06.10.2017 par ALBB
num.272 octobre 2017 p.03
La rampe de la Gare doit remonter la pente

Le dire avec des fleurs avant que notre ville ne se meure !

La rampe de la Gare était la colonne vertébrale du village. En haut, la gare, son buffet, la poste, la quincaillerie, la mairie et l'école. En descendant, on y trouvait café, boulangerie, boucherie, laiterie et des vêtements. Au bord de la route Suisse, une épicerie faisant face à la pharmacie, la seule de la région. Si vous êtes né après 1965, vous ne pouvez pas vous souvenir de cela !

Tout a évolué. Le gros bâtiment abritant la Coop (actuellement Fust), l'UBS, un kiosque, une salon de coiffure, une teinturerie et la bibliothèque a été construit vers 1968. Un médecin et un dentiste complétaient l'offre. Là encore, la vie grouillait dans l'artère, point de rencontre incontesté. Notons que le Bourg connaissait une ambiance similaire à cette époque-là. Les gens se connaissaient et se parlaient (ou pas, c'est selon...) !

La Mairie a migré au bord du lac juste avant les années 80. Peu après, la poste s'est déplacée de quelques mètres dans un nouvel immeuble qu'elle a construit. La laiterie s'est transformée en papeterie qui a fermé ensuite. La rampe de la Gare a attiré des fleuristes, un opticien, qui ont remplacé la boucherie et la boulangerie. La caisse Raiffeisen est devenue banque et a déménagé deux fois pour mieux répondre aux besoins de sa clientèle. Un ostéopathe s'est installé. L'offre a varié, mais le public était toujours fidèle. Momo faisait la circulation ou impressionnait ceux qui ne le connaissaient pas.

Tous ces commerces complémentaires remportaient le succès qu'ils méritaient, étant clair que leurs responsables travaillaient dur pour s'adapter et se moderniser. Il y avait de l'ambiance dans la rue. Je me rappelle même d'une occasion, probablement dans les années 90, où Serge Alessi, avec son sens de l'humour légendaire, avait déplacé les tables du café au milieu de la chaussée pour rappeler que cet endroit était d'abord un lieu de rencontre ! Les automobilistes bloqués en rigolaient, c'est dire !

Puis, durant les années 2000, la mue de village en ville a commencé. Les travaux se sont enchaînés et la clientèle a fui la zone faute de parking. Le coeur des activité ne bat plus dans la rampe de la Gare, mais juste à côté ! Versoix-Centre a été inauguré au moins cinq fois en grandes pompes. Le marché hebdomadaire a lieu les samedis matin à un jet de pierre.

La menace des travaux de la Route Suisse gronde. Fin 2017, tant les fleuristes que l'assurance vont quitter leurs locaux laissant un vide qui ne demande qu'à être rempli.

Les fleuristes ont le coeur gros. Depuis 32 ans, elles ont embelli leur rue et participé avec leurs décors à tant de fêtes. Ces derniers temps, elles ont l'impression d'être dans un désert. Peu de piétons et encore moins de chalands. Elles mettent la clé sous le paillasson avant d'y être contraintes. Pourtant, elles aiment tant leur métier. C'est la raison pour laquelle on pourra retrouver le sourire de Nathalie chez Fantasia Fleurs juste à côté du château de Coppet.

Ces départs représentent peut-être une chance à saisir pour rendre sa vie à cette rue! Elle se situe toujours au coeur de Versoix. Il y a même un parking gratuit pendant une heure, c'est dire si elle est accessible ! Les locaux libérés sont agréables, près de la gare et de la poste.

Il suffirait de peu pour que la rampe de la Gare reprenne ses couleurs d'antant. Les efforts ne doivent pas provenir que des entreprises qui s'efforcent d'animer le village. Si l'on écoute les commerçants du Bourg, on entend aussi des plaintes... Et le parking manque là-bas ! La Ville a une part de responsabilité de cette situation. Elle se doit de soutenir l'économie dont elle dépend aussi via la taxe professionnelle.

Une meilleure signalisation généralisée serait un plus. Pas seulement pour annoncer le port ou la gare ! L'entrée de Montfleury est un bon exemple. Des panneaux indépendants les uns des autres permettraient de mettre en valeur ce qui est l'essence même d'une ville : ses commerces, ses institutions, ses lieux de vie et de rencontres. Rendre attractif le "village", inciter les gens à s'y arrêter, pas seulement à le traverser ! Des slogans sous forme de clin d'oeil le long de la route Suisse pour les automobilistes qui auraient largement le temps de lire en traversant la commune. En effet, c'est difficile de pousser le bouchon. On ne peut pas reprocher le manque de décors floraux.

Les Versoisiens devraient aussi se rappeler que, s'ils veulent continuer de bénéficier d'une ville agréable, ils doivent participer à sa vie et venir y consommer ou rencontrer les autres habitants. On ne peut pas demander des subventions pour les activités de ses enfants et sytématiquement aller dépenser ailleurs ! Une ville ne vit qu'au travers de ses habitants, associations locales et travailleurs ! Pour recevoir, il faut aussi donner.

Alors, la prochaine fois que vous affronterez les bouchons pour vous rendre à Nyon, Chavannes, en France ou Balexert pour faire vos emplettes, réfléchissez au coût de votre déplacement et au temps que vous perdez, vous qui prétendez justement ne pas en avoir !

Faites des économies ! Essayez le parking communal, gratuit une heure, ou celui de Porte de Versoix, à trois minutes à pied de la place du Bourg dont la durée est de deux heures lorsque les commerces sont ouverts. Redécouvrez votre localité, vous y dénicherez des trésors, des commerçants à votre écoute, des terrasses où il fait bon partager un moment de convivialité. Là, tout près de chez vous ! Dommage que l'herbe vous semble tellement plus verte ailleurs...

Au plaisir de vous croiser bientôt à Versoix !
 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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