16.02.2011 par MJ
num.206 mars 2011 p.01
Edito 206

 Et la dignité ?

En promenade avec mon épouse le long du magnifique quai de Cologny admirant le lac et le ballet des mouettes, regrettant un petit peu que Versoix n’offre qu’une balade de moins de deux cents mètres le long de notre quai, notre attention fût attirée par un trio formé de deux agents et d’un quidam.
Ce dernier, retenant son pantalon démuni de ceinture, est fouillé par l’un des pandores, de haut en bas, de long en large, extérieur comme intérieur.
Les poches des habits du bonhomme sont vidées et leur contenu déposé sur un banc auprès duquel ce déroulait cette action. Puis, jugeant sans doute que le personnage cachait d’autres petites délicatesses, il fut assis sur le banc et prié de se déchausser afin que la fouille fût complète. Il ne fût pas mis à nu physiquement, mais cela devait être pénible pour lui.

La situation nous a un peu surpris, et le mot est faible. La figure angélique de l’interpelé n’a pas attendri les forces de l’ordre, elles ont l’habitude de ce genre de situation. L’innocence ne se lit pas sur les visages, même angéliques.

Leur voiture, garée à quelques mètres de là, laissait entendre les aboiements d’un chien, dressé pour détecter les substances illicites et nous supposons qu’il ne fallait pas chercher plus loin les raisons de cette interpellation. Mais …

N’y a-t-il pas des locaux disponibles dans notre République pour, après que les agents se soient assurés de la non dangerosité de l’individu, poursuivre les investigations ? Il est des cas où notre police agit avec plus de discrétion.
Et n’est-ce pas faire peu de cas de la dignité humaine que de fouiller, au vue et sus de tout le monde, un être humain, fut-il blanc ou de couleur ? Fût-il coupable ... ou pas ?

Nous avons poursuivi notre balade, mais avec au coeur comme une blessure, celle de l’injustice.

 

auteur : Michel Jaeggle

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