14.03.2016 par MG
num.257 avril 2016 p.05
EasyJet à Genève: le bon et le mauvais

Entre le projet de rapport sur la politique aéronautique de la Suisse, le 19 août 2015, et la version définitive de cette année, on peut trouver un bon nombre de modifications. Parmi celles-ci, on a ajouté cette remarque relative aux bénéfices des vols de la compagnie low-cost easyJet. « L’implantation d’Easyjet à l’aéroport de Genève a p. ex. augmenté la desserte de la région de 30 % en quelques années » qui cite une étude intitulée The Economic Impact of EasyJet in the Geneva Region, BakBasel, 2012.
Comme indiqué par son titre, cette étude ne se concentre que sur les aspects économiques (emplois, tourisme, etc.) : les effets néfastes de l’augmentation du trafic aérien ne sont pas pris en compte.
Alors, en cette période de l’année, le gros du trafic easyJet est composé des skieurs venus pour goûter les plaisirs des stations de ski. Est-ce que c’est bon pour Genève ? On peut avoir des doutes, pour plusieurs raisons :

  1. Les skieurs, dont beaucoup sont des Britanniques, utilisent en grande majorité les vols de la compagnie mère easyJet. La compagnie easyJet Suisse n’est guère concernée (sauf un peu les weekends), parce que les skieurs ne veulent ni venir avec leurs avions qui reviennent à Genève le soir ni partir avec ceux qui partent tôt le matin.
  2. En arrivant à Genève, ces skieurs sautent directement dans les cars ou les minibus qui les attendent, afin d’aller à leur station de ski le plus rapidement possible. Visiter Genève, non : ils n’en ont ni le temps, ni le désir.
  3. Mon étude de la situation, suite à mes observations à l’aéroport un samedi après-midi en février : le transport (cars et minibus) se compose presque toujours des véhicules immatriculés en France. C’est normal, parce qu’après avoir posé des questions aux représentants des compagnies de voyages qui les attendaient à l’aéroport, presque toutes les destinations sont en France, éventuellement en Italie. Les stations de ski en Suisse coûtent (trop) cher pour beaucoup d’eux.
  4. Le retour des skieurs : ils sont déposés à l’aéroport avec peu de temps pour faire autre chose que de passer par les boutiques à l’intérieur de l’aéroport. Les magasins en ville ? Désolé, mon vol partira bientôt.

Ainsi, pour Genève, il n’y a pas beaucoup de bénéfices, mais que des nuisances. Parmi elles, les vols easyJet qui partent le soir en retard (samedi 12 mars, dernier décollage de Genève à 23h50, le vol EZY6744 pour Belfast, parti avec 3h15 de retard).

Le 11 février, on a pu lire un article, basé sur les paroles de la présidente d’easyJet, Carolyn McCall et intitulé «easyJet aime Genève aéroport». On peut bien en comprendre la raison : notre aéroport est, comme easyJet, très low-cost (le meilleur marché des aéroports suisses). Mais voici des citations de l’article de presse qui explique quelques vérités.
«Nous allons encore accroître nos capacités sur ces deux aéroports (Genève et Basel). Mais pas forcément en y augmentant le nombre d’avions stationnés», il ne paraît donc guère pertinent d’espérer tout de suite une forte hausse du nombre d’emplois générés par easyJet au bout du Léman et dans la cité rhénane. La compagnie y augmentera néanmoins la fréquence de ses vols en provenance d'autres bases opérationnelles.
Ensuite, Madame McCall exprime ce désir : «Nous voulons améliorer l’accueil des passagers à Genève. Notamment au cours de la saison de ski et pendant les week-ends. Actuellement ce n’est pas idéal. Il faudrait faciliter l’orientation dans l’aéroport et réduire les files d’attente. Nous coopérons en ce sens avec la direction de l’établissement.»
Autrement dit, l’aéroport de Genève doit dépenser beaucoup d’argent pour aider easyJet à augmenter ses bénéfices financiers. Et les nuisances subies par les riverains de l’aéroport !
Pour terminer et comme preuve de ce qu’elle a dit, en janvier et février (jusqu’au 28 février!) 2016 le nombre de vols easyJet Suisse s’est diminué d’environ 220 en comparaison avec la même période en 2015 (-5%), alors que le nombre total de vols du groupe easyJet a augmenté de 500 (+14%).

auteur : Mike Gérard

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