19.08.2014 par MG
num.241 septembre 2014 p.05
L'expansion de l'aéroport

Il y a quelques semaines vous avez pu lire dans la presse que les Associations* qui avaient initialement fait opposition à la demande de l’aéroport de Genève de reconstruire l’Aile Est ont décidé de retirer leur opposition. Leur décision fut justifiée par ce qu’elles considéraient comme une amélioration sensible du projet de reconstruction de l’Aile Est et parce qu’elles pensaient avoir détecté l’acceptation de l’idée que le développement envisagé de Genève Aéroport ne peut plus éluder ce dialogue de niveau politique.

Les Associations pensent que l'aéroport, et même l’Office Fédéral de l’Aviation Civile (OFAC), ont montré un nouvel esprit de dialogue, et que, de la part de la première, on accepte que la croissance future des lieux doive être discutée au niveau des politiques. On espère bien que ces pensées optimistes seront confirmées quand nous essayerons d'engager l'aéroport et l'OFAC dans les discussions sur d'autres aspects négatifs, en particulier (pour l'ARAG), le bruit et les vols de nuit.

Nous avons aussi pu, grâce au dialogue engagé dans un climat de respect mutuel, débattre des limites de la croissance du trafic aérien, des éléments plus politiques qui relèvent plus du PSIA [Plan Structurel de l’Infrastructure Aéronautique pour l’aéroport de Genève] et/ou de la politique aéronautique suisse, ainsi que de la question de la non-transparence actuelle des plans de développements de Genève Aéroport.

Ses représentants se sont engagés à poursuivre la démarche de dialogue à long terme dans le sens d'aller vers plus de transparence et de débat public autour de ces questions. L'avenir dira ce qu'il en seraréellement en être, mais nous espérons que le retrait de notre opposition favorisera la poursuite de cette nouvelle dynamique, en montrant que le dialogue et une approche constructive des problèmes soulevés peuvent être positifs pour tout le monde (soit pour nous une amélioration du projet et pour l'aéroport un retrait des oppositions).

Malheureusement, à cause des vacances, aucun membre du comité de l’Association des Riverains de l’Aéroport de Genève (ARAG) n’a pu assister à une réunion cruciale au début de juillet entre les représentants de ces associations, de l’Aéroport de Genève et de l’Office Fédéral de l’Aviation Civile (OFAC).

Mon opinion personnelle est nettement moins optimiste que celle des autres Associations : je crains que l'aéroport ait gagné sur presque toute la ligne. La limitation qui a été acceptée (jamais plus de 6 avions simultanément à l’Aile Est, au lieu du maximum possible de 9) n'entrera en vigueur qu'après la construction et l'entrée en opération de l'Aile Est, probablement pas avant 2020. Entretemps, le PSIA (Plan Structurel de l’Infrastructure Aéronautique) aura été décidé par nos autorités, principalement l'OFAC, l'aéroport et le Conseil d’Etat de Genève, et pourrait permettre de réexaminer ladite limitation d'utilisation de l'Aile Est.

Au nom de l'ARAG, et malgré beaucoup de doutes de ma part sur ce qui se passera en réalité, j'ai accepté de les suivre. J’aimerais croire à la volonté de discuter ouvertement d’éventuelles limitations de la croissance de Genève Aéroport. Néanmoins, mon expérience me dit que cette croissance est actuellement en accélération et que ce que les autres associations appellent « la non-transparence actuelle des plans de développements de Genève Aéroport » est toujours problématique. Nous savons que les plans d’expansion de l’aéroport comprennent le renouvellement du terminal principal et une augmentation de la capacité de la piste unique. Il n’est même pas exclu d’imaginer un troisième terminal au nord de la piste si le trafic continue à croître. Or, ni dans les médias ni au sein de la Commission Consultative pour la Lutte contre les Nuisances dues au Trafic Aérien (CCLNTA), ces plans n’ont été mentionnés !

Alors, un optimiste peut croire que cet accord est le début d’une nouvelle époque de dialogue ouvert et de l’acceptation par nos autorités que, même si l’aéroport fait vivre beaucoup de familles des deux côtés de la frontière Suisse-France et offre des millions de francs au coffre du canton de Genève, il doit y avoir des limites aux nuisances engendrées par l’aviation. Un pessimiste, par contre, peut considérer que l’aéroport a fait une promesse qui n’aura pas de conséquences pendant plusieurs années, afin d’obtenir très rapidement le permis de construction pour l’Aile Est avant d’annoncer des projets encore plus vastes.

Pour terminer, quelques chiffres du trafic de l’aéroport en cette année 2014. Même si le nombre de mouvements est en diminution (disparition rapide des vols non commerciaux, y compris l’aéroclub), le nombre de mouvements commerciaux (vols de ligne, charters et aviation d’affaires) est en augmentation d’environ 3% comparé à la même période de l’année dernière. Quant aux vols de nuit, depuis juin les chiffres de l’ARAG indiquent une augmentation d’environ 11%.

*Associations ayant initialement fait opposition à l’Aile Est :

  • Noé21
  • Association transfrontalière des communes riveraines de l'aéroport (ATCR)
  • Association Transport et Environnement (ATE)
  • Les Verts genevois
  • WWF Genève et Suisse
  • Association des Riverains de l’Aéroport de Genève (ARAG)
  • Opposants individuels
auteur : Mike Gérard

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