15.03.2017 par YR
num.267 avril 2017 p.06
Ancienne préfecture : les usagers aiment, la gauche rumine

Ancienne préfecture : les usagers aiment, la gauche rumine

Dossier récurrent des séances du Conseil municipal, la réfection de l'Ancienne préfecture est un sujet tout particulier. Si tout le monde s'accorde à dire que la rénovation est une bonne idée, l'usage idéal de ce bâtiment n'est pas le même pour tous. Et ce, malgré la sélection du projet d'IN_OUT Architecture intervenue en novembre de l'année dernière.

Dans le but de rendre compte de l'avis des usagers de l'Ancienne Préfecture et de la vision des partis quant à sa réfection, Versoix Région les a sondé depuis le mois de février 2017.

Usagers satisfaits du suivi

Véronique Spinnler, membre de l'antenne versoisienne de l'Arcade de sages femmes, a exprimé la satisfaction de son équipe quant aux travaux : «Nous pensons que la rénovation sera bienvenue, vu la vétusté des bâtiments actuels».

Pour le responsable du Conservatoire Populaire de Musique, Gérard Zihlmann, l'encadrement offert par le service des bâtiments dirigé par Alfred Trummer a donné entière satisfaction : «À mon sens, le projet choisi est le meilleur. Alfred Trummer est à l'écoute de mes demandes; il a su nous trouver une solution de relogement adéquate pendant les travaux.»

Quant à Anne Lise Berger-Bapst, responsable de la Ludothèque, elle a poussé un soupir de soulagement après une étrange première mouture du dossier : «Si le premier plan a semblé lacunaire pour la ludothèque, force est de constater que nos propositions de changements présentées ont toutes été acceptées sans réserve, ce qui est réjouissant. En effet, au premier jet, il ne nous restait que 109 m2 et la promesse d'une vingtaine de m2 dans l'autre bâtiment, alors que nous ne disposons que de 135 m2 actuellement. Après modifications, nous avons récupéré 130 m2 environ et 25 à 30 de l'autre côté.» Et tant pis si l'extension de la ludothèque, séparée du bâtiment principale, rendra la gestion du stock moins pratique.

La manipulation architecturale ayant permis de retrouver la surface espérée par la ludothèque fut pourtant étonnamment basique : «On a découvert qu'il suffisait de tourner l'ascenseur d'un quart de tour pour qu'on puisse récupérer pratiquement toute notre surface».

Que pouvait donc justifier la disposition présentée sur la première mouture des plans, avant la rotation de l'ascenseur ? Revenant sur le processus global de cette rénovation, Alfred Trummer nous a indiqué que l'étape du concours d'architecture ne débouche pas sur «un produit fini» mais à une proposition qui tient plutôt du prototype.

Concernant le placement peu pratique de l'ascenceur, monsieur Trummer explique : son placement initial tenait d'une «idée académique pour amener la lumière» formulée par les architectes, vite changée à la demande d'usagers en quête de surface pour leur activité. À ce sujet, il a également tenu à rappeler que le projet met plus nettement l'accent sur le nombre de pièces à disposition que sur la surface offerte en mètres carrés.

«Toute critique sera difficile (...) quand on a payé aussi cher »

Chez les politiques, le bloc de centre-droit (PLR et PDC) semble satisfait du projet. Ce n'est pas une surprise, puisque c'est lui qui pousse en avant cette mouture de la rénovation. "Semble", puisque les représentants du PLR et du PDC que nous avons contactés n'ont pas répondu à nos questions.

Les réponses se sont faites un peu plus concrètes du coté des partis plus circonspects envers ce projet. M. John Kummer (Verts) a préféré rappeler la position exprimée par son parti lors d'une séance récente du Conseil municipal : «la fraction des Verts regrette que le projet reste éloigné de la réalisation d’une maison des associations (...) toute critique sera difficile car on nous dira que quand on a payé aussi cher pour l’étude d’un projet, il faut le réaliser pour ne pas perdre cet investissement…». Voilà qui est clair.

Le regret des Verts fait écho à la pétition des socialistes qui faisait valoir «une opportunité en or pour la maison des associations et des jeunes que nous souhaitons». Cette pétition n'a, jusqu'à preuve du contraire, pas eu grand effet sur un Conseil administratif qui, majoritairement, ne partage pas sa vision des affaires.

Certes, le projet retenu donne une place aux activités associatives, mais pas du tout de la même façon : aucune «maison de quartier» n'est à l'agenda.

C'est à se demander si le PS n'était pas plutôt dans l'optique de réaffirmer un positionnement auprès de la population, plutôt que d'espérer que sa pétition fasse changer d'avis messieurs Malek-Asghar (PLR) et Lambert (PDC). Oui, lorsqu'on est minoritaire, on a tout intérêt à soigner son image en attendant la prochaine élection…

Texte : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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