14.10.2014 par MG
num.243 novembre 2014 p.05
Ebola, guerres et aviation

A la radio le matin du 31 juillet de cette année, au sujet de l’Ebola, un certain Gregory Hartl, porte-parole de l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) fut interviewé au sujet de l’Ebola. Il déclarait que le risque de voir Ebola arriver en Europe était très faible, parce que les victimes en Afrique, étant toujours pauvres, ne pouvaient pas payer le prix d’un billet d’avion. Je n’ai guère apprécié ses remarques, et j’avais écrit un blog (en anglais) dans la Tribune de Genève.
Aujourd’hui on lit que les premiers cas existent en Europe et aux États-Unis, et que ces premières victimes sont venues en avion. L’expansion incroyable du transport aérien, en grande partie à cause des tarifs de plus en plus bas, fait qu’une personne peut faire un voyage en plusieurs étapes séparées, ce qui rend difficile une quarantaine efficace.
En conséquence, il est évident que les aéroports doivent prendre beaucoup de précautions. C’est déjà le cas pour plusieurs grands aéroports nord-américains et britanniques. Il y en a même qui font un contrôle de santé pour des passagers qui pourraient avoir visité des zones à risque. On peut supposer que nos aéroports à Genève, Zurich, Basel et Berne ont déjà un plan « catastrophe », même si rien n’a encore été dit.
A Genève, la situation peut sembler être simple, parce qu’il n’y a pas de connexions directes avec l’Afrique. Or, cette situation se complique pour deux raisons : le nombre d’organisations internationales établies à Genève et le fait que presque un tiers du trafic est composé d’aviation d’affaires. Les voyageurs sur ces vols sont très souvent des VIPs, qui pourraient ne pas aimer devoir remplir des questionnaires sur leurs voyages et accepter une vérification de leur état de santé.
Depuis le début de cet épisode d’Ebola, il est évident qu’il n’y a pas eu beaucoup de recherche pour un traitement efficace. Il semble que le seul projet de recherche mentionné a été celui commandé par le département de défense aux États-Unis. On peut supposer que leur crainte fut de voir Ebola utilisé comme vecteur de guerre biologique.
Selon une estimation des Nations Unies, il faut près d’un milliard de dollars pour lutter efficacement contre Ebola. Cette somme correspond probablement au montant que l’aéroport de Genève dépensera pour son nouveau terminal long-courrier plus un nouveau terminal principal. Or, pour le moment, les fonds à disposition des Nations Unies sont très en retard, ce qui, selon le directeur de l’organisation américaine des Centres de Disease Control and Prevention (CDC), pourrait donner lieu à une pandémie comme le SIDA d’il y a 30 ans !
On peut regretter que, dans notre société industrielle, orientée complètement vers les bénéfices, les recherches pour trouver des traitements contre les maladies « des pauvres », comme l’Ebola, n’aient pas eu leur place. Rappelons que les grandes pharmaceutiques, y compris Roche et Novartis en Suisse, font des bénéfices faramineux chaque année.
Il est difficile de ne pas faire un lien entre la situation du monde en 1914 et celle de cette année. Des guerres partout et une pandémie (grippe espagnole) après la Première Guerre mondiale !
 

auteur : Mike Gérard

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