20.05.2015 par MG
num.249 juin 2015 p.05
Genève et Londres: votations et augmentation du trafic aérien

Les méthodes de votation pour élire les personnes politiques censées nous représenter pendent les 4 ou 5 années à venir sont très différentes en Angleterre et en Suisse. Or, ces élus seront immédiatement confrontés par une demande d’augmentation du trafic aérien, forcément accompagnée par celle des nuisances (bruit et pollution atmosphérique) autour des aéroports.
En Angleterre, la méthode pour élire ces politiciens est très simple : un seul tour et celui qui mène gagne. Ainsi, avec seulement 36.9% des voix, la partie conservateur a réussi à obtenir la majorité absolue : 331 élus sur 650. Derrière, on trouve la partie travailliste avec 30.4% des voix et 232 représentants. Ce qui peut être surprenant aux suisses, c’est qu’avec 12.6% des voix l’UKIP n’a qu’un seul élu, alors que la partie nationale écossaise, avec 50% des voix en Ecosse, possède 56 sur 59 des élus.
Ici, à Genève, nous avons un système de représentation proportionnel qui donne une certaine stabilité, renforcée par l’attractivité pour beaucoup de votants de simplement prendre une liste déjà imprimée et de l’envoyer par la poste. Ainsi, on ne voit pas grande monde aux locaux de vote.
Néanmoins, notamment à Versoix, le nouveau système d'élections pour les conseillers administratifs a donné lieu à des surprises. Malgré l’aide des votes compacts, un des candidats de l’Ensemble a manqué de très peu les 50% des voix pour être élu au premier tour. Or, au deuxième tour, et à la grande surprise, ce candidat a été battu par une socialiste qui, au premier tour, était bien derrière.
A Genève et en Angleterre, les nouveaux élus seront confrontés par la demande, venant du lobby aéronautique, pour l’agrandissement de la capacité d’un aéroport.
A Londres, le Premier Ministre des conservateurs, David Cameron, recevra bientôt la proposition d’une Commission qui a dû étudier le cas pour augmenter la capacité pour le trafic passager de l’aviation au sud-est de l’Angleterre. Il semble que le choix sera entre une troisième piste à Londres Heathrow ou une deuxième piste à Londres Gatwick. Or, pour chacun des deux aéroports, il y a des difficultés à résoudre. Londres Heathrow, comme Genève, se situe dans une région urbaine, avec un très grand nombre de gens qui sont déjà très perturbés par les nuisances. Construire une troisième piste, et éventuellement une quatrième, nécessitera la destruction des centaines de résidences, écoles, même de villages entiers, et pourrait être incompatible avec les limites définies par l’Union Européenne pour la qualité de l’air.
Londres Gatwick, par contre, est souvent considéré comme similaire à Genève : un aéroport avec une seule piste. Or, Gatwick n’est pas entouré des centres de la population et se situe loin de Londres.
Pour Genève, ce qui est contenu dans la version actuelle du nouveau plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique n’a guère d’attractivité pour les milliers de riverains qui habitent autour de l’aéroport. On nous prévoit une augmentation de dix millions de passagers par an d’ici l’année 2030, accompagné par une augmentation d’environ 45'000 mouvements annuels. Si ces prévisions se réalisent, les conséquences inévitables seront une augmentation du bruit autour de l’aéroport et une perte de valeur des habitations qui se trouvent à l’intérieur des zones touchées. Une augmentation de la pollution atmosphérique, en particulier autour de l’aéroport lui-même, est également très probable.
Alors, pour Londres et pour Genève, on peut poser la même question. Est-ce qu’une expansion du trafic aérien est vraiment nécessaire ? Si oui, comment peut-on traiter honnêtement les droits des riverains d’être indemnisés correctement, y compris parfois des relogements payés par la Confédération, l’Etat de Genève, l’aéroport ou les compagnies d’aviation ?
Dans les deux cas, les décisions viendront certainement d’en haut (le Parlement Britannique, le Conseil Fédéral). Est-ce que ces décideurs prendront suffisamment en compte les arguments de ceux qui souffriront des augmentations des nuisances, ou est-ce que le lobby de l’aviation arrivera à imposer ces arguments purement économiques ?

 

 

 

auteur : Mike Gérard

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