12.11.2014 par MG
num.244 décembre 2014 p.05
Vers une augmentation des vols long-courriers à Genève

Il y a quelques mois j’ai exprimé mes craintes sur ce qui se passera en réalité après l’accord pour la rénovation de l’Aile Est à l’aéroport. J’ai toujours été convaincu que, une fois cet accord légalement inscrit, on verrait très rapidement les premières annonces d’une augmentation des vols long-courriers, principalement vers l’Asie, peut-être aussi vers l’Inde et l’Amérique du Sud.

Il n’a pas fallu attendre trop longtemps. Dans la Tribune de Genève du lundi, 10 novembre, gros titre sur la première page :-
Long-courriers : Swiss veut reconquérir Genève.
Lorenzo Stoll, directeur de Swiss pour la Suisse Romande, met l'accent sur les vols vers l'Asie, en mentionnant que la réalisation se situe dans un délai d’environ quatre ans (le temps pour construire la nouvelle Aile Est !

Monsieur Pierre Maudet, ministre de tutelle pour l’aéroport, semble être ravi, en disant que :
"Nous recevons beaucoup de demandes de la part de la Genève Internationale ... Un élargissement de son [Swiss] offre en long-courriers à Genève constituerait dès lors une cerise sur le gâteau."
Et « la direction de l'aéroport évoque en plus [en plus de quoi?] trois destinations dont le potentiel commercial permettrait d'espérer de nouvelles liaisons directes: Singapour, Hongkong et São Paolo" ».

Ce qui n’est pas (encore) dit, c’est que les vols vers l‘Asie ont tendance à partir tard le soir (afin de permettre aux passagers de venir dans l’après-midi, même le soir), et à atterrir tôt le matin. A Zurich, les vols Swiss pour Singapour sont planifiés à 22h:45, et ceux pour Hongkong à 22h40 : les arrivées toujours peu après 6h!
Actuellement, l’aéroport est heureux de nous annoncer qu’aucun vol régulier n’est planifié après 22h. Or, on se souvient qu’il y a quelques années un vol (avec un avion très bruyant !), planifié vers 22h30, décollait souvent peu avant, même après, minuit. Un membre de la direction de l’aéroport a refusé de nous assurer qu’aucun vol régulier planifié pour partir après 22h ne serait plus accepté.

Low-cost long-courriers
On peut également constater que des compagnies d’aviation s’intéressent à un marché nouveau : low-cost long-courriers ! En particulier, en juillet, selon le New York Times, Lufthansa prévoit de créer une offre subsidiaire de vols low-cost vers l'Asie.
“Lufthansa of Germany announced … a plan to expand its domestic low-cost operations by creating a new, no-frills airline for long-distance flights, possibly to popular leisure destinations in Southeast Asia.”

On peut ajouter que d’autres compagnies prévoient des vols low-cost longue-distance. Ryanair a déjà annoncé l’achat d’avions capables de faire des vols longue-distance, et on pourrait même imaginer qu’EasyJet pourrait les imiter.

Les remarques de Monsieur Maudet, la joie avec laquelle l’aéroport annonce de nouvelles routes et l’observation que l’Office Fédéral de l’Aviation Civile est toujours en faveur de tout ce qui se passe à Genève, est une première indication que le futur Plan Sectoriel de l’Infrastructure Aéronautique (PSIA) pour Genève ne mettra pas de limites sur la croissance folle de notre aéroport.

Effectivement, Genève aéroport pourrait devenir de facto un deuxième Hub suisse (après Zurich).

Autre indicateur : l’OFAC étudie depuis des mois comment, et où, déplacer l’aviation légère, et même l’aviation d’affaires actuellement à Genève. Autrement dit, notre aéroport deviendra petit à petit un aéroport purement dédié aux vols de ligne et charters, avec les avions plus bruyants que les petits avions envoyés ailleurs.

Et si certains terrains, actuellement zones d’habitation, deviennent inhabitables à cause du bruit et de la pollution, l’Etat n’aura qu’à les déclasser en zones industrielles ! Indemnisations ? Quelle bonne question !

Genève ne sera plus : des villes et un aéroport, mais plutôt : un grand aéroport entouré par des villes !
 

auteur : Mike Gérard

<< retour