20.08.2015 par AP
num.251 septembre 2015 p.08
Margaret Richard, un regard multiculturel sur sa commune d'adoption

Il n’est pas nécessaire d’être suisse de pure souche pour se consacrer à la politique de notre commune. Ce n’est pas Margaret Richard, doyenne de nos éluEs, qui dira le contraire. Née aux États-Unis, elle déménage à l'âge de onze ans avec sa mère en Autriche, où elle suit une année d’école. La famille n’y reste pas longtemps, et se déplace à Hong-Kong. Dans ce qui est à l’époque une colonie britannique, Margaret fait son école secondaire. Après une brève tentative d’étudier aux USA, où le système est trop différent, elle se rend en Angleterre pour des études universitaires de français, de sciences politiques et de sociologie. Et Versoix dans tout cela ? C’est en 1965 que Margaret Richard découvre la Suisse pour la première fois, lors de vacances familiales. Le pays lui plaît tant qu’elle décide d’y revenir entre ses années d’université, pour perfectionner son français en travaillant comme jeune fille au pair. Une fois sa licence obtenue au Royaume-Uni, son amour pour la Suisse l’emporte une nouvelle fois et elle s’y installe en 1973.

Après une licence supplémentaire à Genève en sciences de l’éducation, Margaret Richard enchaîne les emplois dans les ONG, à l’administration. D’une organisation chargée de l’éducation des femmes au WWF, en passant par l’Union internationale pour la conservation de la nature, tout y passe. Elle termine sa carrière au Département de l’instruction publique, dans l’administration de Cycles d’Orientation. Ces différents emplois suivent un désir profond d’effectuer une tâche utile à la société en travaillant. Et, en 2004, à l’âge de 55 ans, Margaret Richard obtient avec émotion la nationalité suisse et peut enfin voter pour la première fois.

Cultiver son jardin

Mais Margaret Richard n’attend pas sa naturalisation pour s’engager en politique. Elle s’investit tout d’abord dans la campagne anti-nucléaire à Genève, puis devient membre des Verts en 2000. « C’est un parti qui me plaît, dans la mesure où j’ai l’impression qu’il laisse de la place aux idées personnelles et que l’on peut rester soi-même », justifie-t-elle son choix. En 2007, elle accepte de se présenter sur les listes du Conseil municipal, ce qui n’est pas évident étant donné sa nature réservée. Mais elle prend alors son nouveau rôle d'élue à coeur : « C’était aussi avec l’idée de pouvoir faire quelque chose près de chez soi. Il y a souvent une espèce de frustration envers la politique fédérale, on a l’impression de ne pas avoir d’influence sur les résultats d’un vote. Cela se ressent dans le taux de participation, qui me désole. Je voulais faire quelque chose au niveau communal. Vous connaissez le livre Candide ? C’est ça, cultiver son jardin. » 

Son bagage de voyageuse lui a permis d’apprécier le système politique suisse, qui voit évoluer de nombreux partis, contrairement aux USA ou en Grande-Bretagne. Elle a également acquis un recul qui lui permet de s’adapter et d’être très à l’écoute. En abordant la difficulté que peuvent recontrer les femmes en politique, elle recommande vivement les ateliers organisés par le Bureau de la promotion de l’égalité, qui se destinent aux futures et récentes élues. Ces présentations et exercices permettent aux candidates d’acquérir des bases de travail et de la confiance en elles lors de prises de parole, de gérer leurs émotions et de transmettre un point de vue. Margaret Richard estime être chanceuse d’évoluer au Conseil municipal de Versoix, où l’écoute et la consensualité sont de mise. Le cheval de bataille de notre élue est de sensibiliser les citoyens au respect de l’environnement, notamment à la gestion des déchets. « Je trouve que  les êtres humains ont trop tendance à traiter notre beau monde comme une poubelle. Le système de compostage est en train de mourir, et les projets alternatifs rencontrent des oppositions. Il y a un véritable problème de mentalité ! » Concernant l’avenir de Versoix, Margaret Richard souligne le défi qu’est l’agrandissement de la population. Il s’agira de préserver la zone agricole en densifiant les zones de logement, tout en maintenant la qualité de vie. Des trains au quart d’heure, un meilleur réseau de pistes cyclables et des emplois supplémentaires à Versoix (pour limiter les déplacements en voiture) sont d’autres objectifs. Notre élue compte investir sa troisième et dernière législature dans ces buts, avant de prendre une retraite bien méritée.

 

auteur : Anouk Pernet

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