16.08.2018 par MG
num.281 septembre 2018 p.05
Le DETEC et l'OFAC: consulter, informer et ignorer!

Début juillet la Confédération (le DETEC et l’OFAC) a mis en consultation une révision de la partie « conceptuelle » du PSIA : un petit document de seulement 90 pages ! La version actuellement en vigueur date de 2000. Depuis, le trafic aérien civil s’est considérablement développé, tandis que les politiques et les orientations en matière d’aménagement du territoire se sont modifiées. Une révision complète s’avère par conséquent aujourd’hui indispensable. Les autorités cantonales et la population sont invitées à se prononcer sur le projet de la Confédération. Ce document est très important parce qu’il servira de justification lors des discussions à propos de l'avenir de l'aéroport de Genève.

Comme par le passé, la période de « consultation » tombe "par hasard" au milieu d’une période de vacances : du début juillet jusqu’à la fin d’août 2018. En plus, les communes, qui avaient presque unanimement rejeté le premier document au sujet du PSIA, ne sont pas consultées. Seules les autorités du canton ont été contactées. Les habitants du canton de Genève ne sont qu’informés ! Bien sûr, tout un chacun peut envoyer ses commentaires (et objections), mais ces commentaires ne sont enregistrées nulle part et ne reçoivent aucune réponse. A se demander si l’OFAC ou le DETEC les examine !

Qu'en est-il de la consutlation cantonale ? Avec un Grand Conseil dominé par les membres du PLR, tous convaincus que ce n’est que l’économie qui est importante, le président du Conseil d’État, également ministre de tutelle de l’aéroport qui ne cesse pas de glorifier l’augmentation du trafic (et des nuisances sonores et à l’environnement qui en suivent) et veut voire doubler la population de Genève (de 500 mille à un million), et un ministre censé être un Vert, qui désire construire des logements autour de l’aéroport, les plaintes des riverains ne seront guère entendues.

Quand on examine le document, la première chose qui choque, c’est que le fameux rapport 2016 à propos de la politique aéronautique Suisse en est la base : un document fortement influencé par le lobby de l’économie, plein d’erreurs, qui fut présenté aux journalistes par Madame Doris Leuthard, mais qui n’a jamais été analysé par le parlement Suisse.

Pire encore est le fait que les statistiques sur la croissance future de l’aviation ont été soigneusement choisies pour prétendre que la croissance de l’aviation à Genève est inévitable. Ainsi, pour citer le nombre de personnes qui habitent dans les zones de bruit à Genève, on utilise les chiffres de 2012, alors que nous savons que les nuisances, en particulier pendant la nuit, ont fortement augmenté. Ensuite, pour estimer la croissance en passagers et mouvements des avions, le rapport suppose que la croissance en 2015 continuera, alors que leurs propres chiffres indiquent un net fléchissement en 2016, 2017 et le début 2018 (en juillet 2018 il y a eu moins de passagers qu’en juillet 2017 : la première baisse dans un mois depuis le krach financier de 2010 !). Comme disait un politicien genevois à la radio, on peut faire tout et n’importe quoi avec les chiffres.

Mais, pour moi, le plus grave est que nos magistrats continuent à ne parler que d’économie. Or, l’état du monde, en particulier dû au réchauffement planétaire, régresse à une vitesse alarmante. Dommage que nous ayons beaucoup de politiciens mais pas assez d’hommes d’Etat capable de penser à long terme.

 

 

auteur : Mike Gérard

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