19.06.2016 par MG
num.260 juillet-août 2016 p.06
L'avenir de notre aéroport

Beaucoup parmi vous auraient lu le reportage dans « l’Hebdo » du 26 mai, avec en couverture la question « Genève aéroport , une facture de 2 milliards : mais qui va payer? ». Celles et ceux qui ne l’avaient pas lu, ou qui aimeraient rafraichir leur mémoire, peuvent le consulter via http//www.aragge.ch/hebdo26052016.pdf .
Selon le rédacteur en chef, Alain Jeannet, «Cointrin n’échappera pas à l’ouverture de son capital aux acteurs privés». S’il avait raison, mon article récent (mon poisson d’avril) dans Versoix Région en avril, pourrait avoir prévu la vérité.
Selon l’article de l’Hebdo, en plus de la construction de la nouvelle aile Est, dont la cérémonie de la première pierre a eu lieu il y a quelques semaines, l’aéroport envisage de refaire le terminal principal, avec extension de celui-ci sur les lignes de la CFF et l’autoroute, avec un coût estimé à deux milliards CHF. Il est également prévu d’augmenter l’infrastructure au côté Jura, près de Meyrin et de plus en plus utilisée pour les avions d’affaires. En plus, comme on a pu entendre récemment, les autorités à Ferney-Voltaire ont lancé une étude sur la faisabilité d’un terminal en France, proche de Ferney : certains envisagent créer un aéroport comme Londres Gatwick, avec un terminal près des deux extrémités de la piste (Gatwick : une seule piste, 40 millions de passagers en 2015 et jusqu’à 55 mouvements par heure) et, en toute probabilité, restauration et boutiques.
Selon l’article dans l’Hebdo, les différentes organisations qui contestent l’expansion continuelle de l’aéroport, avec l’augmentation des nuisances sonores et la pollution atmosphérique tout près de Genève et les nombreuses communes autour de l’aéroport urbain, ont décidé de créer une nouvelle coordination régionale pour un aéroport de Genève urbain respectueux de la population et de l’environnement. Sans doute, cette coordination prendra forme pendant cet été.
Alors, que se passe-t-il en ce moment ? En ce qui concerne l’aile Est, ma première constatation est que, malgré l’impression donnée sur le site Web de l’aéroport que ce nouveau terminal ne sera utilisé que par les avions longs courriers, et pas plus que six à la fois, une fois le Plan Sectoriel de l’Infrastructure Aéronautique (PSIA) pour Genève aéroport sera connu, l’aéroport demandera à l’OFAC le droit de l’utiliser à sa pleine capacité. On peut également noter la déclaration de Corine Moinat, présidente de Genève Aeroport, que cette plateforme mériterait de développer d’autres vols longs courriers à destination de l’Asie, de l’Amérique latine et de l’Afrique, une déclaration qui devrait faire plaisir pour les propriétaires des restaurants et des boutiques qui s’installeront dans l’aile Est.
Et ce PSIA ? Parmi les opposants à cette croissance effrénée, il y a des pessimistes (comme moi) qui constatent que les discussions qui mèneront à une première version du PSIA se font entre trois entités : l’aéroport, qui dit toujours que sa tâche est de répondre à la demande (des compagnies d’aviation), l’Office Fédéral de l’Aviation Civile, qui semble toujours être à côté de l’aéroport, et l’Etat de Genève (Conseil d’Etat et Grand Conseil politiquement à droite), qui a besoin de la moitié des bénéfices annuels de l’aéroport. Ainsi, on peut craindre que le PSIA soit orienté en priorité vers l’économie (même s’il y aura sans doute des assurances que les nuisances devraient diminuer avec l’arrivée des nouveaux avions). Des telles affirmations, mais sans fondement, existent déjà dans la version définitive du rapport 2016 sur la politique aéronautique suisse. Or, à mon avis, entre le projet initial de ce rapport en 2015 et la version finale, les lobbies de l’économie et de l’industrie aéronautique ont agi pour supprimer certaines choses et en ajouter d’autres, rendant ce rapport inacceptable pour beaucoup d’organisations qui veulent éviter que les nuisances dues à l’aviation à Genève continuent d'augmenter.
Alors, ma dernière remarque est de vous souhaiter un bon été 2016, de préférence au milieu d’un endroit qui n’est pas exposé aux nuisances de l’aviation, ce qui vous permettra de redécouvrir le silence et les sons de la nature.

auteur : Mike Gérard

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