17.03.2016 par LR
num.257 avril 2016 p.10
Le lapin qui courait plus vite que son ombre

N’en déplaise à Jeannot Lapin : manger toute la journée est une chose, mais lorsqu’il s’agit d’entamer une course aux œufs décorés un jour de Pâques, il faut quand même réfléchir.
Les cloches ont sonné partout. Le soleil s’est mis de la partie et a brillé de tous ses feux. La course aux œufs avait été annoncée bien à l’avance. Il fallait donc s’y préparer, car Monsieur Lièvre y était attentif. Lui, le roi de la course, gagnerait à tous les coups.
Le concours avait lieu à 14h en pleine campagne, sur les terrains du curé proches de l’église, et devant tous les animaux réunis. Les habitants étaient bienvenus. Les paysans avaient dressé quelques banderoles de fêtes et attaché des ballons multicolores en forme d’œuf.
Le tirage au sort désigna en premier Jeannot Lapin et Monsieur Lièvre. Chacun devait parcourir 500 m, décrocher l’œuf décoré au sommet d’un panneau et revenir à son point de départ. Tout le monde était concentré et curieux sur les deux phénomènes : l’un rapide comme l’éclair et l’autre plutôt lourdaud et passif.
Le coup de gong retentit. Je ne sais ce qui arriva à Jeannot Lapin, s’il s’était dopé ou s’il était énervé à cause des cloches, il n’en demeura pas moins, qu’il prit ses pattes à son cou et fuit à la vitesse d’une bombe nucléaire. Le lièvre pétrifié était abasourdi et rata le départ. Son choc émotionnel le rendit K.O. Et qui gagna ? Jeannot Lapin, bien sûr ! Avant qu’on ait réalisé qu’il était parti, il était déjà de retour avec l’œuf entre les dents. Jamais de mémoire d’homme on avait rencontré un lapin aussi prestigieux.
Le public était fou de joie. Les cloches sonnaient, la fanfare défila en musique. A savoir si le curé avait béni le lapin et prié le ciel pour qu’il réussisse, personne ne le saura jamais. Mais Pâques ce jour-là fut la plus belle fête annoncée et écrite dans les annales. Après maintes médailles et décoration, un monument fut élevé à Jeannot Lapin avec un œuf en or sur son poitrail. Dans cette histoire du village on en parle encore. Comme quoi, il ne faut jurer de rien !
Bonne fête de Pâques à tous.
 

auteur : Lucette Robyr

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