27.01.2016 par ro
num.255 février 2016 p.05
L'aviation devrait-elle mourir ?

Lu dans la presse suédoise

L'aviation vole-t-elle vers sa propre destruction?

Le résultat le plus important de la COP21 à Paris est peut-être la reconnaissance du fait que nous devrions maintenir l'augmentation de la température en dessous de 1,5°C. Ce nouvel objectif impliquerait une cessation immédiate des émissions, avec une contribution de tous les secteurs d'activité.

Le taux de croissance du transport aérien – et de ses émissions - est de 4 à 5 % par an. Le NOx et la vapeur d'eau émise par les avions à haute altitude ont eux aussi des effets climatiques que certains estiment au moins aussi néfastes que les émissions de CO2. Ceci est unique à l'aviation.

Si l'objectif est d'équilibrer nos émissions et le stockage du carbone, nous avons droit à une émission de deux tonnes de dioxyde de carbone par habitant de la planète. En permettant une hausse de température de 2°C, l'équilibre devrait être atteint d'ici 2050. Un simple calcul arithmétique montre que, à son taux de croissance actuel, l'aviation représenterait alors la totalité des émissions permises, sans qu'aucune autre activité humaine soit autorisée à émettre des gaz à effet de serre. Mais l'objectif a changé et le délai est maintenant 2030. Nous avons peu de temps.

Les scientifiques du climat commencent à s'encourager entre eux à voler moins et à trouver d'autres formes de contact entre les institutions et à travers les frontières. Mais si pour le train, les transports maritimes et la voiture on peut prévoir une efficacité accrue grâce à une combinaison de modifications de comportement et d'améliorations techniques, pour l'aviation il ne peut être question que d'un changement de comportement : aucune amélioration technique dans ce sens n'est en vue.

Et pourtant partout il y a des plans pour l'expansion de l'infrastructure aéronautique. A Stockholm, par exemple, mais aussi en Inde, où le gouvernement veut, par le biais de subventions, transformer l'aviation domestique en « aviation populaire » : du coup, le nombre de vols annuels augmenterait de 70 à 500 millions.

Il faut trouver les moyens de brider le développement de l'aviation. Mais en Suède une proposition modeste pour une taxe sur l'aviation a été rejetée sur-le-champ par l'industrie, une réaction épidermique qui montre qu'elle est aveugle aux enjeux réels. Elle pourrait tirer des leçons de l'histoire. L'abondance de morue au large de Terre-Neuve aux années 1960, par exemple, donnait lieu à une énorme expansion de la flotte de pêche canadienne, malgré les mises en garde des scientifiques contre la surpêche. En 1988, 99 % de la morue avait disparu. Quatre ans plus tard, l'activité a cessé, toute une industrie a disparu et 40'000 personnes ont perdu leur emploi.

La cécité cause des accidents.

Simon Andersson, économiste, dans le Svenska Dagbladet, 31 déc. 2015 (http://www.svd.se/styr-flyget-mot-sin-egen-undergang/i/senaste). Résumé de Nigel Lindup, Versoix.

Résumé de Nigel Lindup (Versoix)

auteur : rédacteur occasionnel

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