fêtes de fin d’année, son petit appartement se transformait en fabrique industrielle de biscuits. Des plateaux entiers se superposaient dans toutes les pièces, et il y en avait pour tout le monde : sa famille, tous ses voisins, ses amis, ses médecins, tous les policiers de Versoix, tous les chauffeurs des bus qu’elle prenait durant cette période, car elle partait toujours avec des réserves dans son grand sac !
Avec le départ de tante Yvette, c’est toute une époque de Montfleury qui paraît soudain bien lointaine. Nous garderons d’elle l’image du courage, de la force de caractère et de la générosité. Repose en paix, tante Yvette !

Véronique Schmied
Ancienne présidente de l’AHM

auteur : rédacteur occasionnel

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